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L'europe, un nouvel empire mort-né ?

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Charlemagne, Charles Quint, Napoléon, François-Joseph, Hitler (!)... Tous (et chacun à sa manière), ont eu l'ambition de régner sur l'Europe, d'unifier cette mosaïque de peuples et de pays sous leur autorité. Mais leur volontarisme, essentiellement fondé sur la force, n'a pas pu unir les nations, les empires européens n'ont été que provisoires, ils se sont disloqués les uns après les autres faute d'obtenir l'adhésion ou le consentement des citoyens. Au vu de l'histoire récente et des derniers événements, on peut penser que le fonctionnement de l'Europe actuelle nous entraîne vers de nouvelles crises qui pourraient causer la dislocation de notre tour de Babel, comme ce fut le cas des précédents empires européens. On peut se poser la question....

En se montrant outrés de ce qu'on pense organiser un référendum en Grèce (une consultation démocratique pourtant), les dirigeants européens ont pris le risque d'augmenter encore la colère des grecs mais aussi de scandaliser les autres peuples qui ont déjà été échaudés par la façon dont le suffrage universel est traité en Europe. La méthode est maintenant connue : on refuse la décision du suffrage universel, on fait revoter citoyens et parlementaires jusqu'à ce qu'ils prennent la décision attendue par les gens au pouvoir. Exemples l'Irlande, la France, la Hollande, la Suède, le Danemark...et maintenant la Grèce.

L'Union européenne s'est "construite" loin des citoyens, qui ne sont généralement pas consultés. Ainsi l'adhésion à l'Union n'a fait l'objet d'un référendum que dans seize états membres sur vingt-sept ; aucun des pays fondateurs n'a jugé bon de demander l'avis du peuple, pas plus que la Grèce, l'Espagne, le Portugal, Chypre ou la Bulgarie

Les images montrant la stupeur de Sarkozy, de Merkel et leur réaction à l'annonce d'un référendum en Grèce (si vous le faites vous n'aurez pas un sou !), illustrent la pensée profonde des dirigeants européens qui mènent les pays de l'Union vers un régime nouveau qui ignore et méprise les règles et les mécanismes démocratiques.

A observer les réactions de Sarkozy, Merkel et consorts, on comprend que pour eux, les peuples sont des entités qu'il faut ignorer et tenir à l'écart des informations et des décisions. Pour eux, il faut orchestrer toute consultation populaire pour s'assurer d'obtenir le résultat politique prévu. ....Ou encore mieux, se passer de toute consultation !

En bref, il semble bien que l'Union européenne s'enfonce dans une voie où la démocratie est absente, mais remplacée par des méthodes autoritaires, et même brutales. Dans un éditorial intitulé "Brutalité", Nicolas Demorand s'interroge avec inquiétude (Libération du 4 novembre). Après la Grèce ce sera le tour de l’Italie ou l’Espagne, puis de la France. "Lequel de ces pays accepterait un tel traitement, une telle humiliation ? Que diraient à la télévision, devant leur peuple, leurs citoyens, des dirigeants élus qui ne dirigent plus rien ? Sale atmosphère en Europe. Dangereuse brutalité des rapports entre des Etats membres d’une construction politique qui fut précisément créée pour dépasser, via un destin commun, les relations internationales à l’ancienne, marquées par la domination dérégulée des forts sur les faibles".

Les dirigeants européens et les chefs d’Etat ou de gouvernement ont décidé qu'un peuple n‘avait pas le droit de refuser l’Union européenne, cet instrument intergouvernemental qui leur permet de s’affranchir de la souveraineté populaire pour imposer la "libre concurrence" (entendez la loi du plus fort),  le règne des banques, la domination néolibérale d’une toute petite minorité à la cupidité sans limites.

Ils se refusent à lancer de grands projets d’infrastructure et à investir pour l'avenir, ils refusent de ré-industrialiser l'Europe pour créer des emplois, ils refusent de redonner le contrôle de la monnaie et du crédit  aux États... Ils obéissent aveuglément aux "marchés", c’est dire au conglomérat d’intérêts financiers qui domine aujourd’hui le monde depuis Wall Street.

Ainsi, les présidents des pays les plus forts décident de tout pour l'Europe. Rappelons que le parlement européen n'a pratiquement aucun pouvoir, mais la Commission européenne, une espèce de gouvernement technocratique qui n'ose pas dire son nom, réglemente à tour de bras. Ce "machin" qui n'a pas été élu par les citoyens, mais qui est sous l'influence des lobbys et des banques, n'a pas d'autre projet annoncé que l'économie, l'économie, encore et toujours l'économie. Maigre idéal.

La seule ambition, le seul projet affiché par les dirigeants européens, c'est la monnaie unique, une espèce de divinité pour laquelle nous devons accepter tous les sacrifices. Si l'euro disparait, il n'y aura plus d'Europe ! Peuples, inclinez vous, le veau d'or est revenu ! 

Après la crise de 2008, les dirigeants nationaux et européens avaient promis de limiter la spéculation financière : ce n'étaient que des mots ! La spéculation a continué de plus belle et empêche toute chance de relance économique et de réduction du chômage.

Sous le prétexte de réduire la dette (dont ils sont les auteurs et qui enrichit les banques privées), les gouvernements imposent partout des plans de réduction des dépenses publiques qui détruisent les services publics vitaux et de bien commun : École, Hôpital, Justice, Recherche, Sécurité sociale... Un nouveau tour de vis vient d'être donné aux français avec le plan de privations de Fillon-Sarkozy.

On atteint des sommets en apprenant que c'est Mario Draghi qui succède à Jean-Claude Trichet à la direction de la Banque centrale européenne (BCE). Ainsi, la banque qui sermonne les grecs et veut leur imposer l'austérité est maintenant dirigée par l'ex vice-président de Goldman Sachs, la banque d'affaires qui a relooké les comptes publics de la Grèce pour la rendre présentable et la faire entrer dans l'Europe !!!

Encore une confirmation que ces gens là ne sont pas crédibles quand ils annoncent oeuvrer pour le bonheur des peuples européens.

Nous voila donc conduits à faire un pénible constat  : la politique des dirigeants européens, essentiellement fondée sur l'autorité et l'absence de projet, se montre incapable d'enthousiasmer et de convaincre les peuples (qui d'ailleurs n'avaient rien demandé). Cette "Union européenne", comme les précédents empires européens, ne connaîtra-t-elle qu'une existence éphémère ?

Qu'on me pardonne (ou pas) ce raccourci facile... mais après tout, l'europe ça existe déjà depuis belle lurette, et ne ça fonctionnait peut-être pas plus mal avant la création de l'Union européenne !

Allez,  la prochaine Europe sera peut-être la bonne, ce sera celle de la coopération entre les peuples ....


> Lire.  Dans gilblog : Les peuples européens trahis par leurs élus ?

Brutalité par Nicolas Demorand - http://www.liberation.fr/economie/01012369538-brutalite

L’Union européenne à l’ère post-démocratique - http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-ue-a-l-ere-post-democratique-103539

Sarko et la gauche, les polichinelles de la politique - AgoraVox - http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/sarko-et-la-gauche-les-103292

Sarkozy donneur de leçons - http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cellule-de-riposte-04-11-2011-103663