Tim Berners-Lee est considéré comme l'inventeur du web, dès 1989 ce chercheur du Centre européen pour la recherche nucléaire (CERN) crée le concept du lien hypertexte qui permet de relier des informations entre elles et de passer rapidement d'un texte à l'autre. Il réalise ainsi un mode de communication facile entre les ordinateurs (et à grande échelle), ce qui le conduit à la création du World Wide Web. On lui doit aussi les adresses web, le http (Hyper Transfer Protocol) et le langage HTML ( Hypertext Markup Language).
Le 6 août 1991, Tim Berners-Lee * annonce son projet : "Le projet World Wide Web permet la création de liens vers n'importe quelle information, où qu'elle se trouve".
Le premier véritable site web (Info.cern.ch) est mis en service en 1991, il est suivi de l'installation de serveurs et de sites dans d'autres institutions européennes. En décembre de la même année, le premier serveur est créé aux États Unis à Stanford. En 1993 le code source du World Wide Web devient ouvert, libre et gratuit et tombe dans le domaine public. En 1995, c'est la création de Netscape Navigator, un navigateur utilisable sur l'ordinateur de monsieur Toulemonde. C'est le commencement de l’aventure du web et du déferlement du partage libre des connaissances.
Puis le monde des affaires s’aperçoit qu’on peut faire de l’argent en vendant des produits immatériels, des logiciels ou des sites web. Ensuite vient le temps des formules choc et un peu creuses dont on se souvient encore, comme "les autoroutes de l'information" ou "la bulle internet". C'est aussi le temps des premiers sites marchands. Pendant ce temps, les échanges et les sites web se multiplient, ceux des scientifiques, des universités, des associations, et plus tardivement des journaux. Puis c'est au tour des blogs de proliférer.
Les moteurs de recherche sont les plus utilisés du web, Google,Yahoo, (490 millions de visiteurs), Wikipedia (490 millions) Live (550 millions), MSN (450 millions), et aussi Baidu en Chine (340 millions), Bing (340 millions), ou encore Ask (210 millions). Mais les blogs et les réseaux sociaux ont une forte fréquentation : Facebook (880 millions), Blogspot (410 millions), MySpace (60 millions) et Twitter (160 millions). Les services de blogs sont également dans le peloton : BlogSpot (410 millions de visiteurs), Wordpress (120 millions) ou encore Blogger (41 millions). Les sites marchands sont plus loin derrière, Amazon (120 millions de visiteurs), Ebay (110 millions).
Pas besoin de faire un dessin, l'Internet et le web ce sont principalement des tuyaux et des sites pour l'échange d'informations.
L'internet a vingt ans, mais il faut dire que le partage des connaissances et la liberté d'information favorisés par les liens directs entre les ordinateurs, et la neutralité du réseau "emmerdent" beaucoup de gouvernements (dont le nôtre), et que ces messieurs voudraient bien mettre la main dessus pour maîtriser l'information comme ils en ont l'habitude avec les médias. Un des moyens pour y parvenir est de livrer l'Internet aux monde des affaires et de le "réglementer" (alors qu'il se réglemente très bien tout seul depuis le début). Et qu'on ne nous dise pas que c'est le cours "normal" des choses et qu'on y peut rien : le cours normal des choses c'est de respecter ce qui fonctionne bien et de ficher la paix aux usagers de l'Internet et du web (qui sont aussi des citoyens, ne l'oublions pas).
Pourtant la neutralité d'Internet est aussi importante qu'Internet lui même. C’est une de ses composantes essentielles et un élément de sa définition. Voyons ce qu'en dit Benjamin Bayart, un des pionniers de l'Internet en France.
"Internet n’est que l’accord d’interconnexion, techniquement neutre, entre les réseaux de plus de 40.000 opérateurs sur la planète. Supprimez cette neutralité, et ce n’est plus Internet. Il ne faut pas se méprendre, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas, jamais, enrichir ou filtrer, simplement, que ce n’est pas le réseau qui doit le faire, et que si un réseau fait ça, ce n’est plus Internet. Il y a donc deux éléments fondamentaux pour définir la neutralité du réseau : le premier est que jamais le réseau lui-même ne doit altérer en rien le contenu, le second est que les altérations sont nécessairement pilotées en périphérie du réseau. Par exemple quand je filtre les mails publicitaires (les spams), c’est moi qui ai la maîtrise de ces filtres, je peux les activer ou les désactiver, selon mon bon vouloir. Et ce point-là est fondamental, c’est moi qui trie le courrier intéressant du courrier inutile, pas le facteur" !
Pour certains politiciens et certains médias, il y a des résistants en Iran, en Égypte, en Chine, à Cuba, en Tunisie, mais il n'y aurait que des pédophiles en France. Il faudrait donc "réguler" l'Internet, "filtrer" et “civiliser” les internautes qui ne respectent pas le droit d’auteur, et dont les libertés d'expression et d'information laissent le terrain libre aux mafieux, aux pornographes et aux terroristes…
On pourrait ajouter, que ce n'est pas au gouvernement (ni à une de ses administrations) de filtrer ce que nous voulons lire ou écrire. Et pour ce qui est illégal, la justice et la police sont là pour s'en occuper. Mais le numérique, pour Nicolas Sarkozy, c’est avant tout l’économie numérique. D'ailleurs les ministres qu’il a nommés ont ce titre. Ils ne s’occupent pas de l’Internet, de la société numérique, de la révolution numérique, mais bien de l’économie. Liberté d'expression, liberté d'informer et de s'informer ? L’éducation ? La mise en valeur du web comme espace démocratique ? Non, leur mission c'est l'Internet au service du seul business !
On a eu Hadopi, la loi Loppsi et le G 8, mais ce n'est pas tout.... En juillet 2011, les grandes entreprises des télécoms ont remis à Bruxelles des "recommandations" pour soutenir le développement du haut-débit, et leurs "recommandations" proposent tout simplement d’enterrer le principe de la neutralité de l'Internet ! Ces entreprises estiment que "l’Europe doit encourager la différenciation en matière de gestion du trafic pour promouvoir l’innovation et les nouveaux services, et répondre à la demande de niveaux de qualité différents" (business, business). Leur idée est de demander une contribution financière aux gros consommateurs de bande passante (comme YouTube) ainsi qu'aux internautes qui devraient sortir leurs euros pour accéder aux vidéos dans le cadre d’un service "premium" (et demain quoi d'autre ?). Ces propositions qui s'attaquent au principe de la neutralité de l'Internet, n’ont pas été retenues par Bruxelles. Ouf - pour le moment...
> On n'a pas tous les jours vingt ans, alors soufflons les vingt bougies, buvons un verre de Menetou, merci Tim Berners. Et bon anniversaire à l'Internet, mais continuons à veiller sur sa santé ....qui est une de nos libertés.
> Sources :
Classement des mille sites les plus fréquentés du web :http://www.google.com/adplanner/static/top1000/
Benjamin Bayart. La Bataille Hadopi (InLibroVeritas) Octobre 2009.
Owni : http://owni.fr/2011/01/21/web-on-na-pas-tous-les-jours-20-ans/
* Il faudrait associer au nom de Tim Berners-Lee, ceux de Paul Baran et Joseph Carl Robnett Licklider. Lire sur le site Isic http://isicmasterweb.wordpress.com/2011/03/13/reperes-historiques-les-pionniers-de-linternet/