Dans un article finement intitulé "L'inquiétude des industriels de la Défense" paru en page 10 dimanche 17 juin, le Berry républicain faisait campagne en faveur de Yves Fromion. Le 17 juin, c'est à dire le jour même où les électeurs du Cher votaient pour départager les deux candidats du deuxième tour de l'élection législative ! Le rédacteur en chef du Berry républicain a-t-il laissé passer cet article sans l'avoir lu ? La direction du Berry a-t-elle demandé à un journaliste la publication d'un article destiné à influencer l'électorat ? On peut s'interroger à juste titre.
Le choix du titre "L'inquiétude des industriels de la Défense", amène quelques remarques... Passons sur l'emploi du mot Défense avec un D majuscule (pour imposer le respect au lecteur ?). On notera surtout l'emploi du terme "industriels de la Défense" au lieu de industriels de l'armement. Encore une formule hypocrite en langue de bois qu'on veut nous faire avaler (comme produit phytosanitaire au lieu de pesticide), et qui essaye de cacher que les armements produits en France sont des armes de mort vendues aux armées (régulières ou non) de pays en conflit. Afghanistan, Libye, Pakistan, Israël, royaumes d'Arabie, Liban, pays d'Afrique... Avant c'était les belligérants de l'ex Yougoslavie ! Et encore d'autres avant...
Les industriels veulent "faire partager leurs inquiétudes pour leur avenir" écrit le journaliste du Berry. Diable, catastrophe et tsunami, la paix nous menace de toutes ses colombes !!!!.... Le besogneux journaliste oublie de se poser la question : les industriels sont-ils aussi inquiets que ceux qui entendent le sifflement des obus qui vont leur tomber sur la tête ? Ah ben non, y avait pas pensé !
Bref, en se penchant le 17 juin jour même de l'élection, sur "l'inquiétude" de Nexter Mbda et compagnie, Le Berry soutient par la même occasion Yves Fromion qui a fait de l'armement son fonds de commerce électoral et qui utilise l'argument de la défense des emplois et de ses démarches (très infructueuses) à chaque occasion qui se présente ...Et notamment durant la campagne des élections législatives. Pour bien guider le lecteur vers le bon choix, Franck Simon, le journaliste de service, brandit la menace de la réduction du budget militaire par les socialistes. Les industriels de l'armement "craignent de voir le nouveau gouvernement s'attaquer au budget consacré à la Défense afin de financer les nombreuses mesures d'ordre social ou économiques" et les "différentes créations d'emplois annoncées" (des créations d'emplois, quelle horreur !). Pas besoin de savoir lire entre les lignes, Le Berry indique clairement à ses lecteurs le bulletin de vote qu'il faut placer dans l'urne !
Comme il ne s'agit pas d'un tract paru après la clôture de la campagne, ça n'est pas un motif de recours pour la candidate Céline Bezoui, mais c'est au moins une pression sur les électeurs dont on se souviendra dans le Cher. Qu'en dit la commission électorale ?
Rendant compte de la réunion électorale UMP de Gérard Longuet du 5 janvier 2012 à Bourges, le même Franck Simon mentionnait une manifestation d'ouvriers de l'armement à l'initiative de la Confédération générale du travail. Le journaliste réussissait le tour de force de ne pas dire les raisons de la présence des manifestants. Allez, on lui dit ! Ils voulaient protester auprès du ministre contre la politique de casse de l'industrie de l'armement et la politique sociale du gouvernement Sarkozy. Cherchez l'erreur....
Si Le Berry ne prenait pas le parti du candidat UMP et des industries qui fabriquent des armes de mort, il nous informerait sur l'épineuse question de la reconversion des industries d'armement. En effet, la réorientation de cet outil industriel particulier nécessite des adaptations et des diversifications bien choisies pour que la production militaire devienne progressivement minoritaire dans le chiffre d’affaire de ces entreprises et que les emplois soient maintenus. Les gouvernements doivent-ils lancer de “grands travaux” susceptibles de fournir des emplois et contribuer à une conversion globale d’une économie de guerre à une économie de paix, ce qui rejoint la lutte contre la pauvreté. Sujet complexe que des économistes très sérieux étudient de par le monde et que les grandes puissances mettent (trop, trop lentement) en oeuvre depuis quelques années, suite aux accords de diminution du nombre d'armes nucléaires.
La question méritait d'être posée à Yves Fromion ainsi qu'aux autres candidats, ça aurait été intéressant. Mais Le Berry préfère nous faire avaler des couleuvres et feint de ne pas être au courant, la rédaction préfère se livrer à de vilaines petites manoeuvres électorales au lieu d'écrire pour informer les lecteurs.
> Lire dans gilblog : Gérard Longuet à Bourges.