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Combien de fermetures de captages d'eau potable dans le Cher ?

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Selon une enquête de la Direction générale de la santé (DGS) publiée en février 2012, les pollutions d'origine agricole constituent la principale cause d'abandon de captages d'eau potable en France. Notre pays compte trente quatre milles captages qui donnent dix-huit millions de mètres cube d'eau par jour. Entre 1998 et 2008, près de quatre cent quarante captages ont été abandonnés en moyenne chaque année, révèle l'enquête de la DGS. Selon ce document la qualité de l'eau est la première cause de fermeture de captages (41 %), les pollutions agricoles sont à l'origine du plus grand nombre d'abandons (19 %), suivies par la microbiologie et la turbidité (13 %). La dégradation ou la vétusté des ouvrages représentent moins de 10 % des fermetures de captages.

Dans quarante six départements les pollutions dues aux nitrates et pesticides sont celles qui causent le plus de fermetures (Beauce, Bassin armoricain, Bassin Parisien, Charente Maritime).

Avec quatre vingt treize captages d'eau potable, le Cher fait partie des vingt départements comptant un très faible nombre de captages d'eau de consommation (quantité inférieure à cent cinquante). Dans le bulletin d'information des maires du Cher, on dénombre quatre vingt treize captages mais seulement quarante et un ont un périmètre de protection, ce qui signifie que seulement 51% des habitants disposent d'une eau dont la ressource est protégée. Dans notre beau département, la carte des causes d'abandon des captages établie par l'Agence régionale de santé indique comme motifs : les taux trop élevés de nitrates, pesticides, hydrocarbures, et la turbidité. Entre 1998 et 2008, vingt-trois captages ont été abandonnés ; vingt-cinq sont destinés à être fermés dans la période à venir, dix huit font l'objet d'une étude hydrologique. Une information précise est difficile à trouver, les documents du Ministère et de l'Ars sont globalisés, et à la date du 11 avril 2012 les pages des sites dépendant de la Préfecture sont parfois inaccessibles....

l'Agence régionale de santé du Centre a réalisé un bilan de la qualité sanitaire des eaux distribuées en 2009 sur l’ensemble de la région et aussi du département du Cher (une partie de ces informations a été publiée dans Le Berry républicain du 30 mars). Ce bilan a été élaboré à partir des résultats du contrôle sanitaire obtenu aux robinets des consommateurs. Vous y trouverez les informations et les cartes sur la qualité bactériologique des eaux, les teneurs en nitrates, les teneurs en pesticides. Le lien en bas de page, ne manquez pas cette information..

> L’association CriiEAU (Comité de Recherches et d'Informations Indépendantes sur l'Eau), déclare : "Le risque entraîné par les pesticides est celui de l’exposition à long terme, à des doses très faibles mais répétitives, avec des interactions possibles entre les différents pesticides. Les risques suspectés, sans qu’ils aient pu être démontrés à ce jour, pourraient être des cancers (leucémies notamment), des troubles du système nerveux ainsi que de troubles de la reproduction."

Pour le CriiEAU, le danger réel des pesticides est bien plus grand qu'on ne le pense généralement. Pour beaucoup de pesticides présents dans l'environnement, seuls 10 % du produit se trouvent sous sa forme moléculaire d'origine ; 90 % du produit ont été dégradés par les rayons ultra violets et les bactéries de l'environnement. Ces molécules dégradées ne sont plus détectables par les méthodes physico-chimiques conventionnelles. Ces résidus possèdent pourtant très fréquemment une toxicité similaire aux molécules d'origine. C'est pourquoi l'effet biologique réel des pesticides est très mal évalué par les méthodes conventionnelles. Seuls des tests biologiques (test d'inhibition de la synthèse d'ARN, test d'ancrage cellulaire...) permettent d'en mesurer directement la toxicité. Ces tests biologiques, normalisés depuis dix ans, ne sont hélas pas pris en compte par les normes réglementaires mesurant la qualité de l'eau.

"Les captages sont généralement abandonnés en raison, d'une part, des  moyens à mettre en œuvre pour respecter durablement les limites de qualité fixées par le code de la santé publique et, d'autre part, car la reconquête de la qualité de la ressource s'inscrit souvent dans la durée. Ils sont ainsi abandonnés au profit de réseaux d'alimentation en eau destinée à la consommation humaine interconnectés ou de captages mieux sécurisés, plus facilement protégeables ou prélevant une ressource naturellement de meilleure qualité", déclare la DGS.

On attend un plan d'action anti pollution digne de ce nom pour améliorer la qualité de l'eau. Et ce n'est pas le résumé en langue de bois de Serge Lepeltier à son retour du récent Forum du business de l'eau à Marseille qui pourra nous donner des raisons d'espérer.

> Cependant, la fermeture de captages a un coût, souligné par le Conseil général au développement durable (CGDD), dans une étude sur le financement de la gestion des ressources en eau en France. L'a fermeture des captages engendre en effet des coûts d'investissements pour la création de nouveaux points de prélèvement et des surcoûts d'exploitation permanents, car ces nouveaux captages sont plus éloignés des agglomérations que les anciens (augmentation des coûts de mobilisation et de transport des eaux brutes vers les installations de potabilisation et de distribution). Ce surcoût permanent est évalué "dans une fourchette de 0,04 à 0,10 euro par mètre cube. Sur la base du chiffre de six milliards de mètres cubes de prélèvements annuels pour l'eau potable, le surcoût annuel est ainsi estimé entre vingt-quatre et soixante millions d'euros".

Encore une raison d'être vigilants.... et de surveiller les factures.


> Sources. La qualité des eaux d'alimentation en 2009, documents de l'Agence régionale de santé : http://www.ars.centre.sante.fr/La-qualite-des-eaux-d-alimenta.102610.0.html

Enquête de la DGS www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/bil0212.pdf

Extraits de actu-environnement.com 

Ministère de la Santé : http://www.sante.gouv.fr/protection-de-la-ressource-en-eau-utilisee-pour-la-production-d-eau-potable.html