La Borne. La fabrique des réfugiés. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

La fabrique des réfugiés.

campsyriens


Ils sont plus de quatre millions de réfugiés Syriens en Turquie, Jordanie et Liban. Et les politiciens et les médias font un ramdam du diable, des tables rondes et des discours, et poussent des cris d’effroi à l’idée que la France pourrait accueillir quelques dizaines de milliers de ces réfugiés. On se demande pourquoi certains s’obstinent à les nommer : migrants, parce que ça fait “moins grave" ?  Mais ces artifices sémantiques et tout ce bruit servent probablement à éviter la question principale : citer les coupables de cette catastrophe humanitaire. C’est à dire les apprentis sorciers qui ont envahi l’Irak (et bientôt la Syrie ?), et qui subventionnent et arment des bataillons de rebelles, de mercenaires et de djihadistes…

Depuis 2011 la Syrie est le champ de bataille de groupes armés (maintenant en majorité étrangers) qui déclarent vouloir renverser le régime de Bachar El Assad (étrangement, ils n’ont pas choisi la même méthode efficace que les démocrates de Tunisie ou d’Égypte). Ils sont transportés, entraînés, financés et armés directement ou indirectement par la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar, Israël, la Grande-Bretagne et les USA. Et maintenant ces terroristes se disputent le terrain ou s’associent aux pires extrémistes, ceux qui se nomment “État Islamique”. Cette guerre civile a pour conséquences plus de deux cent mille morts, huit millions de Syriens déplacés dans le pays et quatre millions qui l’ont fui et qui vivent dans des camps au Liban, en Jordanie et en Turquie. Plus ceux qui s’embarquent sur la Méditerranée au péril de leur vie.
Pendant ce temps, en Irak où se déroule une autre guerre civile, des suppôts de l’ancien régime, et de nombreux irakiens révoltés par l’invasion de leur pays vont (de gré ou de force), renforcer les rangs du même “État Islamique”. Le conflit s’étend maintenant sur deux pays à la fois, en attendant de déborder au delà…

Et voilà que le gouvernement Français s’associe aux va-t-en guerre et aux redresseurs de torts et intervient militairement au Proche Orient. Au nom de quoi ? Pourquoi y a-t-il urgence à intervenir, à armer et financer des rebelles là bas plutôt qu’ailleurs ? Y aurait-il des bons et des mauvais tyrans ? En quoi Bachar El Assad, Khadafi, Saddam Hussein sont ils pires que le roi d’Arabie, le roi du Maroc, les émirs du Yemen, le dictateur du Pakistan, ceux d’Éthiopie du Zimbabwe, du Tchad ? Tous ces despotes, ces chefs de régimes dictatoriaux combattent la démocratie, ils ont tous du sang sur les mains… 

Mais appelons un chat un chat. Sans doute qu’on fait des bonnes affaires avec certains et pas avec les autres. Et que cette zizanie tragique permet d’assurer les approvisionnements en pétrole et en gaz de certain pays. Des affaires et des contrats signés sur des champs de ruines. Un imbroglio sanglant dont les compagnies pétrolières, les fabricants d’armes, le gouvernement des États Unis et Barack Obama (gratifié  du prix Nobel de la Paix par une anticipation loupée - tiens, on en parle plus ?), portent la lourde responsabilité.

Dans une chronique récente publiée en Angleterre, le satiriste politique Libanais Karl Sharro décrit cet imbroglio sinistre : “Obama est un fin stratège. Son plan consiste essentiellement à soutenir les factions Kurdes et en même temps la Turquie, qui attaque à présent les Kurdes, tandis qu’il soutient également l’Arabie Saoudite dans sa guerre au Yémen, ce qui contrarie l’Iran, avec lequel les forces américaines collaborent dans le cadre de leur combat contre l’État Islamique en Irak, et cède en même temps à la pression exercée par ses alliés afin d’affaiblir Assad en Syrie, ce qui complique plus les choses avec l’Iran, qu’il apaise en signant l’accord sur le nucléaire, contrariant ainsi l’ami de longue date des États-Unis : Israël, dont la colère est absorbée par des cargaisons d’armes de pointe, intensifiant la course aux armements dans la région”. Un imbroglio sinistre en effet, auquel il faut ajouter le sang versé, les familles défaites, les destructions, les douleurs de toutes sortes, et le ressentiment qui nourrit le terrorisme.

Laissons le mot de la fin (de la page) à un autre humoriste, inventeur de cette formule sarcastique. “Si les réfugiés vous dérangent, la prochaine fois pensez-y avant de déclencher des guerres dans leur pays”.


> Courrier international. Le blogueur iconoclaste. >>> Lien.
A
tlantico. Le chef de guerre le plus redouté de l’État Islamique >>> Lien.
Le Monde. La liste des dictateurs modernes. >>> Lien.
Le site web de Karl Sharro. >>> Lien.
Et, bien sûr, faites “réfugiés Syiens” sur Google et sur Google images, allez sur WikiLeaks.

> L’ONU a fait du  21 septembre  la Journée Internationale de la Paix, elle “sera observée comme  une  journée  mondiale  de  cessez  le  feu  et  de  non-violence, pendant  la  durée  de  laquelle  toutes  les nations  et  tous  les  peuples seront appelés à cesser les hostilités”. Encore une journée-symbolique ? Puisse-t-elle servir à quelque chose !