La construction d’une opinion libérale est un élément
essentiel du phénomène appelé « mondialisation ». Sans cela, la mondialisation
des marchés n’aurait jamais pu acquérir l’apparence de force naturelle et
irréversible qu’elle possède aujourd’hui. Les économistes et les dirigeants
politiques ont eu dans ce processus un rôle décisif, favorisé et amplifié par
les journalistes dominants. Ils ont construit un système cohérent, à la fois
théorique et pratique, qui fonctionne simultanément comme une espèce de philosophie
de l’histoire, un principe universel d’interprétation du monde et un ensemble
de préceptes pour l’action.
Le principal succès de ce travail de construction et de
légitimation est d’avoir largement imposé le sentiment d’inéluctabilité des politiques
économiques libérales, malgré leurs échecs de plus en plus patents et leurs
conséquences sociales désastreuses. Pourtant, l’adhésion aux politiques néolibérales
n’est pas aussi massive que l’on pourrait penser, mais, dans un contexte de
crise, l’essentiel n’est pas de prouver leurs bienfaits aux citoyens, mais
plutôt de convaincre ceux-ci de l’absence de toute alternative - avec le
concours de média.
En réalité, loin d’être la résultante de forces naturelles,
la mondialisation est un phénomène social et, en particulier, une dynamique
politique. Elle est une construction historique, une éventualité réalisée, donc
elle est réversible.
(Librement résumé par gilblog).
Frédéric LEBARON. "LE SAVANT, LE POLITIQUE ET LA
MONDIALISATION". Éditions du Croquant. Collection savoir/agir. Prix 9€. www.editionsducroquant.org