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Ah non ! Pas lui !

 

Comment devenir la risée du web en quelques secondes ? Frédéric Lefebvre a répondu à cette question avec talent. Invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV le 6 janvier, le député UMP s'est avéré incapable d'expliquer ce qu'était le web 2.0, bafouillant cette réponse devenue rapidement culte dans la blogosphère : "Euhhh, c'est le, leu, c’est... l'internet d'aujourd'hui". Pas de quoi en faire une affaire, me direz vous. Sauf que ce proche de Nicolas Sarkozy était pressenti pour le poste de  Secrétaire d'Etat en charge de l'Economie numérique. C’est sans doute pour se préparer à cette fonction qu’il s'était auto-proclamé spécialiste du web depuis des semaines. Frédéric Lefebvre s'était déjà mis les bloggeurs à dos en proposant à l’assemblée des amendements liberticides et en accumulant les clichés les plus angoissants sur les travers supposés des internautes. Pour sourire un peu, voici le lien vers la vidéo. http://www.youtube.com/watch?v=xQF5BJMRQkw


Frédéric Lefebvre était déjà la tête de turc d'une bonne partie de la blogosphère à cause de ses propos tenus à l'Assemblée nationale le 15 décembre. Venu présenter un amendement pour taxer l'utilisation de la vidéo sur le web et, surtout, confier au CSA la distribution du label pour les "bons" sites, il prononce une véritable diatribe contre le web en utilisant sans vergogne la crise économique. Le député surfe sur les plus gros clichés...En voici des extraits (tirés du compte-rendu de assemblee-nationale.fr).

> "Je tiens beaucoup à cet amendement parce que le monde vient de vivre la plus grave crise qu’il ait connue depuis 1929, et qu’une seule réponse s’est imposée –réclamée sur tous les bancs– : la régulation. [...] Faudra-t-il attendre qu’il y ait des dégâts irréparables pour que le monde se décide à réguler Internet ?

L’absence de régulation financière a provoqué des faillites. L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes. Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l'absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d’adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ? Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde."

Attention, danger ! Vous avez bien lu : ouvrir notre ordinateur et notre blog fait de nous des criminels en puissance ! À en croire Frédéric Lefebvre  les mafieux-pédophiles-terroristes-copieurs-etc ont déserté leurs pays respectifs pour proliférer sur le web...

Avant l'interview de BFM, la possible future nomination de Frédéric Lefebvre ne plaisait déjà pas à tout le monde. Interrogé par le site de L'Express, le président et co-fondateur de Price Minister et directeur de l'Acsel (Association pour le commerce et les services en ligne), Pierre Kosciusko-Morizet n'avait pas apprécié les propos tenus par le député à l'Assemblée. "On pense que c'est un fou qui a prononcé ces mots", disait-il en espérant "que cette rumeur n'est qu'une mauvaise blague".

De son côté, Nicolas Sarkozy parle de "problème Internet". D'après lui, c'est la cause principale de la crise de la presse (qui pourtant dure depuis des années, et bien avant le développement du web). "Le problème d'Internet est considérable car ce n'est tout de même pas sain que le journal soit gratuit", déclare-t-il avec indignation sur RTL le 27 mai 2008. La liberté d’expression et l'accès à l'information doivent-ils être uniquement du domaine commercial ?

Frédéric Lefebvre, le gouvernement actuel et la majorité ont une obsession constante: museler Internet, un outil qu’ils ne comprennent pas, et qu’ils ne peuvent pas maîtriser, comme la télévision publique ou certains grands journaux. Dans ce gouvernement certains confondent prévention (nécessaire), et diabolisation (caricaturale). Tous les mauvais arguments leur semblent bons pour tenter de “réguler” les sites qui ne leur plairaient pas.


Heureusement, sur le web de bonnes âmes se sont empressées d’aider Frédéric Lefebvre à combler ses lacunes, y compris en images. Je résume. Le Web 2.0 est une expression lancée en 2004 par Tim O’Reilly (éditeur d’ouvrages informatiques), pour désigner un nouvelle étape du Web caractérisée par la gestion dynamique des contenus et surtout par la possibilité pour l’utilisateur de produire lui-même le contenu et d’entrer en interaction avec les autres utilisateurs. Wikipedia, YouTube, Flickr, Facebook, Twitter et tous les sites dits de “réseaux sociaux” sont des exemples de ce qu’on nomme Web 2.0. Voilà, vous en savez plus que Frédéric Lefebvre ! Merci gilblog.

Librement résumé d’un article de Laurent Macabies sur Bakchich info, plus compléments  de gilblog.

http://desourcesure.com/medialand/2009/01/un_gouvernement_pas_tres_net.php