Ceux qui ont lu les pages précédentes dans gilblog savent déjà que l’uranium appauvri est un métal très dur et très dense. Utilisé comme pointe d’une balle ou comme tête d’un obus, il traverse un premier tank, puis un deuxième tank. Performance militaire, redoutable ! Pour la santé humaine, c’est autre chose, et les conséquences de la pollution sont effroyables, notamment pour les civils habitants les régions des conflits. Avec "Uranium appauvri, un tueur très présentable" Jacques Charmelot (ancien journaliste de l’AFP) enquête.
En février 1991, larguées par l’aviation américaine, les premières bombes à uranium appauvri anéantissent des centaines de chars irakiens sur la route de Bassora. Plus de vingt ans après, les médecins de l’hôpital central de la ville constatent la multiplication par quatre du nombre de cancers. Les épaves des chars n’ont pas bougé et continuent de distiller leur poison. Car, après inflammation, les nanoparticules toxiques dégagées par l’uranium appauvri (radioactif et non dégradable) sont inhalées ou ingérées et contaminent l’organisme.
Pendant les guerres de Yougoslavie, l’usine d’armement serbe d’Hadzici (près de Sarajevo) est la cible à répétition des avions de l’Otan et reçoit 4 000 obus à l’uranium appauvri. La plupart des ouvriers sont morts à la suite de cancers. Aujourd’hui, la maladie touche en nombre les habitants actuels, empoisonnés par l’environnement. Ils ne sont pas les seuls.
Un contingent de soldats italiens envoyé au Kosovo en 1999 a lui aussi été contaminé, et c’est en Italie que, pour la première fois, des responsables politiques exigent des comptes à l’Otan, tandis qu’une loi reconnaît les effets nocifs de l’uranium appauvri sur la durée.
La France, qui fait partie des quatre plus gros producteurs mondiaux, tient un autre discours. Selon l’ex-porte-parole du ministère français de la Défense, Gérard Gachet, "aucune étude n’a démontré une quelconque conséquence nocive à long terme pour la santé ou pour l’environnement".
> Comme chacun le sait, ces armes sont essayées au Polygone de tir de Bourges dans un demi secret, ce qui n'est guère rassurant. Le collectif du Cher "Alerte uranium" a adressé trois courriers aux trois nouveaux Ministres (Défense, Santé, Écologie). Il a demandé des rendez-vous à deux députés du Cher. Dans le cadre de ces démarches, une sénatrice UMP rencontrée dans un colloque cette année a posé une question écrite au Ministre de la défense, un député Front de gauche a fait la même démarche. Alerte uranium a également questionné l'ambassadeur de France chargé du désarmement auprès de l'ONU sur les éventuels essais d'armes à uranium par l'armée britannique en France dans le cadre des accords de coopération nucléaire militaire. Le collectif a demandé à rencontrer le Ministre de la Défense à l'occasion de sa venue à Bourges pour visiter les entreprises d'armement le 10 juin 2013. En réponse, une délégation a été reçue par un secrétaire de la Préfecture....
Les gouvernements successifs ne montrent aucune bonne volonté à répondre et bottent en touche à chaque démarche. Les médias ne manifestent aucun intérêt pour ce sujet, pourtant bien plus important que les embouteillages sur la route des vacances !
Espérons que le document de France 5 contribuera à faire avancer les choses.
De son côté, le collectif "Alerte uranium" prépare de nouvelles initiatives à la rentrée.
> "Uranium appauvri, un tueur très présentable" Samedi 17 août, sur France 5 à 19 heures. Rediffusions le 26 août à 14 heures 35
et le 4 septembre à 0 heure 40. Documentaire. Durée 52 minutes. Année 2012. Auteur Jacques Charmelot. Réalisateur François Chayé.
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