Mme Catherine Delmas-Comolli (Préfet du Cher depuis le 27 juin 2008), a repoussé la date de sa décision concernant le projet de l'épandage des boues toxiques, sur vingt-cinq communes du Cher. Le représentant de l'Etat a décidé de prolonger le délai de deux mois supplémentaires (1) pour trancher. C‘est à dire autoriser ou non, l’épandage agricole des boues produites par la station d’épuration d’Achères en région parisienne, et contenant des produits toxiques.
Cette décision, officialisée par un arrêté préfectoral, est motivée par “la nécessité de faire procéder à une nouvelle analyse de la qualité des boues, celle versée au dossier datant de 2005”. On aimerait savoir quel laboratoire indépendant procédera à cette nouvelle analyse et quel en sera le cahier des charges. Car, bien sûr, une analyse indulgente du type de celles déjà produites dans un passé récent par le producteurs des boues ne serait pas acceptable pour les habitants et les associations du Cher nord.
Je rappelle ce que je publiais sur ce site le 7 février 2008 : “Selon monsieur Somavilla collaborateur du Préfet, les boues d’épandage de la station d’Achères, si elles sont conformes aux normes en vigueur, peuvent être dispersées sur tout le Cher Nord. Quand on sait que (selon les associations écologistes) les normes françaises dans ce domaine sont bien en deçà des normes européennes et de ce qui est souhaitable pour garantir leur inocuité, quand on sait que la “SIAAP” (société émettrice des boues de la station de Seine-aval, Achères) procède elle-même aux analyses, on ne peut être qu’effrayés par la réponse de ce monsieur. Au fait, est-il en mesure de présenter aux élus et à la population les documents actualisés attestant de cette "conformité" aux normes ? Peut-il affirmer que ces déchets ne sont pas chargés en métaux lourds - cadmium, nickel, plomb, mercure ? Peut-il affirmer qu'ils ne contiennent pas d'hydrocarbures, de pyralène (non soluble dans l'eau), et de dioxine” ?
Le nouveau Préfet va-t-il autoriser l’épandage malgré l’avis négatif de la population, malgré l’avis négatif des conseils municipaux de la région concernée, malgré l’avis négatif du commissaire enquêteur ? Si c’était le cas, Catherine Delmas-Comolli ferait un choix contre la santé publique et l'environnement, et en faveur des intérêts d’une société privée qui veut se débarrasser de ses déchets au détriment de nos concitoyens et de quelques agriculteurs abusés …
Alors que, par ailleurs, quatre vingt communes du Cher refusent le stockage des déchets radioactifs sur leur territoire, le Préfet devrait prendre une décision de sagesse et tenir compte de l’opinion des Berrichons qui refusent la pollution massive de notre département.
Madame le Préfet, nous restons vigilants.
(1)...Son prédécesseur lui avait repassé la patate chaude à cause des élections municipales et cantonales. Le délai initial expirait le 23 février.
(2) 1.163 signatures ont été déposées en sous-préfecture de Vierzon, et 1.500 en préfecture de Bourges par les Amis de La Borne et les pêcheurs de la Petite-Sauldre.
Source : La Nouvelle République du mardi 18 novembre 2008