La Borne. Quand le Préfet du Cher va trop loin...ça réagit. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Quand le Préfet du Cher va trop loin...ça réagit.

Resistance-2010-250

Lors de l'inauguration du Musée de la Résistance le 18 octobre, le Préfet du Cher a créé un incident relaté par le Berry Républicain. En pleine cérémonie, Catherine Delmas Comolli, fâchée, a quitté ostensiblement la salle lorsqu'un représentant des salariés en grève a lu un appel des anciens du Conseil National de la Résistance. Réactions diverses dans le Cher, étonnement, émotion. Un lecteur de gilblog exprime son indignation.


"Lundi 18 octobre 2010 : Inauguration officielle du musée de la Résistance et de la déportation à Bourges, en présence notamment de nos alliés Britanniques et de la BBC qui  réalise un film sur l’événement.

Le colonel Radcliff pilote de la RAF a, sur tous les théâtres d’opération convoyé de nuit des milliers de résistants  et agents alliés. Il est physiquement présent pour cette inauguration.

L’extrait de l’appel des anciens du Conseil National de la Résistance est lu publiquement.

Suite à cette lecture, madame le Préfet, représentant l’Etat quitte la cérémonie en signe de désapprobation.

Pour mémoire, dès le 8 mai 1945, la France, a été conduite tant sur le plan privé que sur le plan public à partir d’un programme élaboré et adopté par le Conseil National de la Résistance. Grâce à ce programme, nous avons bénéficié de la sécurité sociale, des allocations familiales, et de la retraite par répartition entre autres.

Pour information, ce programme n’a  pas été mis en place une fois la victoire acquise. Il a été élaboré en secret dès 1943 et accepté par les membres désignés du C.N.R, le 15 mars 1944. Ceci explique notamment pourquoi les administrations ont fonctionné immédiatement et sans aucun problème dès la libération (Pour exemple : voir la Libération de Paris, le 25 août 1944).

Mon père, engagé volontaire dans les Forces Aériennes Françaises libres, sous la houlette du Général De Gaulle a, avec ses camarades de combat des forces alliées, effectué de nombreuses missions sur l’Europe afin de nous libérer du joug nazi. Comme chacun le sait, chaque jour de nombreux équipages manquaient à l’appel. Nous nous devons de les remercier et de les honorer pour leur courage et leur engagement, car nous leur devons notre liberté de ce jour.

Hélas, en ce Lundi 18 octobre 2010, ils viennent d’être insultés par l’attitude inique d’un représentant de l’état. 

Jusqu’à ce jour, grâce a l’exemple et aux enseignements de mon père et de ses camarades, j’étais convaincu, alors que le terrible virus de la peste brune était éradiqué, que les représentants de l'État restaient fidèles aux idéaux et au programme du Conseil National de la Résistance". Jean-Pierre THYRION


> Voici un extrait du texte qui a déplu à la Préfète et lui a donné prétexte à quitter la réunion. "Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales,alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie".

Par son attitude de mépris, la Préfète s'est comportée comme certains membres d'une aristocratie refusant l'expression des opinions du peuple.

Ce cadre préfectoral, représentant l'État, et qui prétend être neutre, refuse d'entendre des propos différents de son opinion politique dans une réunion où elle est invitée. Mais, pour de nombreux citoyens, la mission du Préfet ne l'autorise pas à exprimer le rejet du programme du Conseil National de la Résistance, élément fondateur de notre république.

Évoquer le programme de la Résistance est tout à fait d'actualité actuellement, car de glissements politiques en glissements législatifs, de remise en cause en remise en cause, de communication médiatique en propagande médiatique, de pensée unique en informations partisanes, de statistiques arrangées en chiffres biaisés, ce sont les fondements mêmes de notre système social et de notre démocratie qui sont sapés.


> Ces pratiques ont provoqué le sursaut et un appel du Conseil National de la Résistance. Cet appel a été lancé en 2004 (déja !) par les anciens du CNR de 1944... un appel d'une brûlante actualité qui vaut la peine d'être lu !

"Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle. Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte.

Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais :
Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des "féodalités économiques", droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales,alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’ Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.
Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations,institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau "Programme de Résistance " pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée, et la compétition à outrance de tous contre tous.

Nous n’acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.

Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : " Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ".


> Les signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.


http://www.conseilnationaldelaresistance.fr/


Un commentaire ?