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L'eau potable de Mehun est-elle bonne ?

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Mehun est sans doute un des cas de l'eau potable polluée aux nitrates, et trop souvent au delà des seuils réglementaires. Les captages qui servent à alimenter la ville en eau potable sont alimentés eux même par les eaux qui reçoivent les produits (nitrates, atrazines) répandus dans la vaste zone agricole qui entoure la ville.

Les membres de la jeune association "Mehun eau pure" qui vient de se créer, racontent : "en lisant nos factures d'eau en 2008, nous avons remarqué une notice "qualité de l'eau" (antérieurement, nous ne l'avions pas remarquée, ou peut être que cette rubrique n'existait pas ?). En faisant une petite recherche, nous avons appris que la teneur autorisée ne doit pas excéder cinquante milligrammes par litre. Pourtant, la même année, une feuille de la DDAS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales) jointe au bulletin municipal, faisait état de dépassements moyens de cinquante deux milligrammes et au maximum de cinquante six milligrammes. L'avis sanitaire déclarait que l'eau à Mehun est de qualité satisfaisante et conforme "à l'exception des nitrates pour lesquels des dépassements réguliers ont été relevés. La consommation de l'eau nitratée est déconseillée pour les nourrissons et les femmes enceintes"..

Lors d'une réunion publique en 2009, nous interrogeons François Pillet (maire et sénateur), au sujet de la qualité de l'eau. La réponse a été la suivante "Je bois du vin, moi, ça ne me pose pas de problème !" rires dans la salle... Ces paroles, venant d'un élu, nous ne les avons pas trouvées drôles.

Les membres du personnel des crèches et des cantines scolaires que nous avons interrogés ne sont pas au courant de la qualité de l'eau potable, ni de ce qu'il convient de faire quand l'eau est non conforme.

Nous avons écrit aux Ministres de l'écologie qui se sont succédés (Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet), à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales, et même à Veolia. La Préfecture, saisie par le Ministre nous a répondu. Mais nos attentes ont été déçues, car au lieu de nous annoncer une amélioration de la qualité de l'eau, la réponse annonçait...une dérogation autorisant le dépassement des normes officielles !!!.

> Extrait d'un courrier à Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l’écologie et du développement durable.

Madame,

Dans son courrier du 14 septembre 2009 Monsieur Borloo a eu l’obligeance de m’informer qu’il transmettait ma requête concernant la pollution de l’eau dans notre commune, à Madame la Préfète du Cher.

Cette dernière nous a transmis un courrier détaillé dans lequel elle nous faisait part d’une dérogation concernant les nitrates et l’atrazine présents dans l’eau distribuée à la population de Mehun sur Yèvre, ce que nous ignorions ainsi que l’ensemble des citoyens de la ville ; elle précisait que la dérogation accordée était assortie d’un programme d’actions, elle nous assurait que la commune s’était engagée à un renforcement de l’information et que cette dernière serait maintenue sur toute la durée de la dérogation.

Une information du maire par une feuille volante non datée distribuée dans les boîtes aux lettres  a  en effet été effectuée peu après l’intervention de Madame La Préfète. Cette information a eu le mérite d’apprendre à la population que l’eau de leur commune était sous le coup d’un arrêté préfectoral, ce qu’elle ignorait, mais que des travaux étaient en cours pour y remédier. Depuis ce courrier, sauf erreur de notre part , aucune information n’a été communiquée à la population sur l’état des travaux visant à rendre la qualité conforme à la loi. Si les travaux en vue du mixage de l’eau de Quincy avec celle de Mehun sur Yèvre devaient se terminer fin 2010 il est permis de s’étonner que la population ne soit pas mise au courant.

La Préfète écrivait le 20 novembre 2009 que la dérogation a pu être accordée car l'utilisation de l'eau de Mehun "ne constitue pas un danger potentiel pour la santé des personnes. Il n'existe pas d'autre moyen raisonnable pour maintenir la distribution de l'eau destinée à la consommation humaine dans le secteur concerné". Et qu'a été établi "un programme d'action concernant les mesures correctives visant à rétablir la qualité de l'eau".

Jusqu'à présent, les fameuses mesures correctives (puiser de l'eau à Quincy) n'ont pas été réalisées, et si c'est le cas, les mehunois n'en sont pas informés, ajoutent les membres de "Mehun eau pure".

> Extrait d'un courrier au Directeur général de Veolia.

Monsieur,

D’après l’historique du 13 septembre 2011 transmis par l’ARS des analyses de l’eau distribuée  aux habitants de Mehun sur Yèvre de 2005 à 2011  il ressort que depuis sept ans nous sommes approvisionnés en eau non conforme à la loi plusieurs mois par an en ce qui concerne les nitrates.

D’après les analyses affichées à la mairie de Mehun sur Yèvre il ressort également que l’eau présente  régulièrement un cocktail de pesticides important avec notamment  des teneurs en atrazine élevées, voire  non conformes  à la loi .

Comment pourrions nous boire en toute sérénité l’eau du robinet comme le préconise la publicité de votre compagnie ?

> Pour le moment, et à moins d'un changement radical, ça ne s'arrange pas. En effet, le 22 février 2012, l'association "Générations Futures" révélait l’existence d’une directive du ministère de la Santé, discrètement entrée en vigueur en février 2011, qui autorise  la hausse des concentrations autorisées de pesticides dans l’eau potable. Avec cette modification discrète (si discrète qu'elle en est presque clandestine), l'Administration de la France tolère ces polluants jusqu'à des quantités cinq fois supérieures !

François Veillerette (porte parole de Générations Futures), y voit "la preuve que les autorités publiques ont renoncé à améliorer la situation en changeant les pratiques agricoles en profondeur, mais préfèrent changer les graduations du thermomètre que de faire vraiment baisser la fièvre !"

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La Directive européenne Cadre sur l’Eau, adoptée en 2000, fixe comme objectif d’atteindre le bon état écologique et chimique des eaux d’ici 2015. En France, le ministère de l’Écologie chiffrait dans un rapport de septembre 2011 le coût des pollutions agricoles : pour les pesticides et les nitrates, à un minimum compris entre 1 et 1,5 milliards d’euros par an. Pire, si l’on voulait décontaminer les eaux souterraines, il nous en coûterait entre 522 et 847 milliards d’euros ! "Ce rapport ne prend en compte que les seules pollutions agricoles, il n’a pas intégré les amendes que la France devra payer pour le non respect des directives européennes et il a été fait à partir d’une évaluation de la qualité de l’eau qui est largement en deçà de la réalité. On ne peut qu’alerter nos concitoyens sur le fait que les pouvoirs publics ne pourront pas faire face à des coûts qui sont véritablement astronomiques." souligne une enquête du WWF d’octobre 2011. 

Le système financier et les banques doivent être sauvés à tout prix, mais la qualité de l’environnement (et donc la santé des citoyens), peut attendre...

Eh ! oui, car, ainsi que l'écrivait la Préfète du Cher : Il n'existe pas d'autre moyen raisonnable pour maintenir la distribution de l'eau destinée à la consommation humaine....

Illustration : extrait de la carte des teneurs en nitrates des eaux distribuées dans le Cher (Carte de l'Agence régionale de Santé de mai 2010). 

Autour de Mehun : Allouis, Foëcy, Brinay, Saint Doulchard, sont sous les 25 milligrammes par litre. 

Berry Bouy, Marmagne, Quincy, Preuilly, Sainte Thorette, Saint Éloy de Gy, Bourges, ont de 25 à 40 milligrammes par litre (comme Henrichemont). 

Trois villes du Cher : Mehun, Aubigny et Argent ont le triste privilège de dépasser les 50 milligrammes de nitrates par litre sur la carte de 2010 de l'ARS.


>   L'article de Générations futures : http://generations-futures.blogspot.fr/2012/02/plus-de-pesticides-dans-votre-eau.html

Le site web de l'Agence régionale de santé :  http://www.ars.centre.sante.fr

Les cartes de la qualité sanitaire des eaux dans les départements de la région centre : http://www.ars.centre.sante.fr/La-qualite-des-eaux-d-alimenta.102610.0.html

Un site de référence (et intransigeant), igepac : http://www.igepac.com/

Journal "Que choisir" No 501 -  mars 2012 - pages 16 à 21. "Eau du robinet, peut-on la boire" ? 

CareVox. Deux millions de français boivent une eau polluée : http://www.carevox.fr/nutrition-regimes/article/deux-millions-de-francais-boivent