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Le nucléaire est sans le sou !

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Libération et Le FigaroVox ont publié il y a quelques semaines des informations sur le nucléaire français. Ces nouvelles inquiétantes, ajoutées à l’affaire des cuves neuves et déjà fissurées ont été vite éclipsées par l’actualité : la prochaine catastrophe nucléaire civile sera-t-elle financière ? Quand même, ça mérite qu’on s’y intéresse. Attention, dans ce résumé il va y avoir des chiffres…

37 milliards d’euros. C’est le montant de la dette accumulée par EDF. L’essentiel de cette dette est le coût des 58 réacteurs nucléaires supporté par l’entreprise.

23 milliards d’euros. Il faudra bien démanteler les réacteurs mis en service dans les années 70-80. EDF a prévu et provisionné 23 milliards pour ces travaux.

55 milliards d’euros. Ce qu’EDF doit investir d’ici 2030 pour porter de quarante à cinquante ans la durée de vie de ses centrales nucléaires.

15 milliards d’euros. C’est ce que coûteront à EDF les deux réacteurs EPR de Hinkley Point, en Angleterre. Au minimum.

EDF, plombé par sa dette, n’a plus les moyens de financer l’addition du nucléaire. L’État (qui détient 85 % d’EDF) promet de donner 3 milliards d’euros de recapitalisation. De quoi tenir deux ou trois ans. Et l’État doit ajouter 5 milliards à verser pour sauver Areva. Et ensuite ?

Ensuite, il y a environ 5 milliards d’euros de provisions pour les pertes du chantier d’Areva à Olkiluoto en Finlande.

EDF devra économiser 1 milliard d’euros en 2019 par rapport à 2015, soit bien plus que les 700 millions annoncés au début. Elle va aussi réduire ses investissements de 2 milliards d’euros et céder 10 milliards d’actifs. 

Et pour l’emploi, ça va empirer : EDF a déjà annoncé une baisse de ses effectifs de 5 % d’ici 2018, soit 3 500 postes supprimés sur 67 000 salariés. Et les syndicats craignent le pire pour la suite. Les abonnés seront aussi mis à contribution : notre facture d’électricité pourrait augmenter de 2 à 3 % par an… pendant plusieurs années. On n’a pas fini de payer !

> Pas étonnant que EDF et Areva économisent sur les coûts de construction, et donc sur la sécurité des installations. L’actualité sur l’état des cuves en cours de fabrication et les rapports truqués vient de le confirmer. Et là dessus, pas un mot des politiciens qui nous “gouvernent”.

“La question n'est plus de savoir s'il y aura un accident nucléaire grave en France, mais quand et où”. Ce propos n'a pas été tenu par un anti-nucléaire, mais par un cadre dirigeant d’EDF, écrit Thierry Gadault dans son livre “EDF, une bombe à retardement”. EDF et les pouvoirs publics ont décidé de rallonger la durée de vie des centrales qui avaient été construites pour durer jusqu'à quarante ans. La raison ? EDF, qui a perdu quelque 15 milliards d'euros dans ses opérations internationales, n'a pas les moyens de bâtir de nouvelles unités de production d'électricité pour remplacer les réacteurs qui atteindront les quarante ans d'ici 2028. Exsangue financièrement, EDF joue notre avenir à la roulette russe, ajoute-t-il.
Les conséquences possibles en termes d’accidents font frissonner…. Nous pourrions payer tout ça en euros mais aussi avec une autre monnaie, celle de notre santé et de nos vies. 

> Sources : Libération du -24 avril 2016. L’énergie du désespoir. >>> Lien.
EDF, Areva, l’histoire d’un scandale d’État. Le FigaroVox. >>> Lien.
Les Échos. Dans le bourbier d’Olkiluoto, l’EPR finlandais d’Areva. >>>  Lien.
AgoraVox. Thierry Gadault, auteur du livre EDF, une bombe à retardement. >>>  Lien.