L’internet n’est qu’un tuyau dans lequel on peut faire circuler tout et son contraire (comme sur le papier imprimé), de l’information et du commerce, des œuvres pour tout public comme pour les spécialistes, de la pornographie comme de la philosophie, les ouvrages de la Bibliothèque de France comme la musique de variétés, des photos comme des vidéos. Chacun est libre d’y aller voir, ou de ne pas ouvrir son navigateur...
Les sites et les blogs sur l’Internet ne remplacent pas la presse écrite et audiovisuelle, mais s’y ajoutent, et modifient la production de l’information pour une certaine part. Internet permet à chacun de s’informer “à la carte” parmi les nombreux sites, et de parcourir le réseau en fonction de ses centres d’intérêt. Alors que les journaux imprimés et télévisés disent quelle est l’information du jour, les internautes peuvent consulter plusieurs sites, faire leur propre revue de presse, et comparer les informations.
En conséquence, petit à petit, les pratiques et le rôle du journalisme tendent à évoluer. Alors que le public se lasse de médias qui reproduisent inlassablement les mêmes dépêches des mêmes agences de presse, les idées toutes faites du politiquement correct, les mêmes sons de cloche de l’information orchestrée... des sites autonomes alimentés par des bénévoles (souvent très compétents dans leur domaine, ou simplement journalistes), créent de véritables petits médias qui concurrencent la presse écrite et télévisée. Ou plutôt qui la complètent et qui l’aiguillonnent, en faisant revivre le pluralisme qui semblait avoir disparu du paysage (en France et à l’étranger).
Mais le web serait devenu, si l’on écoute le message répété de certains hommes politiques et de certains journaux, un lieu de perdition, un coupe-gorge où l’on ne peut plus s’aventurer. Naviguer en évitant les pédophiles, les néo fascistes, les escrocs, les négationnistes, les intégristes, les sectes, al Qaida et autre terroristes, vous donnerait vraiment envie d’éteindre définitivement votre ordinateur. Vade retro Satanas, les diables de l’empire du mal ont colonisé la toile !
De Libération à l’Express et aux journaux télévisés, en passant par Le Monde et notre chef de l’État * , on considère que l’Internet est une poubelle aux rumeurs ** à cause des principes d’ouverture et de liberté d’expression voulus par les créateurs du web, qui ont toujours refusé la mise en place de contrôles et de règlements. Ce qui signifie en clair : il faut mettre en place un contrôle efficace de l’information, des contenus et de la pensée sur Internet. Sous prétexte du danger terroriste ou pédophile, ces messieurs veulent contrôler le web pour écraser les vagues, faire taire les Cassandre, et modeler l’opinion.
Pourtant la Justice, la Police et la Gendarmerie, sont là pour faire respecter les lois, et des exemples récents démontrent que les voleurs, les terroristes, les néo nazis ou les pédophiles de l’Internet ne leur échappent pas. Alors pourquoi ce tapage ? Qui en est vraiment la cible ?
L’existence d’une espèce de (modeste) contre pouvoir de l’information sur le web donne des boutons aux adeptes de l’uniformité et de la pensée unique. Vous verrez qu’ils invoqueront encore de nouveaux prétextes pour tenter d’affaiblir cette libre expression en la discréditant, et en la muselant par de nouveaux règlements si nécessaire. La surveillance des sites et des internautes est en marche en France, en Europe, en Chine, en Australie et aux États-unis. C’est une mesures qui va dans le sens d’une appropriation étatique de l’Internet. Il appartient aux citoyens de s’y opposer comme il leur appartient de s’opposer à toutes les tentatives de limitation de la liberté d’expression.
* "La France est sans doute le seul pays, où l'émergence d'un media aussi révolutionnaire que l'Internet, riche de promesses démocratiques autant qu'économiques, peut être qualifiée de « problème » par le président de la République en exercice" Daniel Schneidermann.
** Quelques uns ont en mémoire le lynchage médiatique dont a été l’objet Thierry Meyssan, qui a eu le culot d’écrire un livre dans lequel il exprime ses doutes sur la version officielle de l’administration américaine à propos des attentats du 11 septembre . Le titre de ce best seller est "L'effroyable imposture" - Il vient d'être réédité.
> Inspiré de l’article de Gilles Lestrade sur Oulala “Diaboliser le Net pour mieux le contrôler”.
http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=271