La Borne. Blancafort 17 octobre. Le Cher refuse les boues du SIAAP. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Blancafort 17 octobre. Le Cher refuse les boues du SIAAP.

Non aux boues du SIAAP

Les boues-déchets d'Achères, que le SIAAP (Syndicat Interdépartemental d’Assainissement de l’Agglomération Parisienne) veut épandre dans le Cher nord avec l'aval de la Préfecture (c'est à dire des services de l'État), sont une affaire à multiples facettes.

> Une affaire qui concerne la santé publique et l'environnement.

Les boues-déchets d'Achères sont fortement chargées en métaux lourds et produits toxiques, bien plus que les boues de nos stations locales et celles de Bourges. Les métaux lourds et autres polluants non dégradables contenus dans ces boues (baptisées “fertifond”) détérioreront les sols et les eaux. Ce sont les PCB (Polychlorobiphényls), les HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques), polluants organiques persistants. Les métaux lourds (cadmium, cuivre, zinc, nickel, plomb, mercure, arsenic), les produits chimiques, et les autres produits qui ne sont pas recherchés dans les analyses (par exemple vaccins, antibiotiques, oestrogènes). Et d'autres toxiques que l'Europe n'a pas fini d'inventorier...

C'est un déversement MASSIF. Le projet d'épandage prévoit 5000 hectares et 14 000 tonnes par an qui s'accumuleraient pendant huit ans renouvelables dans vingt cinq communes du Cher nord. 5 000 hectares sont concernés par l’épandage annuel de 14 000 tonnes de boues fertilisantes, mais polluées. 

Les boues du Cher, celles des stations d’épuration des villes et villages, s’élèvent à 5 500 tonnes par an. 5 500 tonnes c'est assez pour notre département qui est déjà confronté au  financement de l'amélioration et de l'efficacité de ses propres moyens de traitement (station de Bourges notamment).

> Une affaire qui concerne le respect de la démocratie locale, et la démocratie tout court.

Les voix des vingt trois conseils municipaux qui se sont prononcés contre les boues d'Achères ne pèsent rien pour la Préfecture, pas plus que les voix d'autres élus locaux et de Députés et Sénateurs du Cher, ni que celle du Conseil général. Dans cinq communes  des arrêtés et délibérations veulent s'opposer aux épandages du SIAAP. Mais c'est la voix du SIAAP qui l'emporte !

> Une affaire qui concerne l'aménagement du territoire, au bénéfice de la région parisienne et au détriment de la province.

Il faudrait accepter les boues-déchets de la région parisienne au titre de la solidarité nationale ("il faut bien les mettre quelque part"). Dans ce cas, c'est un mauvais argument, simpliste et trompeur.

Dans l'état actuel, quelle est la contrepartie solidaire aux épandages du SIAAP qui veut déverser ici 14 000 tonnes par an qui s'ajouteraient aux 5500 tonnes produites dans le Cher ? C'est disproportionné, en fait c'est le Cher seul qui assume la "contrepartie". 

Les berrichons ne refuseraient pas un produit sans danger : On peut traiter les boues à condition d'une volonté politique et de moyens financiers. On peut exploiter les autres filières connues, mettre en oeuvre l'incinération à haute température, (ce que la Suisse peut faire, la France peut le faire). La France doit  développer la recherche pour moderniser ses stations d'épuration et mettre au point de nouveaux procédés : il est irresponsable de ne pas le faire, alors que les industries produisent de plus en plus de déchets, de polluants, d'emballages...

> Une affaire de travail mal fait.

La liste des parcelles cadastrales du plan d’épandage est fausse, alors que l'autorisation pour être valable repose sur le cadastre. Des parcelles n’existent pas, d’autres ont changé d’appellation, de contenance ou de destination. 

Des parcelles drainées s’écoulent directement dans la Nère ou l'Oizenotte sans aucune précaution restrictive.

Des parcelles de tête de talweg en zone Natura 2000, interdites par la loi à l’épandage, ne font l’objet d’aucune restriction.

L’épandage est autorisé sur les parcelles au pH de 5 alors que la loi l’interdit.

La définition des périmètres de captages est incohérente.

Des effluents d’origine avicole sont déjà stockés en bordure de parcelles alors qu’il est interdit de superposer des épandages ….etc.

La commission de contrôle "indépendante" que la Préfecture confie à la Chambre d'agriculture, aura pour moyens un stagiaire en CDD de trois mois (jamais démenti jusqu'à présent). 

> C'est une affaire de désinformation.

Oui, les boues-déchets du Syndicat interdépartemental d’assainissement de l’agglomération parisienne, "répondent aux normes en vigueur". ...Mais la Préfecture appuie ses arguments sur des analyses produites par le SIAAP.

Non, il n'est pas vrai que ces boues sont anodines comme on le prétend à la Préfecture : 

Elles représentent un volume trois fois supérieur à celui des boues produites par des stations du Cher, épandues dans le département.

Elles présentent des taux de produits toxiques plusieurs fois supérieurs à ceux des boues locales. Deux fois plus de chrome, deux fois et demi plus de cuivre, trois fois et demi plus de zinc, quatre fois plus de mercure, trois fois plus de cadmium, trois fois plus de plomb...

Il n'est pas vrai que les épandages du SIAAP sont limités à huit ans, il s'agit de huit ans renouvelables. Renouvelables, et sans limitation du nombre de renouvellements ! Alors, combien de fois huit ans ?

Comment la Préfecture peut elle qualifier d'indépendante une commission de contrôle qui sera assumée par la Chambre d'agriculture, favorable aux épandages du SIAAP ?

> C'est une affaire d'autorité.

Le Plan d'épandage est farci d'erreurs (le Préfet le reconnaît lui même), et inapplicable en l'état. Pourtant l'arrêté est maintenu.

Les jeunes cadres de la Préfecture, en costumes-cravates tirés à quatre épingles,  qui s'expriment sur Fr3,  affirment avec une belle assurance que les boues du SIAAP ne présentent pas de risques. Qu'en connaissent-ils vraiment ? Que les boues soient "hygiénisées" ne supprime pas les métaux lourds, par exemple....

Qu'est-ce qui les fait plus crédibles que les associations et les élus qui ont étudié le dossier et en ont envisagé les risques ?

Le Préfet a-t-il été informé des paroles d'intimidation à l'égard des élus locaux qui auraient été prononcées par certains personnes de son administration ? 

D'où ces gens tirent-ils cette "autorité", eux qui ne sont élus par personne ?

Qui (et dans quelle administration ?), informe le SYPREA (Syndicat des épandeurs) qui envoie une lettre d'intimidation au Maire de Blancafort avant que le Préfet signe son courrier en réponse, et que l'arrêté municipal soit rendu public ?


> Un jour, ces gens seront mutés dans une autre administration, ils habiteront ailleurs, ils n'ont que faire des habitants du Cher, qui devront vivre avec les boues-déchets du SIAAP.  Si les berrichons se laissent faire….


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