Ça aurait pu être quelqu'un d'ici, mais c'est un habitant de Bordères sur l'Échez (Hautes-Pyrénées) qui a classé et pesé les publicités déposées dans sa boîte à lettres pendant un an ! Pas chauvins, on le félicite, saluons une ténacité digne d'un berrichon !
Voilà ce que ça donne en total et en détail : 45 kilos de papier, dont 12,3 kilos pour la publicité de la grande distribution, 13 kilos de prospectus (bricolage, jardin, électroménager, meubles), 6,9 kilos de publicité alimentaire, 6,8 kilos de journaux gratuits, 1,8 kilo de publicité pour les voyages et les vêtements, 2,2 kilos pour l'auto, les articles de sport et les jouets, et 2 kilos de divers. Une fois son évaluation terminée, le courageux citoyen a transporté lui même les pièces à conviction de son enquête à la déchèterie !
Notre Borderais (c'est le nom des habitants de Bordères sur l'Échez), a calculé que pour son village de 1800 habitants, le total est de 80 tonnes par an. Et pour l'agglomération de Tarbes et communes limitrophes (environ cent mille habitants comme la ville de Bourges seule), 1800 tonnes par an !
Pour fabriquer ces quarante cinq kilos de papier il a fallu : Plus de quarante cinq kilos kilos de bois. Plus de cinq tonnes et demie d’eau. Plus de deux cents kilowatts heure d’électricité. Beaucoup d’encre contenant des métaux lourds, des solvants et des adjuvants.
En France, l'ensemble des éditions publicitaires (prospectus, catalogues, et des journaux d'annonces gratuits) représentent une consommation de plus de un million et demi de tonnes de papier chaque année.
La publicité sous toutes ses formes : prospectus, imprimés publicitaires envoyés par la poste, catalogues, journaux d'annonces, constitue un tiers de la consommation de papier à usage graphique (presse, livre, publicité, et papier à usage bureautique) par an.
On évalue à 20 milliards le nombre des prospectus diffusés chaque année en France. Les grandes surfaces en sont le principal producteur (près de 80% des tonnages en 2007).
Bon, assez de chiffres, je vous sens un peu fatigués.
Ces imprimés, la plupart d'entre nous les jettent rapidement, car les "informations" qu'ils véhiculent sont pour l'essentiel des promotions vite périmées ou sans intérêt. Ajoutons que le coût de ces publicités est financé par nos achats dans les commerces qui les éditent !
Dans un forum, une femme s'exprime sur ces publicités envahissantes: "j'en reçois plein et c'est tentant, j'ai envie d'acheter ci et ça, et au final je passe commande... Comment résister ? J'ai jeté des pub et ça remplit vite les poubelles ! On ne pourrait pas leur dire de ne plus en distribuer ? On vit dans une société de consommation qui nous pousse a acheter sans arrêt ça m'énerve, j'ai plein de trucs en double au final !"
Souhaitons à la pauvre femme d'éviter la lente glissade vers le surendettement ! Mais cet exemple un peu extrême, illustre bien une des évolutions qui rongent la société française. Car ces tonnes de publicité polluent, mais pas seulement la planète, cette invasion de pub contribue aussi à la pollution des esprits.
Bien entendu, la pub n'est pas responsable de tous nos maux, la solution serait trop simple ! Mais on se rend à peine compte à quel point le marketing et la propagande publicitaire envahissent nos vies, monopolisent notre attention, nous orientent vers le désir d'objets, l'affirmation de soi par la possession du dernier écran plat, du nouveau modèle de voiture, vers toujours plus d'achats, vers la recherche obsessionnelle du meilleur prix (écoutez, les gens ne parlent que de ça) ...pour finalement nous éloigner des vrais sujets. Les vrais sujets que sont nos familles, la maîtrise de nos choix, la vie en société, le civisme, la réflexion, la participation à la vie du village ou du quartier, l'activité associative ou politique, la culture, les loisirs, le sport....
Pour résumer un peu brutalement on pourrait dire que les français sont passés du statut de "salariés exploités au travail" à celui de "consommateurs exploités par le commerce moderne ET salariés exploités au travail".
Nombreux sont ceux qui refusent les prospectus publicitaires dans leur boîte à lettres et collent sur leur boîte des autocollants "Stop pub", en espérant ne plus être importunés... Mais est-ce suffisant ?
Une bonne interdiction éviterait tout ce gâchis. On devrait mettre Brice Hortefeux sur le coup !
> Source : La Dépêche de Toulouse