Deux fois par an, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLF) édite au Journal officiel son guide "Vous pouvez le dire en français". C'est un recueil de termes qui "doivent être obligatoirement employés par les services de l'État", peut-on lire dans l'introduction. Cette année, la DGLF se penche sur le jargon informatique, qui est sans doute la source la plus importante de l'emploi d'anglicismes en français.
Comment éviter la confusion créée par l’’emploi en français du mot podcast pour : télécharger, alors qu’en anglais il signifie diffuser ? Ce franglais, vocabulaire anglo-américain souvent obscur, prétend nous communiquer des réalités techniques. Réalités techniques souvent difficiles à saisir et à expliquer, même pour les professionnels. Les journalistes spécialisés ne sont pas en reste, eux qui devraient nous rendre les choses plus faciles à comprendre. En fin de compte, le franglais n'est pas le langage d'une élite, au contraire, il est le symptôme d'une double ignorance chez ceux qui le pratiquent : ignorance du français d'abord, mais aussi ignorance de l'anglais.
Voici quelques exemples puisés à la source....en commençant par le mot français. C'est ça qui est normal !
> Arrosage. Au lieu de : spamming, envoi d’un même message électronique à un très grand nombre de destinataires au risque de les importuner.
> Fouineur. Au lieu de : hacker, personne qui sonde, au hasard plutôt qu’à l’aide de manuels techniques, les possibilités matérielles et logicielles des systèmes informatiques afin de pouvoir éventuellement s’y immiscer (on devrait employer bidouilleur, qui serait plus juste). La DGLF donne une définition de hacker qui me semble inexacte, car hacker signifie : qui pénètre par effraction dans des systèmes ou des réseaux (voir wikipedia).
> Amorçable. Au lieu de bootable.
> Assistance. Au lieu de support.
> Banc d'essai. Au lieu de benchmark.
> Bogue. Au lieu de : bug, défaut de conception ou de réalisation se manifestant par des anomalies de fonctionnement.
> Bombardement. Au lieu de : bombing, envoi d’’une grande quantité de messages à un destinataire dans une intention malveillante.
> Bombe. Au lieu de : logic bomb, ou bombe logique ou encore bombe programmée, logiciel malveillant conçu pour causer des dommages à un système informatique.
> Canular. Au lieu de : hoax, information fausse transmise par messagerie électronique et incitant les destinataires abusés à effectuer des opérations inutiles, voire dommageables.
> Cheval de Troie. Au lieu de : Trojan horse, logiciel "inoffensif" dans lequel se dissimule un programme malveillant permettant la collecte frauduleuse, la falsification ou la destruction de données.
> Chiffre arabe. Au lieu de digit.
> Concentrateur (de réseau). Au lieu de hub.
> Cybersquat. Au lieu de : cybersquatting, pratique consistant à accaparer, en le déposant, un nom de domaine reprenant ou évoquant une marque, un nom commercial, un patronyme afin de tirer un profit matériel ou moral de sa notoriété.
> Encre en poudre. Au lieu de toner.
> En ligne, en direct. Au lieu de on line.
> Filoutage ou hameçonnage. Au lieu de : phishing, technique de fraude visant à obtenir des informations confidentielles au moyen de messages ou de sites usurpant l’identité d’institutions financières ou d’entreprises commerciales.
> Glisser-déposer. Au lieu de drag and drop.
> Hotline. Hotline, contrairement à ce qu'on croit, se dit uniquement en France. Parce que ça ne veut pas dire support technique (tech support), mais alors pas du tout. En anglais, ça signifie... téléphone rose !
> Installation automatique. Au lieu de plug and play.
> Logiciel espion. Au lieu de : spyware.
> Logiciel malveillant. Au lieu de : malicious software, malware.
> Message incendiaire. Au lieu de : flame, message à caractère agressif ou malveillant.
> Mémoire-tampon, tampon, mémoire intermédiaire. Au lieu de buffer.
> Multinormes. Au lieu de multistandard.
> Norme. Au lieu de standard.
> Pirate (on pourrait dire aussi casseur de code). Au lieu de : cracker. Voilà le sens vrai du terme : un cracker est un "casseur de code" (informatique) qui s'introduit dans le code, l'analyse, et qui, éventuellement, l'attaque. Rien à voir avec la copie privée.
> Portable A4. Au lieu de notebook.
> Portable sans clavier. Au lieu de notepad.
> Puce, microprocesseur, circuit intégré. Au lieu de chip.
> Programme pilote, pilote. Au lieu de driver.
> Ver. Au lieu de : worm, logiciel malveillant qui se transmet d’’ordinateur à ordinateur par l’internet et perturbe le fonctionnement des systèmes en s’exécutant à l’insu des utilisateurs. Contrairement au virus, le ver ne s’implante pas au sein d’un autre programme.
> Virus, logiciel malveillant qui s’implante au sein des programmes en les parasitant, se multiplie à l’insu des utilisateurs et produit ses effets dommageables quand le programme infecté est exécuté.
> Mettre en oeuvre = Implémenter. Ce mot franglais me déplait particulièrement; pourquoi employer implémenter, alors que to implement est un verbe anglais qui signifie : mettre en oeuvre.
> Éligible. Celui là aussi m'énerve. Nous dire "vous êtes éligible pour une Livebox", pour nous présenter une banale offre commerciale, est ridicule. Pourquoi serions nous éligibles, alors que nous ne sommes même pas candidats à une élection !
Consolons nous avec Georges W (deubeliou) Bush, à qui l'on doit cette phrase désormais célèbre tirée de son immense culture : There is no word in French for “entrepreneur” !
Sources. Tout d'abord le site France terme :
http://www.franceterme.culture.fr/FranceTerme/enfrancais.html
et aussi...
http://www.english-for-techies.net/technical%20vocabulary/franglais_informatique.htm
thaloe.free.fr/francais/today.html
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