La Borne. Quand l'agro-business empoisonne, et détourne le droit. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Quand l'agro-business empoisonne, et détourne le droit.

cadre-menace

Une grande enquête a été menée récemment par cinq ONG, dont le MDRGF (Mouvement pour le droit et le respect des générations futures) pour la France, dans cinq pays européens (Italie, France, Pays-Bas, Hongrie et Allemagne) dans des magasins appartenant à seize enseignes différentes. 124 échantillons de raisins issus de l’agriculture intensive ont été analysés par un laboratoire allemand spécialisé, afin de rechercher d’éventuels résidus de pesticides. Les conclusions ont été accablantes…

> Résultats globaux pour les cinq pays.

Il y avait des résidus de pesticides dans 99,2% des raisins analysés (soit 123 des 124 échantillons testés), seul un échantillon ne présentait pas de trace de pesticide !  Le laboratoire a trouvé 0.65mg/kg de pesticide (matière active) en moyenne par échantillon. 20% des raisins étaient contaminés par dix ou plus de dix pesticides différents. 4,8% des échantillons dépassaient les nouvelles Limites Maximales en Résidus européennes (LMR), des limites légales à ne pas dépasser ! Trois échantillons contenaient des pesticides interdits dans les pays de production. Un échantillon dépassait la dose de référence pour la toxicité aiguë fixée par l'Organisation mondiale de la santé! Le dépassement de cette dose de référence, même une seule fois, peut endommager la santé humaine, en particulier la santé des enfants. Et parmi tous ces pesticides de nombreuses matières actives présentaient des risques potentiels pour la santé. On a trouvé des pesticides neurotoxiques, suspectés d’être cancérigènes ou encore pouvant perturber le système hormonal.
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Et pour la France ?

100% des 25 échantillons testés étaient contaminés.  Le laboratoire a trouvé 0,73mg/kg de pesticide (matière active) en moyenne par échantillon. 44% des raisins étaient contaminés par dix ou plus de dix pesticides. 51 pesticides différents ont été détectés au total. Le laboratoire a trouvé 8,5 pesticides par échantillon en moyenne ! Le record a été de 16 pesticides dans un échantillon de raisin acheté ! 16% des échantillons dépassaient les nouvelles Limites Maximales en Résidus européennes (LMR) ! Cerise sur le gâteau (si l'on peut dire), des pesticides interdits d’usage dans toute l’Union Européenne ou dans le pays de production ont été trouvés ! En effet, deux échantillons de raisins italiens contenaient de l’endosulfan, un pesticide interdit dans toute l'UE. Comme le DDT, l'endosulfan est un polluant organique persistant (POPs) qui provoque des dommages à long terme pour l'environnement. De plus, un autre échantillon de raisin italien contenait l’insecticide bromopropylate qui n’est plus autorisé en Italie depuis fin 2007  !

> En résumé : non seulement la quasi-totalité des raisins analysés, issus de l’agriculture intensive, contenaient des résidus de pesticides à un niveau élevé. Mais les doses analysées dépassaient largement les limites autorisées, dans la plupart des cas. Pire : des produits interdits, en tant que pesticides, ont été trouvés sur ces produits "frais"…

> Qu’ont fait les professionnels en France ? Une action immédiate pour remédier à cette situation ? Une réflexion commune, producteurs - grande distribution – consommateurs, pour élaborer les mesures à long terme garantissant qualité et sécurité alimentaires ? Non, pas du tout. Vous êtes assis....?

Le 2 février 2009, la Fédération Nationale des producteurs de Raisin de table (FNRT) a assigné en justice le MRDGF pour avoir... "dénigré le raisin de table". Le procès aura lieu le 6 février 2010 à 14 heures, au Tribunal de grande instance de Paris.

La FNRT réclamait : 500.000 euros de dommages et intérêts, la publication du jugement dans dix médias nationaux, la suppression du dossier sur le site web.

Le but était clair : intimider, censurer l’information, tuer dans l’œuf toute résistance et action de ce type. (Évidemment, l’association ne dispose pas des moyens et sommes demandées).

Même réactions de ces milieux, que lors des études publiées sur les OGM, le sucre, le sel, etc. : intimider, menacer, attaquer en justice les associations pour tenter de les réduire au silence......

En effet, un des artifices, pour étouffer la critique (et la liberté d’expression) est  l’arme "juridique". Ça consiste à multiplier les procès pour donner l'impression "d'avoir la  justice avec soi", et tenter de bâillonner les adversaires en leur imposant de coûteuses procédures. Ce procédé est courant aux USA, on le nomme "Strategic lawsuit against public participation" (SLAPP). On pourrait traduire par : Action judiciaire stratégique contre l'expression des citoyens. 

Ces actions en justice, selon le modèle anglo-saxon, sont destinées à intimider, dissuader, entraver, bloquer les actions menées par les associations, les groupes de citoyens, les consommateurs, les médias indépendants, qui dénoncent des produits ou des services, qu’ils estiment contraires aux intérêts de la collectivité. C'est un détournement de l'usage du droit qu'il convient de dénoncer.

Doit on accepter ces attaques contre la liberté d’expression, le droit des citoyens-consommateurs à la pluralité et la fiabilité de l'information, et le droit à la santé ?… Qu'en pensent nos députés, ce serait ça l'État de droit ? Que fait le Ministère de l'agriculture ? Et la presse qu'en dit-elle ? 

Les moyens de réagir existent, à commencer par l’information la plus large, et l'action des citoyens. On en reparlera certainement....

Lire les articles complets dans

http://www.mdrgf.org/news/news241108_raisin_supermarche_pesticides.html

http://www.generations-futures.org/histoire_generations_futures.html

et

http://www.legrandsoir.info/Agro-Business-Le-Mur-de-la-Honte.html


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