Le développement durable est, à l’origine, une idée généreuse mais dont les mots peuvent prêter à confusion. Pour certains c'est une conception de l’intérêt public contre l’intérêt particulier de quelques uns (et surtout celui des grandes entreprises). Pour d'autres ce n'est qu'une formule. D'ailleurs, la preuve est que le mélange des deux termes "écologie" et "profit" donne lieu à des dérives, voire des détournements carrément malhonêtes.
L’écoblanchiment (ou greenwashing) est un procédé mensonger de marketing très répandu que les multinationales utilisent pour se maquiller avec une image faussement écologique alors que leur activité n’a absolument rien à voir avec l’écologie, bien au contraire. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une tromperie !
Afin de dénoncer publiquement le décalage entre les discours bidon et la réalité des actes des entreprises, les Amis de la Terre décernent chaque année depuis 2008 (en partenariat avec Peuples Solidaires, ActionAid France et le Centre de recherche et d’information pour le développement), les prix Pinocchio. Pourquoi Pinocchio ? Tout le monde a compris que c'est à cause du nez de la marionnette en bois qui s'allonge à chaque mensonge.
Dénonçant les violations des droits des peuples et de l'environnement, les Prix Pinocchio ont gagné en renommée et en influence depuis leur création. Cette année, quarante et un mille votants ont participé à la désignation des pires entreprises pour la planète. Les prix ont été rendus publics à Paris, le 19 novembre 2013 dans une soirée qui s'est déroulée à "La java". Le concours comprenait trois prix et neuf entreprises étaient en tête de la "compétition".
> Prix "Plus vert que vert". Prix décerné à l’entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles.
Les trois favoris : Areva et son musée de la mine Urêka. Air France et la compensation carbone à Madagascar. BNP Paribas et la recherche contre changement climatique.
Avec 59 % de voix (et largement en tête toutes catégories), Areva a remporté le prix pour "l’entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles" grâce à son musée Urêka, à la gloire des mines d’uranium, dans le Limousin. "Entrez dans l’aventure de l’uranium", claironne Areva, "qui ne dit mot des graves impacts sociaux et environnementaux causés par ses mines d’extraction d’uranium dans le monde entier, notamment au Niger et peut-être bientôt sur le territoire des Inuits" commentent les Amis de la Terre.
> Prix "Mains sales, poches pleines". Prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d’approvisionnement.
Meilleures chances : Auchan et l’effondrement de l’usine du Rana Plaza au Bangladesh. Apple et la mine d’étain de Bangka en Indonésie. Alstom et les grands barrages de Belo Monte et Rio Madeira au Brésil.
Le prix est revenu à Auchan (50% de voix), qui devient cette année "l’entreprise ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier, en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d’approvisionnement". Selon les Amis de la Terre, l’entreprise française "refuse de reconnaître sa responsabilité et de participer à l’indemnisation des victimes de l’effondrement des usines textiles du Rana Plaza au Bangladesh, alors que des étiquettes de ses vêtements ont été retrouvées dans les décombres de cet accident qui a fait mille cent trente trois morts et encore plus de blessés, essentiellement des femmes".
> Prix "Une pour tous, tout pour moi !" Prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles.
En tête : Total et les gaz de schiste en Argentine. Véolia et la privatisation de l’eau en Inde. Société Générale et la mine de charbon Alpha Coal en Australie.
Finalement c'est Véolia avec 39% de voix, qui a obtenu le prix "décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles". Véolia est notamment visée pour son action dans la privatisation de l’eau en Inde. "Alors que la multinationale se présente en héros apportant l’eau aux pauvres, sur le terrain, les échos sont bien différents : augmentation des tarifs, opacité des contrats de partenariat public-privé, retard des travaux, conflits avec les villageois et les élus locaux" a déclaré l'association les Amis de la Terre.
Rendez vous en 2014 pour de nouvelles aventures....
> Tous les détails, l'historique des prix Pinocchio ...etc, sur le site des Amis de la terre, Prix Pinocchio. >>> Lien.