En 1972, l'économiste américain James Tobin propose de taxer les transactions financières. Les banques centrales prélèveraient 0,5 % sur les mouvements pour lutter contre la fuite des capitaux et la spéculation. L'argent récolté serait redistribué en priorité aux pays défavorisés.
En 1995, le candidat socialiste à l'élection présidentielle française, Lionel Jospin inclut cette mesure dans son programme.
En décembre 1997, Ignacio Ramonet, propose dans le journal "Le Monde diplomatique" (dont il est directeur), de créer une organisation non gouvernementale internationale pour une taxe Tobin d'aide au citoyen. L'association Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne) se crée ensuite et popularise l'idée de taxe Tobin.
En novembre 2001, le parlement français vote le principe d'une taxe Tobin, mais en précisant que cette taxe n'entrera en vigueur que si tous les pays de la zone euro votent la même loi.
En janvier 2012, Nicolas Sarkozy reprend l'idée dans la perspective de l'élection présidentielle.
> James Tobin (5 mars 1918-11 mars 2002) est un économiste keynésien, c'est-à-dire, entre autres, favorable à l'intervention de l'État comme stabilisateur de la production, dans le but d'éviter les récessions.
James Tobin fait ses études à l'université Harvard. Il devient conseiller économique auprès du gouvernement des États-Unis de John Kennedy, et professeur à l'université Yale. En 1981, le Prix de la Banque de Suède d'Économie en Mémoire d'Alfred Nobel (appelé faussement Prix Nobel d'économie par les médias) lui est attribué.
C'est en proposant la taxation de certains mouvements de capitaux (transactions de change) que Tobin accède à la notoriété médiatique internationale. L'objectif de ce projet de taxation est de réduire la spéculation à court terme sur les places financières, qu'il juge contre-productive. Le mouvement contre la mondialisation reprend cette idée en la nommant taxe Tobin, et la popularise.
> La taxe Tobin est devenue un enjeu majeur dans le débat politique français, et dans le monde. Cette idée de bon sens s'est peu à peu imposée grâce à l'action de l'association Attac et dans d'autres pays, des mouvements contre la mondialisation, soutenus par une partie de plus en plus grande de l'opinion publique. Et cela, malgré le dénigrement des lobbies financiers, de leurs porte-parole dans les médias, des "experts" économistes libéraux ou académiques, et des politiciens serviteurs des puissances d'argent (vous savez : "la taxe, d'accord mais c'est pas moi qui commence").
Selon Attac : La taxe Tobin représente avant tout un moyen d’affronter des intérêts économiques et financiers qui sont hostiles à toute politique de contrôle des mouvements de capitaux. Ces intérêts, favorisés depuis vingt ans par des politiques néolibérales, ont été privilégiés aux détriments des revenus du travail. Contrairement aux remèdes appliqués d’ordinaire lorsque éclatent les crises financières, la taxe Tobin aurait un rôle préventif.
Toujours selon Attac, la taxe Tobin sur les transactions de change doit être un moyen et non une fin. C'est un outil économique, mais aussi politique, au service de plus d'équité. Il servirait à construire un autre monde où la justice primerait sur la finance et la solidarité sur le profit. La taxe, objet de tant d'opposition et de tentatives pour en rendre l'application impossible, doit faire partie d'un dispositif plus large qui va de la transformation profonde de la fiscalité sur le capital, à la suppression des paradis fiscaux et du secret bancaire, au contrôle des banques centrales et à l’annulation de la dette du tiers-monde.
L'association Attac soutient l'objectif visé par James Tobin, et elle le partage, car les crises financières frappent plus durement les déshérités. Mais Attac a également deux autres objectifs qui lui appartiennent en propre.
Le premier est de dégager des ressources pour le développement du Sud, donner au milliard d'humains qui en sont dépourvus accès à l'eau potable, lutter contre le sida, le paludisme, etc.
L'autre est de permettre aux gouvernements, et donc aux citoyens, de reconquérir une partie des espaces démocratiques abandonnés aux marchés financiers. Attac considère cette dimension comme la principale raison de l'opposition à la taxe Tobin dans les milieux financiers et chez leurs porte-parole politiques : ils y voient, à juste titre, un moyen que les mouvements citoyens utiliseraient pour demander davantage en termes de régulation de l'économie et des flux de capitaux.
Un autre soutien de la taxe Tobin, Joseph Stiglitz (autre Prix de la Banque de Suède d'Économie et qu'on ne peut accuser d'être un anti capitaliste), exprime de très vives critiques contre les solutions choisies par les Européens pour combattre la crise. Pour lui, à cause de ces "politiques d'austérité clairement insoutenables", les gouvernements européens mènent leurs pays tout droit vers le chaos. Pour Joseph Stiglitz ces politiques sont comme "la pratique de la saignée dans la médecine médiévale" qui tuait le malade au lieu de le guérir, alors que la véritable urgence doit être de repenser l'architecture financière mondiale... dont un des éléments serait la fameuse taxe.
> Comme on le voit, les véritables enjeux sont très éloignés de la médiocre tentative de récupération de la taxe Tobin par Nicolas Sarkozy à des fins électorales (à quoi bon faire tant de tapage pour voter une loi... qui existe déjà depuis 2001). En attendant, la taxe (qu'elle soit nommée Tobin ou taxe sur les transactions financières), reste toujours à l'état de projet !
> Sources. Wikipedia, James Tobin : http://fr.wikipedia.org/wiki/James_Tobin
Wikipedia, la taxe Tobin : http://fr.wikipedia.org/wiki/Taxe_Tobin
Attac, Taxe Tobin : http://www.france.attac.org/archives/spip.php?rubrique88
James Tobin, la taxe Tobin et Attac : http://www.france.attac.org/archives/spip.php?article526
Les Échos. Stiglitz exhorte les Européens à repenser leur gestion de la crise. http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0201846370526-stiglitz-exhorte-les-europeens-a-repenser-leur-gestion-de-la-crise-276137.php