J'ai écrit de petits textes pour Marie qui, comme chacun
sait, est une voyageuse fascinée par les déserts. Celui-ci est de février 2004,
après un séjour en Mauritanie.
On marche dans des ruelles que des gamelles trouées balisent
Dans les échoppes démunies du vieux marché Marie marchande
et troque
et boit les trois thés verts dans les verres étroits
aux enfants elle donne caresses et carambars.
Au soleil du désert Marie prend du hâle
elle marche des jours et ne dort pas dans un lit
elle aime les courbes des dunes
les plateaux infinis semés de cailloux et de roches
la maigre pluie que le sable boit.
Avec les nomades Marie est à tu et à toi
sous leur tente où l'on étouffe
le soir après l'étape elle se déchausse et palabre
Avec eux elle abat un chameau
ils en arrachent le foie qu'ils déchirent des doigts,
le partagent cru dans un plat antique
et saucent avec du pain sableux
Ensemble ils s'abreuvent au bol de lait caillé.
Un chat sauvage convoite le troupeau de chèvres
Marie le pourchasse et l'étouffe
Dans la lutte elle reçoit maintes griffures
On craint pour sa santé.
Au petit matin pour le retour un convoi se forme
les voitures sont rustiques et tressautent sur la piste
alourdies de bagages elles grincent bougonnent et
peinent
et franchissent une passe rocheuse ou le soleil n'arrive
pas.
Avant l'avion le fonctionnaire véreux prélève un bakchiche.