Mordechaï Vanunu ne peut toujours pas sortir d'Israël. Le 29 décembre, la Cour suprême israélienne a rejeté une demande d’émigration du lanceur d'alerte et ex-technicien atomiste de Dimona.
Durant neuf ans et jusqu'en 1986, Mordechaï Vanunu a travaillé au centre de recherches en armements de Dimona (région de Beer Sheva). Son travail consistait à produire des éléments radioactifs utilisables pour la fabrication de bombes atomiques. Il savait exactement quelles quantités de matières fissiles étaient produites, quels matériaux étaient utilisés et quelles sortes de bombes étaient fabriquées (plus de deux cents en 1986). Avant de quitter ce travail, en 1986, il a pris des photos à l’intérieur de l’usine, afin de montrer au monde qu’Israël fabriquait en secret des armes nucléaires.
Après avoir révélé ces informations à l’hebdomadaire britannique The Sunday Times qui les avait publiées le 5 octobre 1986, il avait été enlevé par les service spéciaux Israéliens à Rome, transféré en Israël, puis jugé pour trahison et incarcéré. Vanunu (cinquante neuf ans ans cette année), a purgé dix huit ans ans de prison ferme pour "espionnage", dont onze ans en isolement total !
Après avoir fini sa peine en 2004, Vanunu s’est vu interdire de quitter le territoire israélien, et de prendre contacts avec des ressortissants étrangers, en particulier des journalistes.
Toutes ses demandes pour lever ces interdictions ont été rejetées pour des "raisons de sécurité". Depuis sa libération en 2004, il a été inculpé à plus de vingt reprises pour avoir enfreint les restrictions qui lui sont imposées.
Ces mesures de refus de demande d’émigration "portent atteinte aux droits de Mordechaï Vanunu mais sont nécessaires pour éviter la diffusion d’informations confidentielles", ont estimé les juges de la Cour suprême dans leurs attendus. "Vanunu dispose encore de ce genre d’informations et il n’est toujours pas revenu sur son intention de les divulguer", a commenté la radio israélienne. Les mesures limitant sa liberté de mouvement ont été prolongées jusqu’en mai 2014. Après dix huit ans de prison et de multiples brimades, Vanunu est comme prisonnier en Israël. Ça fait long !
Vanunu, qui ne se considère plus comme Israélien, a demandé en vain l’asile dans plusieurs pays occidentaux.
Mordechaï Vanunu a reçu le prix Nobel alternatif en 1987, “pour son courage et son abnégation en révélant l'étendue du programme d'armement nucléaire d’Israël”. Le 15 mai 2001, il a reçu le titre de Docteur honoris causa de l'université de Tromsø (Norvège).
Le gouvernement d'Israël n'a jamais signé les accords sur la non prolifération des armes nucléaires et n’a jamais reconnu disposer d’un arsenal atomique. Ce qui est contredit par les révélations de Vanunu et les experts étrangers qui affirment que l’État d'Israël dispose de plusieurs centaines d'ogives nucléaires. Chaque année, selon le magazine américain Jane's Defence Weekly, Israël produit entre 10 à 15 nouvelles bombes nucléaires. Depuis le début de son programme nucléaire, Israël a produit de 690 à 950 kilogrammes de plutonium 2. Israël dispose de nombreux vecteurs de frappe : des bombardiers (modéleMcDonnell Douglas F-4 Phantom II, des missiles balistiques (modèles Shavit et Jéricho) ainsi que des sous-marins acquis en Allemagne depuis 1999.
Que fait la France, "pays des droits de l'homme", pour faire libérer puis accueillir ce lanceur d'alerte, ce pacifiste et homme courageux ? Que fait notre gouvernement pour le désarmement nucléaire d'Israël ? Messieurs Hollande, Ayrault, Fabius, on vous écoute...
En attendant, je vous souhaite une meilleure année et la liberté, Mordechaï Vanunu !
> Source AFP. 29 décembre 2013 reproduite par Libération.
Lire dans gilblog. Prix Nobel de la paix : Vanunu ou Obama ? >>> Lien.
Pour en savoir plus. Interview de Vanunu sur CounterPsyObs. >>> Lien.
Mordechai Vanunu dans Wikipedia. >>> Lien.