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Ogm. Le communiqué des "six Académies" c'était bidon !

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Un communiqué non signé publié vendredi 19 octobre et relayé par les médias sans vérification (!) a déclaré que le travail mené par Gilles-Eric Séralini sur la toxicité d'un maïs transgénique sur des rats contenait de nombreuses insuffisances. La stratégie de communication adoptée par le professeur est également critiquée. Ce communiqué émane prétendument de six académies scientifiques : les académies nationales d'Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences, des technologies et Vétérinaire. Pour commencer, ces étranges experts annoncent que leur avis n’est pas fondé sur un travail d’analyse scientifique, puisqu'ils déclarent : "les Académies ont cependant jugé inutile d’organiser en leur sein une expertise approfondie… " En effet, ça commence bien.

Le même jour, Paul Deheuvels, membre de l'Académie des Sciences, lance un pavé encore plus gros dans la mare. Le communiqué des six académies est bidon, il n'émane pas des Académies, mais d'un petit groupe créé pour la circonstance et sans que les fameuses Académies se soient réunies pour débattre ! 

Laissons la parole à  Paul Deheuvels (extraits) "Je me dois d'attirer l'attention du public sur le fait que le dit communiqué ne peut engager l'une ou l'autre de ces académies dans leur ensemble. En effet, un groupe d'experts a été convoqué en urgence, on ne sait par qui, on ne sait comment, dans une absence totale de transparence concernant le choix de ses membres, et sur la base de deux représentants par académie. Ces personnes ont cru bon de rédiger dans un espace de temps très bref un avis très critique sur cette étude. Elles ne peuvent prétendre à elles seules incarner l'avis de l'ensemble du monde scientifique français, et ce serait une forfaiture que de le laisser croire.

Il ressort des conversations que j'ai eues à postériori sur ce communiqué que les représentants des cinq académies mentionnés plus haut y aient critiqué la partie descriptive de l'étude du professeur Séralini, concernant les tumeurs, en lui reprochant de ne pas être significative sur le plan statistique. Ils auraient, par contre, ignoré la partie toxicologique de l'article, traitée avec sophistication par des méthodes modernes (dites de PLS). Notons que l'article de Gilles-Eric Séralini est, justement, publié dans une revue de toxicologie.

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Je récuse donc par avance tout texte qui serait présenté au nom de six académies sur ce sujet, partant du fait évident que le comité qui l'a signé ne représente que lui-même, indépendamment de l'éminence de ses membres. C'est d'ailleurs un procédé à la limite du scandale de vouloir parler au nom de tous lorsqu'on est peu nombreux. Quelle que soit la qualité des signataires, ils expriment un avis qui ne peut prétendre constituer une vérité universelle, tant que le problème n'aura pas été véritablement discuté ouvertement, et sur le fond".

Alors qu'on attend toujours l’avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (Anses) annoncé pour le lundi 22 septembre (ça traîne, ça traîne), voilà que quelques membres d'Académies nationales, auxquelles personne n’a rien demandé, décident de se prononcer sur l’étude de Gilles-Eric Séralini. Notons au passage que le communiqué passe sous silence la valeur de l'étude toxicologique de l'étude Seralini, qui a été cautionnée par le comité de lecture la revue de toxicologie (Food and Chemical Toxicology) qui l'a publiée ! On peut se demander quelle mouche a piqué ces personnalités. Et pourquoi ce communiqué étiqueté du titre de communiqué de six académies n'a pas été validé par les six académies en question. Une tentative pour faire pression sur l'Anses ? Sur le gouvernement ? Une façon d'impressionner l'opinion publique ? Et quelle est la part de Monsanto et du lobby des industriels de l'agro-business dans ce coup de pub (car là c'en est bien un).

Mais ce n'est pas tout, car ces Tartuffes poursuivent leur propos en demandant ...l'instauration de la censure de la science ! Dans Slate.fr Michel Alberganti dénonce les préconisations des auteurs du communiqué anti Séralini. Des préconisations "qui font froid dans le dos". La citation intégrale de ces intégristes s’impose tant le propos semble incroyable (je préviens, accrochez vous c'est en langue de bois). Ainsi, les fausses six Académies :

"Souhaitent que les universités et les organismes de recherche publics se dotent d’un dispositif de règles éthiques concernant la communication des résultats scientifiques vis-à-vis des journalistes et du public, afin d’éviter que des chercheurs privilégient le débat médiatique qu’ils ont délibérément suscité, à celui qui doit nécessairement le précéder au sein de la communauté scientifique.

Proposent que le Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel s’adjoigne un Haut comité de la science et de la technologie chargé de lui faire part, de façon régulière, de la manière dont les questions scientifiques sont traitées par les acteurs de la communication audiovisuelle.

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Demandent aux pouvoirs publics et à la représentation nationale de tout mettre en œuvre pour redonner du crédit à l’expertise collective et à la parole de la communauté scientifique qui mérite une confiance qu’on lui refuse trop souvent, alors que chacun s’accorde à affirmer que l’avenir de la France dépend pour partie de la qualité de ses travaux de recherche".

Pour Michel Alberganti, le “dispositif de règles éthiques” (toujours la langue de bois), semble conduire directement à l’instauration d’une censure de la communication scientifique. Et il conclut : "une réaction s’impose de la part de l’ensemble des journalistes, bien entendu, mais également, et surtout, du public".

En effet, ce coup de communication malhonnête et cette manière de faire, ressemblent étrangement aux procédés décrits et dénoncés par Corinne Lepage dans son dernier livre. 

Commentaire d'un internaute : Quelle violence dans les propos de ces défenseurs des ogm : cela rappelle les dizaines d'études "scientifiques" payées par les industriels de l'amiante dans les années quatre vingt, qui cherchaient à prouver l'innocuité de l'amiante. Mais aucun des scientifiques de l'INRS n'a été condamné, et pourtant toutes leurs études sur l'amiante étaient bidonnées, les journaux parlaient même de phobie irrationnelle contre l'amiante. 

Dans Rue89, Benjamin Sourice rappelle un rapport de septembre 1994, dans lequel l’Académie des sciences minimisait les risques des dioxines et indiquait qu’il serait "très souhaitable que soit évitée une réglementation excessivement contraignante" !

On dirait parfois qu'au vingt et unième siècle, certains veulent nous faire avancer ...à reculons.

> Photo du bas : le Professeur Séralini entouré de son équipe.

Sources : Paul Deheuvels dénonce une imposture. >>> lien.

OGM: six Académies plaident pour museler les chercheurs et la presse. >>> lien.

L'étude de Séralini sur les OGM, pomme de discorde à l'Académie des sciences. >>> lien.

Le fameux communiqué en PDF. >>> lien.

Dans gilblog : Étude OGM toxiques. Comment Monsanto manipule la polémique. >>> lien.