L'électricité nucléaire française est à un prix imbattable, la moitié du prix dans les autres pays, c'est une énergie propre qui fait de la France un paradis, la sécurité des centrales françaises est à toute épreuve, comme notre indépendance énergétique, nous avons une sécurité d'approvisionnement totale et des réserves assurées pour longtemps, cocorico, notre technologie est à la pointe de la plus pointue des pointes... Premier bémol en forme de parenthèse : l’uranium naturel est essentiellement importé d’Afrique (Niger, Tchad, Nigeria), et depuis longtemps plus un seul gramme n’est extrait du sous sol français (comme indépendance on a vu mieux) !
Eh bien, tout ce qui nous a été dit sur le nucléaire depuis des dizaines d’années est faux. Le nucléaire est dangereux, mal maîtrisé, et des milliers de tonnes de déchets vont nous rester sur les bras (on ne sait pas comment s'en débarrasser, Areva non plus). Tous les discours sur "rentable" et "pas rentable", l'électricité pas chère, c'était bidon car le nucléaire n'est pas seulement dangereux, il est très cher, très très cher, astronomiquement cher !
> Car en plus des déchets hautement dangereux, nous allons hériter d'un tas de centrales, avec des cheminées, des kilomètres de tuyaux, des dalles et des blocs de béton, des tonnes de ferraille, des cuves avec de l'eau radioactive. À des degrés divers, tout ce merdier est entièrement radioactif, dangereux et mortel. Et ça sera radioactif, dangereux et mortel pendant des siècles, des millénaires, et même plus longtemps (la durée nécessaire pour que le plutonium perde 99% de sa radioactivité est de 171 000 ans). Pendant tout ce temps il faudra s'en protéger et en supporter le coût.
À l’usine de "retraitement" de La Hague, on sépare les radioéléments qui constituent le combustible usé. Cette opération, produit de nouveaux déchets, et ne permet d’en recycler qu’une infime partie sous forme de MOX, un combustible très dangereux (qui alimentait une des unités de Fukushima). Les 98 % de matières radioactives restantes sont inutilisables, bravo Areva ! En somme, l’usine de La Hague est autorisée à polluer 1000 fois plus qu’un réacteur nucléaire. (Réseau Sortir du nucléaire).
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) dans son rapport pour 2007 recense 1121 sites sur le territoire français dans lesquels sont stockés environ 1 153 000 mètres cubes de déchets radioactifs. La France a le record du monde pour le poids de déchets nucléaires par habitants (plus de deux kilos !). Chaque année en France, on produit 1150 tonnes de déchets nucléaires ! L'ANDRA en totalisait deux millions de mètres cubes en 2007, l'agence prévoit qu'il y en aura plus de deux millions de mètres cubes en 2030 !
Faute de pouvoir nous en débarrasser, l'ANDRA établit plusieurs catégories de déchets radioactifs :
Les déchets de haute activité (HAVL) et les déchets de moyenne activité et à vie longue (MAVL) : ce sont principalement les déchets issus du cœur du réacteur, hautement radioactifs, et dont la radioactivité dure des centaines de milliers, voire millions d’années (à échelle géologique, ces déchets se transformeront en “faible activité vie longue” : FAVL).
Les déchets de faible et moyenne activités à vie courte (FMA-VC) : ce sont principalement les déchets technologiques (gants, combinaisons, outils, etc.) qui ont été contaminés pendant leur utilisation en centrale. Leur nocivité est d'environ trois cents ans.
Les déchets de très faible activité (TFA) : ce sont principalement des matériaux contaminés provenant du démantèlement de sites nucléaires : ferraille, gravats, béton… Ils sont peu radioactifs mais les volumes attendus sont bien plus importants que ceux des autres catégories. Qu'en fera-t-on ? Certains au gouvernement prévoient d'abaisser les normes en vigueur pour inclure ces déchets dans les matériaux de construction... ben voyons.
Pour clore la liste, citons les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL) : ce sont principalement des déchets issus de l’industrie du radium et de ses dérivés.
> Dans son dernier livre "La vérité sur le nucléaire", Corinne Lepage déclare que le prix affiché du kilowatt-heure par EDF est très éloigné de la réalité. Le prix de 35 à 42 euros par megawatt-heure n'est qu'un slogan publicitaire. En effet, ces tarifs alléchants sont établis sur des coûts de revient incomplets. Combien EDF devra-t-elle payer pour la démolition des centrales qui arrivent au bout de leurs quarante ans d'activité ? Combien EDF devra-t-elle payer pour la décontamination et le stockage de cette catégorie de déchets que sont les débris de centrales nucléaires ? Combien EDF devra-t-elle payer pour le stockage et l'élimination des combustibles nucléaires qui s'accumulent actuellement et vont continuer de s'accumuler ?
Le gouvernement, EDF ou Areva peuvent-ils nous dire combien vont coûter les études et recherches, les matériels et constructions, la sécurité après les récentes catastrophes ? Actuellement ces dépenses sont prises en charge par le budget de l'État, c'est à dire que ce sont les français qui les les payent en impôts et taxes.... et ça ne figure pas sur la facture EDF ! Mais le montant de l'addition augmentera encore dans l'avenir quand fermeront les premières centrales. Et ça n'est pas tout...
Les bijoux de la technologie française, les réacteurs EPR en construction en Normandie (à Flamanville) et en Finlande, connaissent des problèmes multiples, les retards et les surcoûts s'accumulent. Déjà deux milliards d'euros de surcoût pour Flamanville, et trois milliards pour le réacteur en cours en Finlande ! Aujourd'hui le chantier de Flamanville est arrêté, et les sécurités imposées par Bruxelles feront encore augmenter la facture. Donc Areva va payer, mais Areva, ce sont les français....car l'État détient la majorité du capital (87 %) du fabricant de centrales Areva ! Ce sont donc nos impôts qui couleront en vain dans la fontaine des Danaïdes du nucléaire.
N'oublions pas le réacteur expérimental ITER en chantier à Cadarache, qui a pour ambitieux objectif de reproduire durant quelques minutes la fusion nucléaire du soleil (alors que de nombreux physiciens prédisent un échec). À lui seul, ITER siphonne plus de 60 % des fonds européens de recherche sur l’énergie, et son coût prévisionnel atteint déjà 16 milliards d’euros !
De son côté, le surgénérateur Superphénix, fermé en 1997 après douze ans de pannes diverses aura coûté 9,7 milliards d’euros.
> Les grands maîtres du "c'est rentable et du c'est pas rentable", les grands vizirs, les mamamouchis, les ministres, les politiciens et les experts de la pensée calculette nous diront-ils bientôt le vrai coût du nucléaire ? Mais sont-ils capables de l'évaluer ? À moins qu'ils ne vivent selon l'adage : "après moi le déluge"... nucléaire.
> Corinne Lepage "La vérité sur le nucléaire". Éditions Albin Michel. 240 pages. 17 euros.
> Sources : AgoraVox, Sortir du nucléaire, Association des Médecins Français pour la Prévention du Nucléaire, Andra.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nucleaire-la-bombe-budgetaire-97091
http://www.sortirdunucleaire.org/
http://amfpgn.org/site/les-dechets-nucleaires-francais-ou-le-miraculeux-conte-de-noel/