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Leurs guerres. Nos morts.

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De braves gens innocents sont morts à Paris le 13 novembre. C’étaient des voisins, des parents, des collègues, des amis.

Ils assistaient à un concert, ils buvaient un verre à la terrasse, ils traversaient la rue….

Ils sont morts parce qu’une bande d’assassins, ont tiré dans la foule en plein Paris. Organisés en commando de guerre, ils voulaient faire le plus de victimes possible, et répandre la peur. Ils voulaient déstabiliser les français.

En réponse, François Hollande, Manuel Valls, Nicolas Sarkozy, ont déclaré “Nous sommes en guerre”.

Oui en effet, ils sont en guerre, eux et leurs alliés. Qu’ils se nomment Hollande, Valls, Sarkozy, Cameron, Obama. Ils sont en guerre.

Et ils nous y ont entraîné depuis des années sans nous demander notre avis.

Car la guerre n’a pas commencé le 13 novembre, ni en janvier 2015 lors des tueries de Charlie Hebdo et de l’épicerie cacher. Elle avait commencé bien avant.

Car les dirigeants de la France ont suivi les États-Unis de George Bush depuis septembre 2001. Afghanistan, Irak, Libye, Mali, Syrie …voila presque quinze ans que la France est en guerre. 

Les médias nous disent que nous vivons une ère de guerres à l’échelle mondiale pour en finir avec l’extrémisme, pour vaincre al-Qaïda, pour anéantir le terrorisme. Mais en fait d’anéantissement, on a vu les groupes terroristes se multiplier, s’implanter en Afrique et constituer un “État islamique” sur les ruines de l’Irak et en Syrie.

À quoi avons nous d’assisté pendant ces années ? Fabrication de renseignements sur des armes de destruction massive imaginaires, invasions de l’Irak, de la Libye, assassinats à distance avec drones et sans jugements, torture à Guantanamo, surveillance de masse à l’échelle mondiale. Pourquoi ? Parce qu’une poignée de chefs d’État ont décidé de destituer d’autres chefs d’État, des tyrans avec lesquels ils étaient encore amis la veille.

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Le 17 septembre dernier, le journaliste anglais Nafeez Ahmed a établit un sinistre bilan. Depuis le 11 septembre, la  “guerre contre le terrorisme” a tué environ 14 000 Afghans, 35 000 Pakistanais et 120 000 Irakiens, sans compter les morts indirectes causées par la destruction d’installations de distribution d’électricité et d’eau, d’assainissement et de soins de santé, ce qui fait au total 150 000 morts. Une enquête portant sur des études épidémiologiques majeures menées par les médecins de Physicians for Social Responsibility, évalue le nombre de morts directes et indirectes à environ 1,3 million de personnes. Une autre étude basée sur les données de mortalité de la Division de la population des Nations Unies estime que le nombre de victimes s’élèverait à quatre millions.

On comprend comment les États Unis et leurs alliés occidentaux ont réussi à se faire haïr dans tout les pays du Proche et du Moyen Orient.

Voilà le terreau sur lequel a poussé le terrorisme. 

Mais “terrorisme” est un mot fourre-tout qui n’explique pas grand chose. Et ni les politiciens ni les médias ne font l’effort d’éclairer l’opinion. Tout juste mentionnent-ils les luttes d’influence politico-religieuses entre sunnites et chiites en oubliant de parler des origines du mal.

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Les attentats et les groupes armés, l’état islamique, ne sont pas le fait de l’Islam  en général mais, appelons les choses par leur nom, du Wahhabisme, une doctrine fanatique et hérétique (déviante du sunnisme au dix-huitième siècle) rejetée par le monde islamique. Il faut savoir qu’un régime wahhabite a été installé en Arabie Saoudite pour contrôler le Moyen-Orient et ses ressources pétrolières. Depuis le pacte “pétrole contre protection” du 14 février 1945, les États-Unis assurent la protection militaire du régime wahhabite de la famille des Saoud en échange du pétrole. Avec l’afflux des pétrodollars le wahhabisme a eu le temps de se développer sous l’aile états-unienne. Il s’est propagé à l’extérieur du royaume Saoudien via les médias (télévision, ouvrages, radio, vidéos et internet) et s’est implanté dans d’autres pays. C’est dans le royaume Saoudien que l’on fouette à mort les opposants, qu’on torture, c’est là qu’ont commencé les destructions de sites historiques et archéologiques par les wahhabites. C’est dans cette secte qu’ont été recrutés Ben Laden et les fanatiques d’Al Qaida, supplétifs des USA en Afghanistan dans la lutte contre l’armée soviétique. 
Les musulmans constituent l’essentiel des victimes de la doctrine destructrice wahhabite, qui est la source du djihad, des talibans, d’Al Qaida, d’Al Nosra, des groupes salafistes, de “l’état” Islamique et des multiples groupes terroristes qui ont essaimé. 

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Laurent Fabius aurait mieux fait de se taire au lieu de déclarer à propos d’Al Nosra, branche d’Al-Qaïda, qu’ils “font du bon boulot en Syrie”. De son côté, François Hollande n’a pas fait mieux en reconnaissant armer les terroristes “modérés” de l’opposition anti-Assad, le 19 août 2014 . 

Les attaques du 13 novembre sont la conséquence directe de leur politique irresponsable, à la suite de l’intervention lancée par Nicolas Sarkozy en Libye, à la suite de la politique guerrière des États Unis en Afghanistan, en Irak. 

Maintenant, il faut en sortir. On espère que le récent discours de François Hollande sera suivi de vraies mesures et qu’il ne s’agit pas, une fois de plus, d’un coup de communication.

Certes il faut donner des effectifs et des moyens à la police, à la justice et à l’armée. Certes, il faut contrôler, espionner, les groupes suspects. Certes, il faut lutter contre le traffic d’armes. 

Mais il faut surtout couper les circuits de l’argent et des armes au soi disant “état” islamique, et punir ceux qui trafiquent avec lui.

Empêcher les ventes et les achats de pétrole de “l’état” islamique, et notamment le trafic dont la Turquie est complice.

Intervenir fermement auprès de États et des tyrans wahhabites qui arment et financent les terroristes (Arabie Saoudite, Koweït, Qatar), et de ceux qui leur facilitent les choses (Turquie). Arrêter de leur vendre des armes, des avions, des navires de guerre. Les mettre au ban des Nations et ne plus étendre le tapis rouge lors de leurs visites !

Arrêter de vouloir régenter le proche Orient, mettre en œuvre une politique réaliste et ne plus se tromper d’ennemi. C’est “l’état” islamique qui est un danger pour la France et qui envoie ses commandos tuer sur notre sol, pas Bachar El Assad (même si c’est un tyran lui aussi).

Arrêter de soutenir quelque groupe armé terroriste que ce soit en Syrie sous prétexte de vouloir renverser Bachar El Assad (ça, c’est au peuple Syrien d’en décider avec des élections). 

Aider les Kurdes, les Irakiens et l’armée de Bachar El Assad (après tout, ce sont eux qui font le plus gros effort de guerre sur le terrain), à éliminer tous les islamistes, en coordination avec la Russie et les USA. 

> De simples citoyens ont payé les conséquences d’une politique imbécile qui dure depuis des années. Messieurs qui gouvernez, sachez que : à faire la guerre aux peuples du Proche Orient, vous avez contribué à fabriquer des extrémistes qui ripostent et portent la guerre chez nous. Les innocents tués le 13 novembre, ce sont nos morts, mais parce que ce sont vos guerres. Les terroristes sont des monstres, mais ce sont vos monstres.


> Sources. Les crises. Mille et un 11 septembre. >>> Lien.  
Wikipedia. Wahhabisme. >>> Lien. 
AgoraVox. La vérité sur “la machine à fabriquer des terroristes”. >>> Lien
AgoraVox. Coups bas de la France et des USA au Moyen-Orient.
>>> Lien. 
Libération. Le retour du boomerang.  >>> Lien.  
Lire aussi dans gilblog : La fabrique des réfugiés.  >>> Lien.