Le jury Nobel avait fait un pari sur l'avenir en attribuant le Prix Nobel de la Paix à Barack Obama, le 9 octobre 2009. Peu après son élection. Obama la jouait modeste, mais acceptait tout de même le prix et les honneurs (la vraie modestie aurait sans doute voulu qu'il les refusât). Peut être à ce moment là avait-il une pensée pour Mordechaï Vanunu, un autre nobélisable privé de liberté (j'en parle quelques paragraphes plus bas). Il faut bien constater aujourd'hui que, même armé de son prix, Obama n'a pas fait avancer la paix d'un pouce, c'est sans doute le contraire. Voici un inventaire à l'air un peu décousu, mais au doux parfum de pétrole...
En Afghanistan, le pays (et la population avec) est occupé par l'armée américaine avec l’envoi de 30.000 hommes supplémentaires en 2010. Les Talibans sont partout, Al Qaida n'y est pas. La France est montée dans cette galère. Le pavot pousse un peu partout pour le profit du cartel de la drogue et des membres du gouvernement local, dit on. Les femmes sont à nouveau obligées de porter la burqa, sont mariées de force (ou mutilées si elles refusent ces bonnes vieilles traditions). Certains puissants se distraient avec des garçons déguisés en danseuses (avec lesquels ils pratiquent d'autres plaisirs) et invitent les représentants US à leurs soirées.
Tiens on croyait que l'occupation c'était pour libérer les femmes afghanes ?
À moins que ce soit pour construire le fameux oléoduc d'Unocal (une compagnie pétrolière américaine), un projet qui traîne car la guerre n'en finit pas. Un jour, espère le business pétrolier, le Trans-Afghanistan Pipeline transportera le gaz naturel extrait en mer Caspienne et au Turkmenistan et passera par l'Afghanistan pour aboutir au Pakistan dans le port de Karachi (voir la carte).
En Irak, les attentats quotidiens et les règlements de comptes entre factions religieuses font rage et le régime "démocratique" protégé par l'armée US recense plus de morts que sous Saddam Hussein. Mais grâce au maintien de 50.000 soldats les affaires reprennent, et le pétrole est acheminé vers les USA. Belle réussite.
... Mais gilblog, tu oublies Vanunu ? Patience, on y arrive.
Obama prêche à qui veut l'entendre que l'Iran (pays riche en pétrole et où on pourrait construire de nouveaux oléoducs), avec son programme nucléaire menace la paix au Moyen orient. Pourtant dans ce domaine le gouvernement d'Iran est bien en retard. En réalité le danger nucléaire vient d'ailleurs : du gouvernement d'Israël qui possède l'arme nucléaire depuis plus de trente ans (déjà en 1975 il essayait de vendre des armes atomiques à l'Afrique du Sud), une menace qui entretient l'animosité des états voisins.
Ingénieur au centre de Dimona, Mordechaï Vanunu révéla en 1986 au journal Sunday Times, l’existence du programme nucléaire militaire israélien. Après l'avoir enlevé, puis emprisonné pendant dix-huit ans (dont onze ans en isolement total), le gouvernement d'Israël lui interdit toujours de quitter le pays, alors qu'il est sorti de prison en 2004.
Vanunu est considéré par les associations de défense des droits de l'homme comme un prisonnier d'opinion, tandis que le gouvernement israélien le considère comme un traître. Depuis 2004, il a été jugé coupable à nouveau en avril 2007 pour avoir parlé à des étrangers (en infraction avec les interdictions imposées par l'armée), et condamné à six mois de prison ferme, et six mois avec sursis, pour avoir brisé “sa promesse de silence”. Mordechaï Vanunu a été arrêté à nouveau en décembre 2009 et placé en résidence surveillée pour avoir "rencontré des étrangers".
La Ligue internationale des Droits de l’Homme a tenu le 11 décembre dernier à Berlin la cérémonie annuelle de remise de prix, une tradition vieille d’un demi-siècle. Le prix Carl von Ossietzky (journaliste pacifiste allemand des années 1930), a été décerné cette année au pacifiste et dissident israélien Mordechai Vanunu. Comme le dissident et prix Nobel de la paix Chinois Liu Xiaobo, Vanunu n’a pas pu se déplacer pour recevoir son prix à Berlin.
Barack Obama se grandirait en agissant pour la libération de cet homme, et en demandant au gouvernement d'Israël de démanteler son arsenal nucléaire. Bon pour la paix, ça.
Pendant ce temps, aux États Unis, une autre affaire s'aggrave : la promesse non tenue de fermer Guantanamo, et le sort des prisonniers (qui s'ajoute à la reconduction des lois liberticides "Patriot Act" créées par Bush au lendemain du 11 septembre). L'administration Obama rédige actuellement un décret, prévu pour début 2011, qui autoriserait la détention sans chef d'inculpation et pour une durée illimitée des prisonniers actuellement détenus au camp de Guantánamo ! Ce nouveau décret de mise aux oubliettes implique donc que la prison ne sera pas fermée, à moins que les détenus soient transférés dans d'autres oubliettes situées sur le territoire de Etats-Unis.
En somme, Obama fait le contraire de ce qu'il promettait, il fait même du Bush à Bush à Guantanamo !
En France, les grands mamamouchis de la politique, les Diafoirus de tout poil genre BHL, les vizirs des médias et leurs médiacrates, qui savent agiter les droits de l'homme comme un grelot, ne lèvent pas le petit doigt défendre Mordechaï Vanunu.
Pour eux, il faudrait créer un prix Nobel.... celui de l'hypocrisie.
Sources:
Trans-Afghanistan Pipeline
http://hillshepherd.blogspot.com/2009/08/trans-afghanistan-pipeline.html
Mordechaï Vanunu
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mordechai_Vanunu
http://www.silviacattori.net/article758.html
Détention illimitée à Guantanamo :
30 déc. 2010