“Le Canard enchaîné du 6 avril” vient de relayer des informations concernant les NBT parues sur le web, notamment sur les sites de “Reporterre” et GreenPeace”. NBT, mais qu’est-ce que c’est donc que ce nouveau machin ? NBT, ou en entier : New Breeding Techniques, est l’acronyme en anglais de “nouvelles techniques de manipulation génétique”. Ou en Français : NTMG. Voila, c’est dit, comme ça on peut commencer….
En 2001, les experts Européens de Bruxelles ont défini dans une directive ce qu'est un OGM : un organisme “dont le matériel génétique a été modifié d'une manière qui ne s'effectue pas naturellement, par multiplication et/ou par recombinaison naturelle”. Une définition qui devrait logiquement englober les nouvelles techniques de reproduction génétique. Sauf que les OGM obtenus par mutagénèse, "c'est-à-dire dont le génome est exposé à des agents chimiques ou à des radiations pour les faire muter”, ont été exclus du champ d'application de la fameuse directive. Le “motif” invoqué est que la mutagénèse est une mutation artificielle qui ne fait qu'accélérer la mutation naturelle. Un “argument” qui apporte de l'eau au moulin de l’agrobusiness qui veut faire échapper les NBT aux procédures d'homologation des OGM. Ben oui, c’est contraignant et ça fait des dépenses…
Mais, si les végétaux issus des NBT étaient les mêmes que ceux qui sont obtenus par des procédés traditionnels de sélection, ils ne seraient pas considérés comme des inventions ! Ils sont pourtant brevetés, alors que seules les inventions peuvent être brevetées ! Cette escroquerie embrouille au moyen des brevets permettrait à l’agro business de s’emparer de toutes les plantes et de tous les animaux porteurs de caractéristiques identiques à celles contenues dans le brevet, y compris lorsque ces caractéristiques existent déjà dans la nature ! Ou même si elles sont issues de procédés traditionnels, sans aucun recours à l’invention brevetée. En langage clair, on appelle ça de la bio-piraterie….
L’agrobusiness c’est pas compliqué, y a qu’à se servir ! Le scénario de la biopiraterie est simple : des chercheurs prélèvent du matériel biologique dans la nature. Ils isolent un gène aux propriétés particulières, connues depuis des générations par les paysans. Puis, pour protéger leur trouvaille, ils demandent un droit de “propriété intellectuelle”, généralement un brevet. Enfin, une firme multinationale pharmaceutique ou agrochimique achète ce brevet dont elle tire des revenus illimités grâce à la production de médicaments ou de semences génétiquement modifiées. Ensuite il suffit de dicter les textes de réglementation aux technocrates de Bruxelles, ou du ministère de l’Agriculture !
En moins de dix ans, dix multinationales se sont emparées des trois quarts du marché mondial des semences. Ces industriels ne veulent pas de la réglementation OGM, car elle entraverait leur politique de bio-piraterie. En effet obliger les industriels à étiqueter leurs produits et à définir les critères permettant de les distinguer des produits naturels (ou issus de sélection traditionnelle), serait une atteinte à la “liberté d’entreprendre”. Intolérable mon cher Watson !
Et c’est pas tout, écrit “Le Canard enchaîné” : on peut compter sur les semenciers pour accélérer leur lobbying.
En France, le Haut Conseil des Biotechnologies, créé en 2008 dans la foulée du Grenelle de l'environnement vient de rendre un avis excluant les NBT des OGM ! Une décision qui a semé la zizanie puisque l'un des membres du comité scientifique (Yves Bertheau, directeur de recherche à l’Inra) a démissionné pour cette raison. Pour lui, les effets des NBT peuvent générer des risques sanitaires et environnementaux justifiant de les soumettre aux évaluations, étiquetage et suivis de commercialisation imposés par la réglementation OGM. Et la protestation est allée plus loin le 22 février 2016, quand sept organisations paysannes et de la société civile ont suspendu leur participation aux travaux du Haut conseil des biotechnologies. Ce sont : Amis de la Terre, Confédération Paysanne, Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, France Nature Environnement, Greenpeace, Réseau Semences Paysannes, Union Nationale de l’Apiculture Française.
Le Parlement français doit décider, lors du débat de la loi sur la biodiversité, si les gènes natifs des plantes et des animaux peuvent ou non être brevetés. Quant à l’Europe, elle a annoncé une prochaine décision avant juin 2016. Il est urgent que les citoyens interviennent pour ne pas laisser faire le lobby de la bio-piraterie.
> Un peu embarrassé pour conclure, car je viens de vous infliger la lecture de plein de mots techniques, j’ai demandé son avis à Berlaudiot. Comment distinguer un NBT d’un OGM ? Pour lui, il n’y a pas de différence, c’est la même chose. C’est facile à vérifier, il suffit de renifler : si ça sent le fric, c’en est un !
> Sources. Reporterre. Les pirates des semences veulent privatiser le vivant ! >>> Lien.
Non aux OGM cachés - PDF. Confédération paysanne. >>> Lien.
Reporterre. Le Haut Conseil des Biotechnologies censure un avis défavorable. >>> Lien.
GreenPeace. le Haut Conseil des Biotechnologies passe sous silence les avis divergents. >>> Lien.