Le principe d'équivalence en substance contredit par une étude russe sur des hamsters (résumé d'un article de Sébastien Portal sur mediapart.fr).
> Jusqu'à présent, les végétaux OGM qui sont consommées dans le monde sont dans une très large majorité des plantes qui accumulent dans leurs cellules un ou plusieurs pesticides (soit par absorption extérieure soit par une production permanente). Les études de plus de trois mois sur des mammifères (généralement des rats) nourris à ces OGM-pesticides (de première génération) sont très rares. C'est pourquoi des "lanceurs d'alertes" et les associations écologistes dénoncent régulièrement cette situation et demandent que les OGM agricoles soient évalués comme des pesticides à part entière (tout le contraire du "principe d'équivalence en substance" inventé par des Diafoirus étatsuniens). Autre grand problème : les organismes d'évaluation se basent toujours sur des études faites par ou pour les entreprises de l'agro business et ne possèdent pas de moyens financiers suffisants pour effectuer eux-mêmes des expertises. A ce jour, les évaluations d'OGM conduites et financées grâce à des fonds publics se comptent sur les doigts d'une seule main, écrit Sébastien Portal.
> Déjà, en 2006, une première étude russe constatait qu’une alimentation à base de soja transgénique diminuait fortement la vitalité des rats et que la mortalité des bébés rats était également beaucoup plus élevée. Dans un rapport au Symposium sur les modifications génétiques le 10 octobre 2006 le Docteur Ermakova résumait une récente expérimentation. Elle avait ajouté de la farine de soja transgénique à la nourriture des rats deux semaines avant la conception, pendant la conception et l'allaitement. Dans le groupe de contrôle, on n'avait rien ajouté à la nourriture. L'expérience concernait trois groupes: un premier groupe de contrôle, un deuxième nourri au soja transgénique et un troisième nourri au soja traditionnel. Les chercheurs avaient ensuite compté le nombre de femelles gravides, de naissances et de décès. En trois semaines, il y avait 25 décès dans le groupe nourri au soja transgénique, dans le groupe de contrôle, il y avait 3 décès, et 3 décès également dans le groupe nourri au soja naturel.
> Sur la photo deux rats de la même portée : le plus gros a été nourri sans OGM, le petit avec de la farine de soja OGM.
> Une autre étude vient d'être présentée à la presse en Russie dans le cadre des Journées de Défense contre les Risques Environnementaux en avril 2010. Menée conjointement par l'Association Nationale pour la Sécurité Génétique et l'Institut de l'Ecologie et de l'Evolution, cette étude russe a duré deux ans avec pour cobayes des hamsters de race Campbell, au taux de reproduction élevé. Le Docteur Alexey Surov et son équipe ont nourri pendant deux ans les petits mammifères, certains de façon classique, d'autres avec du soja OGM (importé régulièrement en Europe) tolérant à un herbicide.
Quatre groupes de cinq paires (mâles/femelles) ont été constitués : le premier a été nourri avec des aliments qui ne contenaient pas de soja, le second a quant à lui suivi un régime alimentaire qui comportait du soja conventionnel, le troisième a été alimenté avec en complément du soja OGM et enfin le quatrième groupe a eu des plateaux repas dans lesquels la part de soja transgénique était encore plus élevée que dans ceux du troisième. A la fin de cette première phase, l'ensemble des quatre groupes a eu en tout 140 petits. L'étude s'est poursuivie dans une deuxième phase par la sélection de nouvelles paires issues de chacun de ces premiers groupes. Et dans la logique du déroulement, les nouvelles paires de la deuxième génération ont elles aussi eux des petits, créant de fait la troisième et dernière génération de cobayes. Ainsi, il y a eu 52 naissances parmi les spécimens de troisième génération qui n'ont pas consommé du tout de soja, 78 parmi ceux qui ont consommé du soja conventionnel. Mais le troisième groupe, celui qui a été nourri avec du soja OGM, n'a eu que 40 petits, dont 25% sont morts. Et pire, dans le groupe qui a mangé le plus de soja génétiquement modifié, une seule femelle a réussi à donner naissance, soit 16 petits au total dont 20% sont finalement morts. Ainsi, à la troisième génération, les hamsters qui, pour les besoins de l'étude ont eu dans leur menu une part importante de soja OGM, n'étaient plus capables de se reproduire... Mais une autre surprise de taille a été observée : certains de ces hamsters issus de la troisième génération se sont retrouvés avec des poils... dans la bouche, un phénomène d'une extrême rareté ! Voir photo de droite.
> Cette dernière étude qui doit être rendue publique dans ses détails en juillet 2010, ne pourra être validée que si elle est publiée dans une revue scientifique internationale avec un comité de relecture par des pairs. Cependant, une expérience d'une durée aussi longue (deux ans) est tout à fait rare, et si elle ne permet pas de tirer de conclusions définitives, elle démontre l'existence d'un risque sérieux et la nécessité d'approfondir et de poursuivre les recherches.
> Selon le journaliste américain Jeffrey Smith, l'étude du Docteur Surov et de son équipe pourrait bien "déraciner" une industrie aux ambitions planétaires où des milliards de dollars sont en jeu. L'affaire est donc à suivre, mais quoi qu'il en soit, depuis l'introduction en 1996 dans l'environnement et dans la chaîne alimentaire de produits agricoles transgéniques (issus de semences dans lesquelles y sont ajoutées un ou plusieurs gênes étrangers afin de conférer à la plante une propriété spécifique), les risques qui y sont liés restent encore très largement inconnus car très peu observés faute d'études suffisamment longues et indépendantes, mais aussi à cause du refus des entreprises de l'agro business de publier leurs propres études, sauf sous la contrainte juridique (affaire Greenpeace-Monsanto, Libération du 14 mars 2007).
> Attendons la validation de l'étude du Docteur Surov et les développements qui suivront. En tous cas, alors que les OGM existent depuis plus de 15 ans, on peut s'interroger sur le fait qu'il n'y ait jamais eu d'étude indépendante et de longue durée en Europe... Sans doute à cause du fameux principe "d'équivalence en substance" (!), et de la pression des lobbies de l'agro business sur la Commission européenne et sur les instances chargées de veiller sur notre sécurité alimentaire et notre santé.
> Sources :
http://www.responsibletechnology.org/utility/showArticle/?objectID=4888
http://www.alterinfo.net/OGM-l-etude-russe-qui-pourrait-deraciner-une-industrie_a45528.html
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