La Borne. Vandana Shiva, une absente au festival du film écologique de Bourges. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Vandana Shiva, une absente au festival du film écologique de Bourges.

Vandana Shiva-festival

Le Festival international du film écologique de Bourges a pour but de toucher par l’image en présentant et récompensant des films traitant de l’écologie. Et aussi de débattre avec des personnalités reconnues. Il faut dire qu'on y voit de bien belles images filmées, et que le festival est gratuit et ouvert à tous.

Du 11 au 14 octobre 37 films seront projetés : dix sept documentaires, dix reportages et dix fictions. Quatorze d’entre eux sont en compétition officielle pour l’Arbre d’or, qui est la récompense du Festival. Bruno Genty, Président de France Nature Environnement, présidera le jury. Il y aura aussi quatre débats et conférences sur des sujets d’actualité, comme "santé et pesticides", "économie verte", " prise de conscience des diversités", avec la participation notamment de Jean-Vincent Placé (sénateur Eelv), Jean-Marie Pelt (président de l’Institut européen de l’écologie, et co-fondateur du Criigen avec le professeur Séralini et Corinne Lepage), et l'inévitable Serge Lepeltier (en sa qualité d'ex ministre de l'écologie).

Quelques titres de films, au hasard... Méditerranée, une soupe de plastique. BTP, le scandale des décharges illégales.  La nuit des Gastéropodes. L'eau : un produit de luxe ? Éco gestes au quotidien. Chine, les enfants perdus de la pollution. Aluminium, notre poison quotidien.... Vous trouverez le lien pour le programme complet en bas de page.

Cette année, l'actualité a été marquée par des événements importants, comme la publication de l'étude du Professeur Séralini sur le maïs OGM NK603, le jugement de la pollution du pétrolier Erika, l'affaire des semences "libres" de Kokopelli, ou les suites de la catastrophe de Fukushima.... Cet automne, un autre événement est la venue en France de Vandana Shiva qui dirige la Fondation de la recherche pour la science, les technologies et les ressources naturelles, et qui lutte contre le brevetage du vivant et la biopiraterie ; elle a également créé  en Inde l'association “Navdanya“, pour la conservation de la biodiversité et la protection des droits des fermiers. C'est sans doute pour cela et que la presse la  nomme parfois la Pasionaria de l'écologie. Vandana Shiva faisait un tour d'Europe dans le cadre de la campagne internationale pour la liberté des semences.

La préparation et le programme d'un festival de cinéma étant difficilement compatibles avec l'actualité, on comprend que certains sujets en sont absents. Quoique, une invitation par ci, une autre par là, pourraient peut-être y remédier ? 

Alors, en marge du festival, donnons la parole à Vandana Shiva.

"Le brevetage des plantes est un nouveau système d'esclavage pour les agriculteurs des pays en développement", a déclaré le 8 octobre la scientifique et altermondialiste indienne Vandana Shiva, de passage à Paris dans le cadre de la campagne internationale pour la liberté des semences. L'universitaire et militante indienne, en tournée en Europe alors que se tient dans son pays, à Hyderabad, la conférence de l'ONU sur la biodiversité, est en première ligne depuis des années contre le brevetage des plantes et les OGM.

"Cette campagne, s'appuyant sur un rapport établi par plus d'une centaine d'organisations, est un processus participatif pour libérer les semences, libérer les fermiers et libérer les êtres humains de ce que je considère clairement comme un nouveau système d'esclavage, les brevets n'ont qu'un objectif: obliger les fermiers à acheter des semences tous les ans" a-t-elle déclaré, au cours d'une conférence organisée par l'association France Libertés. 

"Le colonialisme n'est pas mort, la ruée vers l'or s'est transformée en ruée vers l'or vert", a commenté l'eurodéputée Catherine Grèze (Verts), présente à la conférence. "Cherchez l'erreur: comment se fait-il que 90% des ressources génétiques sont dans les pays en développement et 97% des brevets dans le Nord ? On parle bien de biopiraterie !" a ajouté l'élue européenne.

droit-auteur-semences

"Monsanto et les quatre autres géants biotechnologiques de l'agro-industrie et de la semence sont sur le point de s’approprier le contrôle mondial de la distribution alimentaire, ils sont en train de nous voler nos semences et nos libertés. Le temps est venu de matérialiser collectivement notre refus et de reconquérir nos libertés élémentaires". Dans le but de rendre visible la force des peuples et d’exprimer d’une seule voix un puissant non, Vandana Shiva appelle à une mobilisation mondiale (extraits).

"Je vous invite - avec les centaines de milliers de personnes de l’alliance globale pour la liberté des semences - à nous rejoindre pour la quinzaine d’actions pour la libération des semences, qui commence le 2 octobre -anniversaire de Gandhi - au 16 octobre -journée mondiale de l’alimentation.

Pourquoi avons-nous besoin de la liberté des semences ? Pourquoi avons-nous besoin d’agir pour la liberté des semences ? Parce que des espèces de structures légales et technologiques ont été mises en place pour créer un esclavage par les semences. On a connu l’esclavagisme, quand des personnes marchandaient des êtres humains, les possédaient comme leur propriété. Quelques un considéraient cette situation comme obscène et illégitime et ils ont organisé les mouvements abolitionnistes. Aujourd’hui nous devons agir ensemble afin d’organiser un mouvement abolitionniste contre un nouveau type d’esclavagisme…… un esclavagisme de toute vie sur terre,… Un esclavagisme des semences de notre futur, des semences de notre liberté. 

Pourquoi lancer ces actions ? Parce que Gandhi nous a dit en 1901 "Aussi longtemps que la croyance qu’il faut obéir aux lois injustes existera, l’esclavage durera" et qu’il fut un parmi beaucoup, dont Martin Luther King et d’autres à affirmer, nous n’allons plus obéir à des lois injustes, nous allons obéir à une loi supérieure, la loi supérieure de l’humanité, de la dignité humaine et des droits de l’Homme, la loi supérieure de Gaïa, de Pachamama, de Vasundhara, de Boomie … pour la durabilité écologique.

Les brevets du vivant violent ces lois supérieures, et c’est pourquoi nous devons leur désobéir. On peut leur désobéir de façon créative, on peut leur désobéir en conservant et en échangeant des semences, surtout si celles-ci ont été brevetées par un géant multinational. Et cinq de ces géants multinationaux contrôlent déjà 75% de l’échange mondiale des semences. On ne peut pas leur permettre de tout s’approprier.

On doit réclamer le droit sur nos semences, et ainsi notre liberté des semences.

On peut désobéir à ces lois qui rendent nos semences illégales. Dans chaque pays il y a tentative d’interdire des variétés locales, d’interdire des variétés anciennes et d’interdire les échanges de semences. En 2004, ils l’ont tenté en Inde, à travers un projet de loi interdisant à un agriculteur de posséder ses propres semences. Ils l’ont appelé enregistrement des semences et licence. 

C'est une loi qui traite d’illégale la diversité de la production de l’agriculteur et de l’évolution de la nature, et qui nous impose les semences toxiques, l’uniformité qu’utilisent les multinationales pour contrôler le marché de la semence…

On peut commencer par préserver nos semences sur nos balcons, dans nos jardins, dans chaque école, dans chaque cour d’église, dans nos temples… Partout. Commençons par déclarer chaque maison, chaque institution, chaque communauté, chaque municipalité, chaque région, comme zones de liberté des semences. Des zones où les lois illégitimes de brevetage de semences et les lois qui criminalisent l’agriculteur qui cultive ses propres semences ne seront plus respectées, parce que des lois supérieures d’ordre éthique et écologique gouvernent nos vies.

Il n’existe pas de souveraineté alimentaire sans la souveraineté sur la semence, Il n’y a pas de liberté de l’alimentation sans la liberté de la semence.

Reconnaissons que nous sommes Une Humanité, Une Famille Terrestre, et en agissons ensemble, nous avons la force d’apporter un ordre meilleur à ce monde".

Ce message fait écho à l'affaire Kokopelli, qui vient malheureusement de perdre le procès en concurrence illégale intenté par le grainetier Baumaux. La Cour européenne de justice a en effet estimé que les graines anciennes de l'association Kokopelli seraient incompatibles avec "une productivité agricole accrue" et avec les directives adoptées afin d’éviter "la mise en terre de semences potentiellement nuisibles" (on croit rêver).

On parlera peut-être aussi de tout ça pendant les débats du festival.... 


> Programme complet du Festival international du film écologique de Bourges >>> lien.

> Lire l'interview de Vandana Shiva dans Basta! "Le libre-échange, c’est la dictature des entreprises".  >>> lien.

> L'appel de Vandana Shiva sur YouTube (la traduction en français est sur Médiapart)  >>> lien.

> Wikipedia : page sur Vandana Shiva. >>>lien.

> Lire dans gilblog : Agrobusiness. Après le maïs, le jambon ?! >>> lien.

> Festival international du film écologique Auditorium de Bourges.
Du 11 au 14 octobre. 10 h 00 / 12 h 00 - 14 h 00 / 18 h 00 

Espace Médias, projection de films à la demande
Parking 
10 h 00 / 18 h 00 : Marché Bio et Pôle Apicole

http://www.festival-film-bourges.fr/