Depuis des années l’État abandonne les campagnes françaises en laissant se dégrader les services publics (écoles, lycées agricoles, bureaux de poste, maternités, transports...). En trente ans le nombre de paysans est passé de quatre millions à sept cent mille aujourd’hui, et dans dix ans il n’en restera plus que deux cent mille, prévoient les statisticiens.
Les agriculteurs, ruinés par des prix agricoles de plus en plus bas abandonnent leurs exploitations sans repreneurs, suivis par les commerçants et artisans qui ne trouvent personne à qui transmettre leur commerce ou leur savoir faire.
Les élus locaux assistent impuissants à l’empilement de règlements et de lois qui paralysent leur action, ils subissent les maigres moyens financiers (ou le surendettement) de leur commune, qui bloquent tous projets.
D’un côté nos campagnes se désertifient, de l’autre on concentre des populations de manière effrayante dans les “cages à lapins” autour des grandes villes. Les banlieues commencent à ressembler aux villes du tiers monde, alors que des pans entiers de nos territoires agonisent.
Jean Lassalle (Modem) et André Chassaigne (PCF), deux députés atypiques, appellent au sursaut et veulent organiser des “États généraux des campagnes françaises”, préparés par la rédaction de Cahiers de doléances locaux. Un site web vient d'être créé, vous pouvez vous y informer et signer l'appel. Voici un extrait de cet appel présenté au public vendredi 3 avril à Saint Germain du Puy lors d’une réunion présidée par Maxime Camuzat.
> “Qui dira à l’opinion française la vérité sur la situation des campagnes sinon celles et ceux qui vivent le drame actuel dans leur chair ? Il est urgent de briser la “loi du silence” et de donner la parole à ces centaines de milliers de nos concitoyens qui ne demandent qu’à croire en leur destin et en l’avenir des territoires qu’ils habitent.
> A vous populations rurales qui vous mobilisez pour la sauvegarde des services publics, pour essayer de trouver un emploi, pour ne plus être considéré comme des citoyens en dehors de la “vraie société”, de “celle qui prend les décisions”, de “celle qui compte “ parce qu’elle détiendrait toutes les richesses.
> A vous agricultrices et agriculteurs, paysans de France, qui manifestez contre un pouvoir d’achat de plus en plus virtuel, contre l’effondrement des prix agricoles, contre la hausse des marges de la grande distribution,
> A vous commerçants, artisans, médecins, pharmaciens, infirmiers et professionnels de santé qui maintenez au quotidien la flamme de vie et qui trop souvent êtes les derniers à fermer les portes de nos villages.
> A vous ouvriers et ouvrières des industries rurales dont les salaires sont au plus bas.
> A vous travailleurs du secteur privé comme du secteur public, fonctionnaires et employés du tertiaire, à vous instituteurs et formateurs qui donnez tant à notre pays dans une telle indifférence.
> A vous, associations qui agissez dans nos campagnes, bien souvent dans l’incompréhension des pouvoirs publics, pour maintenir un dernier lien social et humain.
> A vous maires et ensemble des élus locaux, qui luttez jour après jour pour tenter de garder un souffle de vie dans nos villes et villages, attirer des emplois, des jeunes, construire des projets d’avenir.
> A vous aussi, compagnons des banlieues françaises, qui savez par expérience ce que signifie le sentiment d’être inutile à la nation et laissé au ban de la société.
> A vous, médias et organes de presse qui pourriez vous engager dans cette belle et grande cause,
> A vous chercheurs, penseurs, intellectuels qui ne pourriez vous résigner à ce qu’un pan entier de notre civilisation ne s’éteigne dans les toutes prochaines années.
> A vous enfin, chers collègues Députés et Sénateurs, parlementaires de France, qui vivez au quotidien cette réalité et qui pensez que cette situation n’est pas une fatalité.
> Et plus largement encore à vous tous, citoyens de notre pays, qui refusez un désastre qui ne dit pas encore son nom !
Assignons une nouvelle mission historique à nos campagnes.
Avec cette grande cause nationale, quelle belle perspective nous pouvons redessiner pour l’ensemble de notre pays !”
De gauche à droite : André Chassaigne, Jean Lassalle, Maxime Camuzat.
Pour en savoir plus : le site de Campagnes de France, grande cause nationale.
http://www.campagnesdefrance.fr/spip.php?article5