La Borne. Quand Le Berry vole au secours de l'UMP. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Quand Le Berry vole au secours de l'UMP.

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Le Conseil constitutionnel a confirmé le 4 juillet le rejet des comptes de la campagne présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy, qui premièrement, excédaient de 2,1% (un peu plus de quatre cent soixante six mille euros) le plafond autorisé, et deuxièmement  dépassaient de un million six cent soixante neuf mille euros, soit 7.8%, ce qui avait été déclaré. Cela prive l'ancien candidat du remboursement forfaitaire par l'État de plus de dix millions d'euros de frais de campagne. Depuis quelques jours, sur les ondes et les écrans, on entend Henri Guaino Jean-François Copé, Brice Hortefeux et quelques autres s'étonner de la décision partiale et injuste du Conseil constitutionnel. Nicolas Sarkozy et l'UMP seraient victimes d'une espèce de complot et d'un acharnement judiciaire ...etc.

Mais les faits sont têtus. Nicolas Sarkozy a dépassé le plafond autorisé de plus de quatre cent soixante six mille euros, et "il a sous-estimé de deux millions d'euros ses dépenses". Le "manque de sincérité des comptes" (c'est le terme utilisé par la Commission nationale des comptes de campagne et par le Conseil constitutionnel), est sanctionné. Manque de sincérité des comptes, ça signifie un mensonge chez les comptables, et aussi en langage clair. Pourtant, l'équipe de campagne du candidat ne pouvait pas ignorer les règles détaillées de financement politique. D'autant moins, a déclaré François Logerot (président de la Commission nationale des comptes de campagne), que "nous avons reçu le président et les personnes de ses équipes de campagne, et nous les avons mis en garde". Le candidat Sarkozy a été mis en garde. Il n’en a pas tenu compte. Il a fraudé. Voila pour les faits.

> Maintenant voyons comment Le Berry commente cette actualité. Notre unique quotidien régional s'est fait une spécialité d'articles politiques écrits dans un langage faussement neutre, genre qui ne choisit pas entre gauche et droite, avec des formules de bon sens, le tout assaisonné d'un air de ne pas y toucher. Bref, on ne comprend pas toujours très bien où le rédacteur veut en venir. Et là c'est bien décrypter qu'il faut dire car sous le propos embrumé, il y a des idées (oui, oui). Voyons le cas de l'article de dimanche 7 juillet intitulé "Les divisions politiques ou comment éloigner des urnes".

 Allez, on y va. Sur les quarante et une lignes de l'article, vingt sept sont consacrées aux conséquences pour l'UMP du rejet des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy (mais pas une seule ligne sur les faits). Pour simplifier la lecture, débarrassons nous de l'emballage pour ne retenir que les phrases clés. "Comment imaginer que l'UMP puisse se trouver ainsi au bord du gouffre, pas certain de pouvoir demain encore exister alors qu'il représente tout de même une bonne partie de l'électorat national ?" Et l'auteur de déplorer que le "tous pourris" progresse dans l'opinion publique, et que les militants de base "stupéfaits et amers" seront les plus touchés par l'affaiblissement de leur parti, un "coup peut-être mortel". Un parti au bord de la faillite qui en appelle "à la solidarité nationale" pour renflouer ses caisses. Lecteurs du Berry, sortez vos mouchoirs. Vous pouvez aussi verser votre obole par solidarité nationale, car "au delà de la simple question de la représentativité politique", le danger qui nous menace est "de donner un peu plus de force aux extrêmes". Bref, ce sont les mêmes mots que ceux de Jean-François Copé la semaine précédente. Pas la peine d'en dire plus, vous avez vu où le Berry voulait en venir : chers lecteurs, vous feriez oeuvre utile en soutenant l'UMP.

Et ça se termine par quatorze lignes dans lesquelles Franck Simon (l'auteur de l'article) regrette que les candidats Alain Tanton et Pascal Blanc ne puissent pas s'entendre, alors que l'UMP du Cher est divisée sur le choix pour les élections municipales de Bourges. Et le journaliste nous gratifie de cette phrase sublime : "Pourquoi les hommes n'ont pas réussi à se mettre d'accord en coulisses" ? qui montre sa conception élevée de la démocratie, du respect des citoyens ...et des lecteurs du quotidien régional !

En fin de compte, Le Berry n'est pas si difficile à décrypter, et après l'effort qu'est-ce qu'on rigole !


> Post Scriptum. Lundi soir, après la réunion au siège de l'UMP, BFM TV annonçait que avec les dons reçus et les dons annoncés, la souscription atteignait presque la moitié de la somme (onze millions) à réunir. Nicolas Sarkozy est de retour, Éric Woerth n'est pas loin, tout va bien, l'UMP va s'en sortir...


> Lire dans AgoraVox : Rejet des comptes de campagne de Sarkozy, une décision justifiée. >>> Lien.

Huffington Post: "Sarkozy et son équipe savaient les risques encourus". >>> Lien.

Libération : "Le dépassement n'est qu'une des infractions constatées" interview de François Logerot. >>> Lien.