> Suite aux trois amendements récemment ajoutés au "Paquet télécom", chaque état membre de l'Union Européenne serait autorisé à définir les logiciels autorisés sur Internet. Benjamin Henrion, correspondant de la Fondation pour une infrastructure informationelle libre (FFII) à Bruxelles, parle d'un "Internet soviétique" (bien que l'adjectif "chinois" est mieux adapté). S’ils étaient votés, ces amendements permettraient un contrôle absolu du gouvernement sur l'ordinateur du consommateur informatique, car aujourd'hui l'écrasante majorité des logiciels se connectent à Internet pour une raison ou une autre.
> Comme celui qui possède un champ ne peut y semer que des plantes autorisées, celui qui possède un ordinateur devra s'assurer qu'un logiciel est autorisé avant de l'utiliser. Et sous prétexte que des risques existent globalement pour la sécurité des consommateurs, les pires dérives se produiront, comme elles se produisent déjà au niveau agro-alimentaire : voir l'histoire de l'association Kokopelli, qui a tenté de conserver et de développer des espèces anciennes de semences naturelles, afin de les distribuer gracieusement aux paysans les plus pauvres de ce monde. Raté ! Pour l'Etat français, les semences qui ont nourri nos grands-parents sont devenues illégales et dangereuses... car non répertoriées au cahier officiel ! De la même façon, des logiciels non inscrits, bien qu'inoffensifs, seront donc interdits. Par exemple les logiciels libres ou gratuits, sous prétexte qu'ils pervertissent le principe de libre concurrence, comme le plaident les représentants de firmes informatiques ? Une nouvelle atteinte à nos libertés...
> La "Charte de confiance en ligne" récemment divulguée par PC Impact, obligerait tous les acteurs d'Internet à s'autoréguler. Sans passer par une loi, et donc sans débat démocratique ni possiblité de vérification par le conseil d'Etat, les fournisseurs d’accès internet (FAI) et plateformes de blogs, notamment, seraient obligées d'interdire l'accès aux pages ouèbes non modifiées depuis trois mois ! A vue de souris, au minimum 80% du contenu actuellement disponible serait supprimé, et encore... Plusieurs spécialistes visiblement terrifiés évoquent des chiffres supérieurs à 95%.
> Autre trouvaille, parmi tant d'autres, les fournisseurs d'accès, de plateformes et de contenus, seront tenus de mettre en place des outils de détection automatique de dérives, dont les critères restent incroyablement flous. A voir comment le délit d'outrage à agents dépositaires de l'autorité est aujourd'hui utilisé à outrance, cet article pourraît facilement être considéré comme un "outrage à l'autorité", et pour l'avoir reproduit, ce site serait rendu inaccessible ad vitam eternam. Car la simple volonté, même non motivée, d'un agent quelconque "représentant l'autorité", suffirait à obliger le fournisseur d’accès (FAI) ou l'hébergeur à supprimer l'accès à un contenu. Génial !
La mission de La Poste est d'acheminer le courrier, la mission des FAI est de fournir l'accès à l'Internet. Point. Ce que veulent les dirigeants actuels c'est instaurer le contrôle des contenus, ce qui équivaut à demander à La Poste de lire le courrier. Vous êtes d'accord vous ?
> Il ne s'agit malheureusement pas d'une interprétation catastrophiste ou de projections orwelliennes, il s'agit bien de la réalité... Les amendements au "Paquet Telecom" ont été déposés, la Charte "confiance en ligne" a été présentée aux FAI, mais malgré les pressions de Michèle Alliot-Marie, ceux-ci ont refusé de la signer. Tout devait se jouer cet été mais devant les réticences de quelques uns, la validation des textes a été repoussée en septembre. C'est à dire demain.
> L’exemple chinois. Tous les forums et les blogs doivent avoir une licence ICP(Internet Content Provider), sinon ils ne peuvent pas se connecter. Une fois obtenue cette licence et que le contenu du forum ou du blog a été examiné, si les autorités découvrent sur le site des informations qui ne leur plaisent pas, les webmasters peuvent recevoir un appel de la police du réseau leur intimant de supprimer tous les contenus.
Un filtre installé sur le réseau principal peut bloquer toutes les informations du réseau que le gouvernement a décidé d'interdire, les internautes chinois sont dirigés vers un écran qui annonce “Cette URL est bloquée”. Les autorités utilisent cette méthode pour empêcher l’accès aux sites Internet hébergés à l'étranger. (d’après Marianne 2).
> Exemple édifiant l'incroyable histoire du site http://93sang30.com/. Ce site, très peu apprécié par les "autorités", a été suspendu sur simple demande d'un maire socialiste, de façon totalement illégale. Alors si, dans peu de temps, la loi le permet, le nombre de blogs ou autres sites d'information alternatifs à être suspendus ne manquera pas d'exploser !
> Autre exemple, alors que Reporters sans frontières et l’ensemble des médias informent tous les jours le grand public de la censure sur internet qui sévit en Chine, Paul Watson, un journaliste affilé à PrisonPlanet.com, a eu la désagréable surprise de constater une censure totale des sites alternatifs à la gare multimodale de St Pancras à Londres, l’un des plus grands lieux publics du Royaume-Uni.
Au lieu de pouvoir se connecter à Prisonplanet.com par exemple, un écran blanc avec une phrase “Le site que vous tentez d’atteindre a été bloqué”… Tiens, ça ressemble à quelque chose...
Halte aux fous ! Défendons nos libertés !
Halte aux fous ! Défendons nos libertés !
Article publié sur le site "Les mots ont un sens", et quelques mots de moi.
http://www.lesmotsontunsens.com/l-internet-de-demain-ou-le-retour-au-minitel-chinois
Un article sur "Homo numericus :
http://www.homo-numericus.net/spip.php?breve980
Et un extrait de Comment les Chinois censurent le Net.
http://www.marianne2.fr/Comment-les-Chinois-contournent-la-censure-du-Net_a90072.html