La Borne. Le recensement agricole dans le Cher, et quelques à côtés. | gilblog-archives. | Jean Pierre Gilbert >

Le recensement agricole dans le Cher, et quelques à côtés.

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Le dernier recensement agricole a été réalisé de septembre 2010 à avril 2011. Pendant huit mois les enquêteurs et statisticiens ont mesuré la France agricole sous toutes les coutures. Depuis, les chiffres nationaux, régionaux, départementaux (et même par communes) ont été publiés petit à petit. L'Écho du Berry a donné les principaux résultats pour notre département fin août 2012 et en septembre 2011. En voici quelques extraits, et comme gilblog est curieux, il a recueilli dans l'actualité des informations qui complètent le tableau.

Les premiers résultats du recensement agricole 2010-2011 sont cruels car ils montrent que la baisse du nombre d'exploitations et d'agriculteurs se poursuit. En effet le recensement agricole a comptabilisé trois mille huit cent six exploitations agricoles dans le département du Cher en 2010, contre cinq mille cent trente huit en 2000 et sept mille cent cinquante trois en 1988. La tendance est la même dans l'Indre, les départements voisins et le reste de la France. 

Ainsi, dans le Cher depuis 1988 le nombre d'exploitations a baissé de 46,8 %. La surface agricole utilisée a elle aussi diminué mais dans une moindre mesure :  l'agriculture dans le Cher a perdu  5,2 % de sa surface utile. 

En dix ans le Cher a perdu 26 % (moins mille trois cent trente deux) de ses exploitations agricoles et l'Indre en a perdu 23 % (moins mille quatre cent vingt six). Les deux départements se situent dans la moyenne régionale (24 %) et nationale (26 %). 

La surface exploitée totale a baissé de 2% dans le Berry (soit dix huit mille hectares), la taille moyenne des exploitations a beaucoup augmenté par rapport à l'année 2000 : plus 31 % dans le Cher (surface exploitée cent quinze hectares en moyenne). Quant au nombre d'actifs agricoles, il a baissé d'un quart en dix ans, principalement à cause du développement de la  mécanisation. La population active agricole a également évolué : la part de travail effectuée par des membres de la famille du chef d'exploitation est passée de 14 % à 8,5 % dans la région Centre en dix ans. Fini l'époque où la main-d'oeuvre des fermes était familiale. 

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> On voit que tendance à la concentration continue. Elle est soutenue par la croyance que l'augmentation de la taille des entreprises agricoles les rendrait plus compétitives sur les marchés mondiaux. Les syndicats dits "minoritaires" (Coordination rurale et Confédération paysanne) dénoncent cette évolution vers des fermes toujours plus grosses et plus gourmandes de capitaux. Ces syndicats signalent que les fermes deviennent trop chères pour être reprises par des jeunes ou des particuliers et qu’elles tombent de plus en plus entre les mains de sociétés anonymes. Coïncidence fâcheuse : ce sont les plus grosses exploitations qui reçoivent le plus d’aides puisqu'elles sont le plus souvent proportionnelles au nombre d'Hectares.

> Autre coïncidence fâcheuse : malgré la légère réduction des surfaces exploitées, les zones vulnérables aux nitrates s'étendent. C'est ainsi que la Direction régionale de l'environnement, de l'agriculture et du logement (DREAL) veut élargir la zone vulnérable aux nitrates à soixante treize nouvelles communes du Cher. En cause la contamination des eaux souterraines, la contamination des eaux superficielles et plus loin (bien plus loin), l'eutrophisation marine. Pour les céréaliers et les éleveurs, les conséquences seraient de modifier les calendriers d'épandage et de procéder à de nouvelles définitions de l'équilibre de la fertilisation, notamment. On en entendra parler à nouveau....

> Malgré les différences entre productions et leur grande variété, les agriculteurs français sont tous soumis à la même injonction qu'elle vienne de l'Europe, du ministère de l'Agriculture ou des acheteurs des grandes surfaces (dont le pouvoir a été renforcé par la Loi de modernisation économique (LME) d’août 2008) : il faut produire encore et toujours moins cher ! Le libéralisme mondialisé leur impose la concurrence des moins-disants : vins des USA et du Chili, viande d’Argentine, tomates et fraises du Maroc et d'Espagne... On annonce une rentrée syndicale chaude chez les agriculteurs car la réponse de la Commission européenne et du gouvernement français est toujours la même : dérégulation et harmonisation des prix par le bas. Car les prix sont bas pour toutes les productions, que ce soit pour les fruits et légumes, le lait, les ovins, le porc, la viande bovine... Mais pour les consommateurs c'est autre chose !

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Lait, porc, fruits, légumes, céréales... Les prix de tous les produits agricoles se sont effondrés. En moyenne, une chute de 8,8 % entre 2009 et 2008 (source Insee). Avec un prix en baisse de 15 %, les éleveurs laitiers ont vu leur revenu divisé par deux. Les céréaliers ont vu le prix du blé perdre plus de 23 %. "On a dérégulé le marché et on ne se protège plus aux frontières", "La politique agricole organise délibérément la paupérisation des agriculteurs" dénoncent des syndicalistes des Jeunes agriculteurs et   de la Confédération paysanne. 

En août 2012, la commission des comptes de l’agriculture de la Nation a annoncé une chute sans précédent de moins 34 % du revenu agricole. Après une année marquée par plusieurs crises, une grande partie du monde paysan souffre : avec quatorze mille six cents euros par an, le salaire moyen des agriculteurs est revenu à son niveau de 1970 !

> Mais tout ne va pas si mal pour tous. En 2011 les entreprises françaises de l'agro business ont touché pour l'année onze milliards d’euros au titre de la Politique agricole commune (PAC). Le premier bénéficiaire français est le volailler Doux (le petit malin), avec cinquante cinq millions d’euros (Doux avait déjà bénéficié de soixante millions d’euros en 2010). Mais toutes les aides ne sont pas rendues publiques... Les cinq cent mille agriculteurs dont le détail des aides reste secret (pour “respect de la vie privée”) ont touché au total près de dix milliards. 

...De quoi secouer le prunier de la réforme de la Politique agricole commune (la fameuse PAC), qui doit intervenir d'ici 2013. Malgré son épaisse toison, Stéphane Le Foll,  nouveau ministre de l'Agriculture a de quoi se faire des cheveux !


> Pour en savoir plus. 

Recensement agricole du Cher, en PDF à télécharger. http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf_D1811A01-2.pdf

Recensement agricole de la France, en PDF à télécharger. http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf_primeur266.pdf

L'Écho du Berry. http://www.echoduberry.fr/actualite/2-758-exploitations-agricoles-ont-disparu-en-dix-ans-dans-le-Berry-2415.html et http://www.echoduberry.fr/actualite/Le-nombre-d-exploitations-continue-de-chuter-en-Berry-2787.html

Terre net. http://www.terre-net.fr/actualite-agricole/economie-social/article/la-france-a-perdu-le-quart-de-ses-exploitations-en-10-ans-202-74237.html

Agro média. http://www.agro-media.fr/actualit%C3%A9/conjoncture-tendance/les-premiers-r%C3%A9sultats-du-dernier-recensement-agricole-sont-tomb%C3%A9s

La Terre. La concentration continue de faire son œuvre en agriculture en France.

http://www.laterre.ca/vie-rurale/plus-de-fermes-sans-visage-en-france/

Les subventions de la PAC.  Le ministère de l'Agriculture doit rendre publique la liste des bénéficiaires des aides Pac. Déception, c'est bidon car le site telepac est conçu pour que le citoyen ne puisse pas l'exploiter, essayez pour voir ! https://www3.telepac.agriculture.gouv.fr/telepac/tbp/accueil/accueil.action