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Journée internationale des droits des femmes. À temps partiel ?

journee internationale des femmes

La vie serait un long fleuve tranquille, irrigué par les ruisseaux de la justice, les rivières du progrès, et ponctué de temps en temps par une journée de la femme. Bouquets de fleurs, discours et boites de chocolats...

Depuis Clara Zetkin qui créa la journée internationale des droits des femmes en 1910, les progrès dans la vie des femmes (donc de toute la société) ont été gagnés par la lutte, mais ils restent bien inégaux, quand ils ne sont pas remis en cause. C'est le cas en France avec la généralisation du travail partiel dont les principales victimes sont les femmes.

83% des employés à temps partiel sont des femmes ! Depuis vingt-cinq ans, la part de l’emploi à temps partiel augmente progressivement avec l’augmentation du nombre des femmes dans la population active. Cette forme d’emploi représente aujourd’hui près de 18% de l’emploi total. Le temps partiel touche plus de quatre millions de femmes (4 150 000), sur les cinq millions de Français employés au même régime. Dans le discours officiel en langue de bois "la flexibilité du temps de travail permet de concilier les exigences de la vie professionnelle avec les impératifs de la vie familiale"; c'est bien imité on croirait un ministre ou un journaliste de la télé (non ?). Résultat des courses : en France plus d’un tiers des femmes actives travaillent à temps partiel, c'est à dire avec un salaire partiel ! 

Imaginez et calculez ce que ça donne quand on est caissière payée au Smic, sachant que depuis le 1er janvier 2012 le Smic est passé à 9,22 euros brut de l'heure. Ça donne 1.398,37 euros brut par mois pour 35 heures, le Smic mensuel net est donc de 1 096,94 euros. Si l'on est à temps partiel à 75 %, ça fait 822 euros de salaire net à la fin du mois ! Décidément, les femmes sont de petites veinardes...

Selon les statistiques de l’Insee, la proportion de temps partiel chez les femmes actives vivant seules est inférieure à 20%, elle est de 35% chez les femmes en couple avec des enfants, elle dépasse même 45% chez les mères de trois enfants ! Et ne parlons pas du cas des mères célibataires (en langue de bois, les "familles monoparentales"), 26 % d'entre elles sont à temps partiel...

Entre la caissière à temps très réduit dans une grande surface, et la femme cadre qui libère ses mercredis après midi, les écarts sont spectaculaires : d’un côté ce sont des emplois précaires créés par l'entreprise, de l’autre des aménagements négociés à la demande du salarié. Et les caractéristiques communes : salaire partiel, promotions partielles et retraites partielles sont au désavantage des petits salaires. Pour la majorité des "bénéficiaires" le travail à temps partiel est un travail précaire.

Pour le Conseil économique et social "Le travail à temps partiel alimente les inégalités entre les femmes et les hommes: inégalités de revenus présents, donc de retraites futures, aggravées en cas de divorce ou de veuvage, moindres carrières."

Depuis environ vingt ans en France, le discours gouvernemental relayé par les médias dit que le travail à temps partiel est la solution au chômage.  Pour répondre aux besoins des entreprises qui réclamaient davantage de flexibilité, ces emplois au rabais se sont fortement développés sous l’impulsion de politiques incitatives des gouvernements. L’explosion du travail à temps partiel féminin n’est que le résultat des politiques menées depuis le début des années 1990.

Dans le journal "Fakir", Adrien Levrat demande "qui a détricoté la loi ?" et établit une petite chronologie des faits. 

C'est en 1973 que le sénateur de droite Jacques Henriet propose une loi "d'amélioration des conditions de travail" qui institue le temps partiel. Bel exemple de langue de bois qui nomme "amélioration" ce qui est une régression et un coup de canif au code du Travail (dans les médias ils appellent ça "décryptage", mais dans gilblog, c'est pour de vrai !).

En 1990, Martine Aubry (alors ministre du Travail) fait voter une loi qui encourage le travail partiel au moyen d'une exonération des cotisations patronales de 30%. Allez, un petit coup de décryptage : du point de vue féministe (et aussi du point de vue du bon sens), on peut considérer ça comme du chômage à temps partiel sans indemnités....

En 1991, le pourcentage de salariés à temps réduit était de 12,30 %. En 1998, il atteignait 18,10 %. La proportion de femmes travaillant à temps partiel subi (c'est à dire qui préféreraient travailler à temps plein), doublait en sept ans et passait de 5,30 % à 10,30 %.

Voila pourquoi  (que l'on soit femme ou du sexe opposé), il faut bien choisir son candidat et réfléchir avant de voter.

> Le 8 mars 2012, les droits des femmes sont encore à conquérir et toujours d'actualité. Et concluons par un autre petit coup de décryptage car dans la journée internationale des droits des femmes il y a le mot droits, ça n'est pas "la journée de la femme", et encore moins la fête des mères. 

La fête des mères a été inscrite au calendrier de mai 1941, sous l'occupation allemande, par le régime de Vichy. Et à cette époque là, il y avait des femmes qui préféraient le 8 mars et résister....


> Sources : partout sur le web. Avec Google cherchez travail féminin à temps partiel.

Sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Journ%C3%A9e_internationale_des_droits_des_femmes

Dans gilblog : http://www.gilblog.fr/vu_sur_le_web/clara-zetkin-journee-internationale-des-femmes.html