Le peuple japonais affronte actuellement une tragédie sans précédent, une catastrophe naturelle et une catastrophe nucléaire majeure sans doute plus grave que celle de Tchernobyl. ...Et la France n'est pas si loin.
> A ce jour, trois fusions partielles des cœurs de la centrale, deux incendies de combustible usé et cinq explosions d’hydrogène sont survenus dans la centrale nucléaire de Fukushima. Conséquences : depuis le séisme et le tsunami du 11 mars la centrale sinistrée relâche des quantités colossales de radioactivité dans l’air et dans la mer. Une fusion totale des cœurs (voire une explosion), avec une grande quantité de rejets radioactifs, est à craindre. Malgré une communication d’informations parcellaires ou contradictoires, et le silence des médias depuis le début mai, chacun peut comprendre aujourd'hui que nous sommes face à une situation d’une gravité sans précédent. Les conséquences humaines, sanitaires et sociales seront de longue durée, notre environnement sera gravement modifié. Les conséquences économiques pour le Japon seront considérables
Des taux de radioactivité plusieurs centaines de fois supérieurs à la normale sont déjà mesurés à plus de cent kilomètres autour de la centrale de Fukushima. C’est une vaste région qui subit à l’heure actuelle une contamination radioactive qui se propage à tout le pays, et bien au-delà.
On apprend aujourd'hui que, contrairement aux affirmations de Tepco (l'EDF nippon qui exploite la centrale) et du gouvernement japonais, le combustible nucléaire a entièrement fondu dès les premiers jours dans les trois réacteurs, formant un magma à plus de 2000 degrés qui a coulé au fond des cuves de confinement (c’est ce magma qu’on nomme corium).
Pour Michio Ishikawa (expert de l'institut japonais de technologie nucléaire), une entreprise privée n’est pas en mesure de mener une telle action. Il explique aussi que Tepco ne s’occupe que des problèmes périphériques, comme ramasser les débris sur le site pour les mettre dans des conteneurs, rétablir la lumière dans des salles de contrôle devenues inutiles, ou envoyer sur place quelques dizaines d'ouvriers et techniciens kamikaze.
De son côté le gouvernement japonais semble incapable de réagir. Pourtant, on comprend que seule une réaction "à la soviétique" permettrait d’arrêter progression des coriums hors des cuves de la centrale. À Tchernobyl, dans la semaine qui a suivi la catastrophe, des milliers de tonnes de sable ont été déversées sur le réacteur, ensuite six cent mille réservistes sont intervenus. Tous ces hommes ont été sacrifiés pour éviter une catastrophe plus grande encore pour leur pays et pour les pays européens. Le gouvernement japonais saura-t-il imaginer et mettre en oeuvre un plan de sauvetage dans cette île où la densité de population est énorme ?
Toutes les mesures de contamination des sols effectuées montrent aujourd’hui que les vents n’ont pas soufflé dans la direction du large comme le disait la propagande rassurante officielle. Des milliers de gens continuent de vivre dans ces zones hautement contaminées sans que l'État ose prendre les mesures d’urgence nécessaires, sauf à relever les seuils de radiations autorisés ! C'est peut-être pourquoi le conseiller nucléaire du premier ministre a démissionné ?.
Les conséquences se compteront en millions de cancers et malformations parmi la population de la région (comme cela s'est produit à Tchernobyl). Comme Tepco continue de se débarrasser des ses tonnes d'eau hautement radioactives dans l'océan, une contamination durable de l'environnement maritime des rives du pacifique est en cours et des zones côtières entières seront inhabitables pour des centaines d'années.
> Pour une raison inexpliquée, les médias ne parlent plus du sujet, laissant les populations japonaises à leur sort et cachant aux citoyens français l’aggravation de la pollution provenant des cuves éventrées de Fukushima. Il faut le dire clairement, ces gens la ne font pas leur travail, leur silence est de la désinformation.
> Mais Revenons en France. Sur le site "Santé publique", vous lirez un intéressant article d'Annie Lobé qui pose de bonnes questions. En voici un extrait : "Le PDG d'EDF, Henri Proglio vient de prouver au monde entier qu’il ne connaît strictement rien au nucléaire. Il a annoncé sans rire avoir mis sur pied une "force d’intervention rapide" pourvue notamment de moteurs Diesel, capable d’intervenir "simultanément sur six réacteurs en 24 à 48 heures, pour faire face à un accident du type de celui de Fukushima". (Les Echos, 22-23 mars 2011, p. 19).
Il ne sait donc pas qu’en cas de coupure d’eau ou d’électricité, on a à peine 10 heures devant soi avant que ne commence la fusion du cœur de réacteur et qu’à Fukushima, l’explosion du réacteur n° 1 a eu lieu 23 heures exactement après l’arrêt du système de refroidissement ? (Science & Vie, Hors-série Spécial Japon, avril 2011, p. 15-16 et 71).
Les deux plus grands périls nucléaires sont la rupture de l’alimentation électrique et la rupture de l’alimentation en eau (quelles qu’en soient les causes), car elles entraînent la fusion du cœur de réacteur. Dans la lettre de mission de l’audit confié le 23 mars dernier à l’Autorité de sûreté nucléaire par le Premier ministre François Fillon, sont listés : "les risques d’inondation, de séisme, de perte des alimentations électriques et de perte du refroidissement, ainsi que la gestion opérationnelle des situations accidentelles". La pénurie d’eau et la canicule ne sont pas spécifiquement mentionnées. Pourtant, le circuit primaire nécessite un débit de 60 000 m3/heure d’eau fraîche. Les premières conclusions de l’audit sont demandées "pour la fin de l’année 2011". Si une canicule exceptionnelle devait sévir cet été, elles arriveront trop tard.
Il ne reste plus aux Français qu’à prier pour que la sécheresse ne mette pas à mal une centrale alimentée par un cours d’eau, comme celle de Civaux dans la Vienne, où un arrêté préfectoral impose déjà des restrictions". (Pour lire l'article complet cliquez sur le lien en bas de page).
En France les incidents dans les centrales nucléaires ont été rapportés de façon rassurante par les autorités et les médias, heureusement leurs conséquences ont été limitées. Mais tout de même....
13 mars 1980, centrale nucléaire de Saint-Laurent, en Loir-et-Cher, en France. Un accident conduit à la fusion de deux éléments combustibles du réacteur d'une puissance de 515 mégawatts. Suite à des phénomènes de corrosion, la plaque métallique de maintien des capteurs de pression du réacteur vient obstruer des canaux du bloc de graphite, ce qui empêche le refroidissement du cœur et provoque la fusion de deux éléments combustibles. Après ce grave accident le réacteur est indisponible pendant deux ans et demi environ. C'est l'accident nucléaire connu le plus grave pour un réacteur en France.
Lors de la tempête qui frappe la France le 27 décembre 1999, les parties basses de la centrale nucléaire du Blayais (Gironde) sont inondées par la mer, forçant l'arrêt de trois de ses quatre réacteurs. La mairie de Bordeaux envisage l'évacuation des habitants.
23 juillet 2008, France, lors d'une opération de maintenance réalisée sur le réacteur 4 du site nucléaire du Tricastin, des substances radioactives s'échappent et contaminent légèrement une centaine de salariés sur le site.
La plus ancienne des centrales nucléaires, celle de Fessenheim dans le Haut-Rhin (construite en 1977), est bâtie sur une zone sismique. Elle est de plus située à huit mètres en dessous du grand canal d'Alsace qui endigue le Rhin. Pour EDF et l'Autorité de sûreté nucléaire, les digues de la centrale de Fessenheim pourraient supporter une crue milléniale et la protégeraient si le Rhin débordait sur la plaine d'Alsace. Ce risque sera néanmoins réévalué à la demande de la Commission locale d'information et de surveillance de la centrale.
"Cette centrale est très ancienne, elle a quatre fois plus d'incidents chaque année que les autres centrales françaises", affirme André Hatz, membre de l'association SOS Fessenheim.
On apprenait vendredi 8 avril 2011 que l'un des deux réacteurs de la centrale avait subi un arrêt automatique entre le 3 et le 4 avril, en raison d'une "manoeuvre inappropriée". L'incident a été déclaré au niveau 1 de l'échelle INES (qui en compte 7). L'arrêt s'est produit lorsque les opérateurs ont voulu procéder à la remontée en puissance du réacteur qui avait été abaissée la veille, afin de procéder à des travaux de maintenance. Les opérateurs ont alors commis une erreur, qui a déclenché son arrêt automatique. C'est à la suite d'un incident de ce type, mais mal maîtrisé que l'enchaînement fatal a commencé à Tchernobyl.
> Avec 58 réacteurs et 1100 sites renfermant des déchets nucléaires, la France est le pays le plus nucléarisé au monde par rapport au nombre d'habitants (voyez la carte, vous habitez peut être à côté d'un site...). L'industrie nucléaire française produit des tonnes de déchets radioactifs. Les déchets "à vie courte" sont entreposés au Centre de Stockage de la Manche (à La Hague) ou à Soulaines (dans l'Aube). Les éléments radioactifs "à vie longue" sont enfouis en grande profondeur.
À ce jour il n'existe aucune solution pour le traitement des déchets nucléaires (sauf à les vendre sous forme de Mox aux japonais de Tepco à Fukushima...). Si Nicolas Sarkozy connaît une solution à ce problème il doit le faire savoir tout de suite !
S'il peut garantir que la dégradation des équipements et leur vieillissement n'auront pas de conséquences il faut qu'il donne sa recette !
Lundi 14 mars 2011, Nicolas Sarkozy déclarait que le nucléaire français est "le plus sûr du monde", et le 3 mai à Gravelines que "Fukushima n’est pas un accident nucléaire", mais qu'en sait-il vraiment ...?
En France, neuf réacteurs sont en cours de démantèlement : Bugey 1 (Ain), Saint-Laurent-des-Eaux A1 et A2 (Loir-et-Cher), Chinon A1, A2, et A3 (Indre-et-Loire), Chooz A (Ardennes) et Superphénix à Creys-Malville (Isère), et Brennilis (Finistère) dont les travaux ont été interrompus par le Conseil d'État pour avoir été lancés sans étude d'impact ! "Démanteler une centrale nucléaire sans enquête publique, c’était gonflé", a déclaré le maire de la commune, Jean-Victor Gruat.
Les 58 centrales françaises devenues trop vieilles fermeront un jour ou l'autre, il faudra les démonter et éliminer ces nouveaux déchets radio actifs, Nicolas Sarkozy a-t-il une solution ?...
> Chacun est en mesure de constater aujourd'hui que les gouvernants français ont poursuivi une politique (où l'armement atomique avait pour alibi les centrales nucléaires de production d'énergie), qui est celle de l'imprévoyance et de la fuite en avant.
Depuis soixante ans ils n'ont pas conçu de projet pour éliminer les déchets radioactifs qui s'accumulent de plus en plus. Pas de projet non plus pour les déchets des centrales devenues obsolètes.
Et pas de projet adapté pour l'évacuation des villes et des zones situées à proximité des centrales en cas d'accident grave ! Lisez donc le plan Orsec...
> Gouverner, c'est prévoir, dit-on. Manifestement, ils n'ont rien prévu.
Et pire, ils ont menti aux français.
Alors, au travail, sortons vite du nucléaire.
> Vous pouvez noter cette date sur votre agenda. Samedi 11 juin 2011 à 18 heures : Rassemblement devant la centrale de Belleville sur Loire, dans le cadre de la "Journée internationale d'action pour sortir du nucléaire".
Sources : Next-up, un site avec beaucoup d'infos d'actualité sur Fukushima : http://www.cartoradiations.fr/ Marianne2. Fukushima, pendant la reconstruction, la polémique continue : http://www.marianne2.fr/Fukushima-pendant-la-reconstruction-la-polemique-continue_a206373.html AgoraVox : La fin du monde à nos portes. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/fukushima-la-fin-du-monde-a-nos-94133 Les exercices bidons de "simulation d'accident" nucléaire : http://www.dissident-media.org/infonucleaire/news_simu_ac.html Sortir du nucléaire : http://groupes.sortirdunucleaire.org/Point-sur-la-situation,2408 Santé Publique Éditions : http://santepublique-editions.fr/le-risque-nucleaire-en-france-c.html AgoraVox, Fukushima un jour sans fin : http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/fukushima-un-jour-sans-fin-le-94319 Réseau "Sortir du nucléaire" :
Dans Wikipedia, un article complet sur les centrale nucléaires françaises.