Le truc nous est arrivé une fois. À Paris, nous marchons vers le musée des Arts premiers, pas loin de la tour Eiffel. Un homme venant vers nous ramasse quelque chose par terre et nous le tend, c'est une bague en or. "C'est à vous ? dit il, ah elle est belle ! Dommage, je ne peux pas la mettre à mon doigt, donnez moi un billet et prenez la" ! Méfiants, car nous savons que les quartiers à touristes attirent un tas de pickpockets et d'arnaqueurs, nous refusons et passons notre chemin.
La semaine dernière à Bourges, rue de Sarrebourg près de la Place des marronniers, la même scène se reproduit sous mes yeux. Une dame sort d'une boulangerie, un homme aux cheveux courts, en polo et pantalon impeccable, vient vers elle. On entend un tintement métallique, l'homme se baisse et se redresse d'un seul mouvement, il tend une bague qu'on dirait en or à la dame. Elle refuse et s'éloigne rapidement. Je la rattrape et lui dit "vous venez d'échapper à une arnaque", "oui répond elle, et c'est la deuxième fois que ça m'arrive" !
Sur le site de Rue89, la journaliste Nesrine Briki décrit la chose en détail. À Paris, elle assiste plusieurs fois à la même scène sur le pont Alexandre III et près du Petit Palais où une "étudiante" ramasse une bague qu'elle propose à des passants. Pour en savoir plus, Nesrine Briki s'approche de l’arnaqueuse, la salue, lui déclare qu'elle a observé son manège et lui échange la fameuse bague contre un Ticket Restaurant. L'étudiante-arnaqueuse accepte et détale à toute vitesse.
La bague est massive et pèse assez lourd. Deux poinçons sont gravés à l’intérieur : "750" et "18K", ils ressemblent à des poinçons authentiques. La journaliste trouve un bijoutier dans le quartier, lui montre la bague et lui demande si c’est de l’or. Réponse : "c’est du toc" ! Le bijoutier montre une boîte à chaussure pleine à craquer de bagues identiques à celle "trouvée" par la fausse étudiante et raconte : "Les gens qui viennent avec cette bague sont victimes d’une arnaque bien rodée et très efficace : on vous aborde pour vous rendre une bague en or que vous auriez soi-disant perdue, la personne prétend ensuite que sa religion lui interdit de porter des bijoux ou qu’elle n’est pas à sa taille et vous la cède contre de l’argent, mais la bague est en cuivre et elle n’a aucune valeur."
Cette entourloupe est basée sur la cupidité de quelques naïfs. Avant de comprendre qu'il est grugé, le pigeon a l’impression de faire une bonne affaire en achetant pour quelques billets une bague perdue (normalement, il faudrait la rapporter aux objets trouvés ou au commissariat de Police). Mais en ce bas monde rien n’est gratuit !
À Paris les cas se sont multipliés depuis 2010. On commence à les signaler dans les grandes villes. Maintenant les arnaqueurs sont à Bourges, signe que Bourges est une grande ville aussi.... Espérons que les berruyers sont moins gogos qu'ailleurs !