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Collège de Sancerre. Fin du feuilleton et épilogue au mode interrogatif.

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Un article de Bernard Collot.

Dix ans pour savoir si on allait donner aux jeunes d’une région un collège neuf sur place, ou ailleurs, pour finir par le même rénové, n’a jamais été la bonne question. La seule qui méritait réflexion, cela aurait été "quel collège pour le demi-siècle à venir" ?

Ce qui est dramatique, c’est que la nécessité de ne pas conserver ce collège vétuste a toujours été considérée comme un embarras, une source d’ennuis, de luttes politiques, d’enjeux financiers ou de prestige. Ouf ! nous voilà débarrassés ! on ne va pas faire durer le jeu plus longtemps, et il faut bien qu’il se termine, au bout de 10 ans, avant que nos enfants reçoivent un plafond sur la tête. Responsabilité, nous dit notre président  du CG.

Tout un territoire, par la circonstance d’un bâtiment délabré, avait l’occasion de se pencher et de pouvoir agir sur la vie quotidienne et l’avenir de sa jeunesse, donc du sien. Et tout un territoire est resté silencieux et passif.

Oh ! bien sûr ! Tous nos édiles nous diront à quel point ils se sont pris la tête, se sont réunis, "engueulés" pendant 10 ans. Nous avons eu droit à des comptes-rendus et contre comptes-rendus, déclarations enflammées ou outragées. Mais il n’a jamais été question d’autre chose que de mètres carrés de terrains qu’on imaginait pouvoir acquérir tout en sachant qu’ils ne seraient pas achetables, de mètres carrés qui étaient offerts mais pas constructibles, de problèmes techniques, etc. Mais, pour quel collège ? Pour quelle future vie de nos enfants ? la question n’a jamais été posée, comme si elle allait de soi : un collège, c’est un collège, point ! Comme un silo à grain est un silo à grain, un cuvage est un cuvage, une tour HLM est une tour HLM… Encore que l’on ne construira jamais un nouveau silo ou un nouveau cuvage semblable au précédent sans se poser les questions de l’évolution, ou des évolutions à anticiper, des techniques et des pratiques, des nouveaux besoins, de ce qui était néfaste dans les précédents ; quant aux tours HLM, les urbanistes commencent seulement à faire une relation avec des conceptions qui datent du temps… de notre collège, et les conséquences qu’elles ont eu sur la vie des habitants des cités. Et quand on les démolit, ce n’est pas pour le reconstruire à l’identique.

Peut-on penser que cette réflexion a eu lieu ? Si oui, elle n’a pas dépassé le cercle fermé d’un ou deux bureaux. Entre qui ? Certainement pas avec les personnes directement concernées, enseignants, futurs parents d’élèves, élèves, population. Si oui, "on" ne leur a même pas fait part de cette hypothétique réflexion qui aurait pu, peut-être,… enthousiasmer. À mon souvenir, il n’y a eu qu’une réunion publique, et encore, il fallait être au parfum et "gonflé" pour s’y introduire, et encore c’était pour présenter un projet bouclé (reconstruction sur site).

Mais voyons ! s’il fallait demander l’avis à tout le monde, où irait-on mon bon monsieur ! Dans notre bonne démocratie, appeler à la réflexion collective pour qu’un projet (dont la vie de tous dépend), devienne l’affaire de tous, soit porté par tous, c’est incongru, inimaginable, voire dangereux ! Vous nous avez élu, nous savons où est votre bien. Dites merci. Sauf que dans toute concertation, il s’agit de faire émerger les besoins, faire exprimer les envies, les idées, les problèmes qui passent inaperçus ou qui peuvent être considérés comme importants seulement par ceux qui les subissent, pointer ce que l’on appelle habituellement "dégâts collatéraux", envisager les conséquences, etc. Et tout notable, tout expert, tout technicien, aussi altruistes soient-ils, ne vit pas quotidiennement ce que chacun de ses concitoyens, chacun des enfants, ados, vivent, ou vont avoir à vivre.

Mais il faut bien avouer que tout un territoire est resté spectateur passif pendant 10 ans. Les véritables enjeux, autrement plus importants que l’endroit où poser la première pierre, ne nous ont pas effleurés. Ou nous n’avons pas osé nous les poser, assumer notre propre responsabilité de parents, de citoyens.  Nous n’avons effectivement plus rien à dire. Nous sommes tous coupables pour n’avoir pas su être responsables.

Et pourtant, il y a bien eu des collèges qui ont été construits après et à partir d’une vaste réflexion collective (La Seyne dans le Var, collège Clisthène à Bordeaux qui a même fait le sujet d’un livre, collège Rosa Park à Châteauroux, etc.). Des collèges qui maintenant sont cités en exemple pour leur réussite, dont les populations sont fières et où enseignants et élèves y vivent plus heureux. Là, l’appel à la concertation n’était pas considérée comme devant obligatoirement aboutir à la foire d’empoigne ! 

La démocratie participative ? Cela fait bien dans les discours ! Si la dynamique d’une région devait être mesurée par autre chose que le PIB, l’histoire du collège ne nous placerait pas bien haut dans l’échelle.

Bernard Collot, futur parent d’élève du collège, citoyen, tout aussi coupable que ses concitoyens sancerrois.


> Lire Bernard Collot sur le web.

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