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SPECTACLES 2006.

David Krakauer et Klezmer madness.

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Mardi 14 novembre. Encore un excellent spectacle de la Maison de la culture de Bourges : David Krakauer et Klezmer Madness. S'il fallait élire la musique faite du maximum de mélanges c'est sans doute la musique Klezmer qui remporterait l'oscar. Mélodies et harmonies roumaines, bulgares, turques, tziganes, textes yddish, tradition juive d'Europe centrale, métissage avec la musique nord américaine…  on pourrait croire à un salmigondis inaudible.  Au contraire, c'est une fusion musicale (dans tous les sens du terme) que David Krakauer nous donne à entendre.
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Prodige de la clarinette, compositeur, admirateur de Sidney Bechet, il associe à son groupe un autre virtuose du sampler, rappeur et joueur d'accordéon : le dénommé Socalled, et je n'oublie pas l'excellente guitariste Sheryl Bailey. La musique klezmer de David Krakauer passe de la fête à la mélancolie, et du rire aux larmes, et toujours dans l'intensité. Ce diable d'homme est d'une générosité exceptionnelle et se donne sans compter, où donc va-t-il chercher ce souffle et cet enthousiasme ?
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"La dispute" de Marivaux, à la MCB..

Jeudi 30 novembre. Belle soirée à la Maison de la culture de Bourges. "La Dispute", comédie de Marivaux.

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Noémie Dujardin, dans le rôle de Églé. À la fois  cocasse et coquette , candide mais  rouée, et quoi encore ....

Quatre enfants, deux du sexe féminin et deux du sexe masculin, ont été isolés dans une forêt dès le berceau. Chacun d'eux a grandi à l'écart du monde, ne connaissant que le couple qui l'a élevé. On va alors leur laisser la liberté de sortir de leur enceinte et de connaître le monde. Les premières amours vont apparaître. Leurs aventures amoureuses à la fois complexes et naïves se déroulent sous le regard des instigateurs de l'expérience. L'argument de  cette comédie relève d'une dispute savante sur la question : l'inconstance vient-elle d'abord de l'homme ou de la femme ?

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Mesrin, Thibault Vinçon - Églé, Noémie Dujardin - Azor, Manuel Mazaudie.

Dans la pure tradition de la commedia dell’arte, Marivaux utilise des déguisements ou des masques. Mais son principal outil dramatique c'est le verbe (autre masque), utilisé pour brouiller les cartes, pour révéler les faux-semblants, ou la vérité. Par la voix de ses personnages, Marivaux jongle avec les subtilités du langage pour notre plus grand plaisir.

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Quatre jeunes acteurs*, incarnant avec charme et fougue les personnages principaux, émergent nettement de la distribution. Après une courte introduction un peu laborieuse avec des effets inutiles, la mise en scène de Marc Paquien se met bien vite au diapason du texte, aidée d'un décor simple et de qualité signé Gérard Didier.

C'est beau le théâtre !

Vendredi 13 octobre. Un autre spectacle de la MCB. "Dommage qu'elle soit une putain", de John Ford (1586-1639).

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Un très beau texte, deux jeunes acteurs habités et souvent fougueux : la belle Fany Mary (Isabella) et Laurent Poitrenaux (Giovanni), pour une histoire d'amour sulfureuse… Le frère et la sœur s'aiment d'un amour pur, fort et entier, mais incestueux. Tout ça finira mal : transgression, révolte, secret, dissimulation, vengeance, poison, poignard, assassinats [nous sommes en plein théâtre élisabéthain] !
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La belle Isabella, la belle Fany Mary.

Tous les personnages ne voient pas l'amour de Giovanni et Isabella du même œil. La nourrice d'Isabella trouve normal que ces deux beaux jeunes gens s'aiment de la sorte, mais le maître spirituel de Giovanni n'apprécie pas du tout et les menace des feux de l'enfer.

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Le tabou de l'inceste n'est pas toujours le même selon le milieu social, l'époque, ou la partie de la terre qu'on habite. Les équilibres de nos sociétés sont fragiles, un souffle, une transgression, et apparaît la violence. Qu'il soit d'aujourd'hui ou d'hier, le théâtre est le miroir de tout cela, c'est-à-dire le miroir de notre humanité et aussi de notre inhumanité.  
  …Enfin quand il s'agit d'une bonne pièce.