L'arme la meilleure et la moins onéreuse pour discipliner la végétation ou les parasites, ce ne sont pas les produits chimiques, mais la nature elle même. Les hommes savent éliminer bien des indésirables en faisant appel à des insectes choisis (par exemple, une araignée détruit en moyenne deux mille insectes au cours de ses dix-huit mois d'existence). On connait l'exemple du traitement au moyen du trichogramme, un insecte qui s'attaque à la pyrale du maïs (quatre vingt-cinq mille hectares traités en France en 2005).
Mais les grandes sociétés de produits chimiques préfèrent produire dans leurs laboratoires et dans leurs usines des poisons ou des OGM qui rapportent plus de dividendes aux actionnaires et qu'elles peuvent imposer en les protégeant par des brevets. Étrangement, les états et les investisseurs ne donnent pas d’argent (ou si peu) pour améliorer les méthodes biologiques qui ne profiteraient pas à l’industrie chimique.
En 1962, la chercheuse Rachel Carson écrivait : "Le tir de barrage chimique, arme aussi primitive que le gourdin de l’homme des cavernes, s’abat sur la trame de la vie, sur ce tissu si fragile et si délicat, mais aussi d’une élasticité et d’une résistance si admirables, capables même de renvoyer la balle de la manière la plus inattendue".
Et c'est ainsi que la chrysomèle du maïs a renvoyé la balle et vaincu Monsanto, en quelques années seulement ! Un échec de plus pour Monsanto, qui s'ajoute aux gamelles que la firme collectionne en Inde, en Afrique du Sud et en Amérique du Sud...
Le maïs Bt de Monsanto représente 75 % de la production de maïs aux États-Unis. Depuis quinze ans, il était censé tuer les chrysomèles grâce à une substance maison baptisée BT Delta, une protéine qui cible les intestins de l’insecte. Mais au bout de quelques temps, les doses produites par la plante OGM continuaient à tuer une partie des insectes, tandis que d'autres devenaient résistants au poison produit par la plante trafiquée. Les survivants se reproduisaient et créaient des générations d’individus résistants également. Avec les années, ne sont restées que les chrysomèles les plus fortes qui ont pu reprendre leur activité ravageuse aux dépens de Monsanto. Mais aussi aux dépens des agriculteurs états-uniens qui avaient acheté les semences OGM à l'industriel apprenti sorcier.
Bien que les chrysomèles résistantes soient de plus en plus nombreuses, le maïs Bt sera encore commercialisé car il continue pour le moment à être efficace contre d’autres types d’insectes. Cela obligera les agriculteurs à utiliser encore plus de pesticides Monsanto, avec les conséquences néfastes pour l'environnement et l'organisme humain qui sont malheureusement connues.
... Jusqu'à ce qu'une autre mauvaise nouvelle ou une catastrophe causée par les poisons de Monsanto oblige à mettre fin à ces activités dangereuses.
En quinze ans, la vilaine chrysomèle parasite s'est un peu rachetée et a contribué à rapprocher cette échéance.
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