Jean-Claude Bourdin, curieux d’histoire locale et chercheur obstiné, est l’auteur de l’étude Origine et ancienneté du verger de Saint-Martin d’Auxigny, autrefois “la forêt Saint-Martin”, que j’ai résumée dans gilblog le 24 avril 2023. Mais Jean-Claude ne s’est pas arrêté là et m’a communiqué une autre étude, due à Édouard André cette fois, sur le même thème, dont le titre est : La forêt de Saint-Martin; son histoire, ses habitants, sa production.
Dire qui était Édouard André mérite le détour que je vais faire, car ce sera l’évocation d’un fameux berrichon. Et comme gilblog aime parler des berrichons remarquables, on ne va pas louper une occasion !
Les lecteurs de La Bouinotte ou des chroniques de Roland Narboux connaissent peut-être déjà notre bonhomme : Édouard-François André, né le 17 juillet 1840 dans une famille de modestes pépiniéristes des marais de Bourges, mort le 25 octobre 1911 à La Croix-en-Touraine, est un jardinier et paysagiste français de réputation internationale.
Édouard André s’est passionné toute sa vie pour le monde végétal; ce botaniste, horticulteur et explorateur est connu dans le monde pour ses réalisations et ses découvertes. (Ne pas confondre notre berrichon avec son contemporain et homonyme, le riche collectionneur Edouard André (1833-1894) créateur du musée du même nom, à Paris).
Placé comme apprenti aux établissements André Leroy à Angers, Édouard André apprend beaucoup ; l'arboriculture et le fonctionnement d'une entreprise industrielle de dimension internationale. Puis il monte à Paris et devient élève jardinier au Muséum national d'histoire naturelle. Sa formation dure un an, avec l'enseignement de Joseph Decaisne, pensionnaire de l'Académie des sciences , il quitte le Muséum en s'étant constitué un carnet d'adresses qui lui sera fort utile. Puis il entre en 1860 au Service des promenades de la Ville de Paris, et participe aux plantations du parc des Buttes-Chaumont. Son ascension est rapide et il est chef des cultures de la ville de Paris en 1863.
Lauréat du concours organisé par la ville de Liverpool pour la création du parc Sefton en 1866, il s'engage dans une carrière libérale qui le conduit dans l'Europe entière pour des commandes publiques ou des commandes privées.
Il crée la fameuse roseraie de L'Haÿ-les-Roses. Paysagiste réputé, on lui doit aussi le champ de Mars de Montpellier, le jardin public de Cognac et bien d’autres, sans oublier le parc du casino de Monte-Carlo.
On lui confie en 1875/1876 une exploration botanico-horticole en Amérique du sud, dont il rapporte un butin immense : 4300 espèces dans son herbier dont 3600 découvertes, 350 dessins, aquarelles et photographies, 3192 insectes, 78 mollusques, 181 échantillons végétaux conservés dans l'alcool, 166 objets ethnographiques, 166 minéraux et fossiles, 1108 animaux préparés pour la naturalisation et un journal en 7 volumes !
La famille de l'ananas (Broméliacées) devient sa passion et sa spécialité, il propose aux horticulteurs la culture de nombreuses nouveautés ou hybrides issus de ses voyages et de ses travaux.
Il devient professeur d'art des jardins à l'École nationale d'horticulture de Versailles.
Il est appelé par la municipalité de Montevideo pour établir l'urbanisation verte de la ville en 1890.
Édouard André dirige durant plus de vingt ans, la prestigieuse Revue Horticole. Il est l'auteur de nombreux articles et communications, dont celle qui nous intéresse, en 1863 à la Société du Berry.
Plus d'un parmi vous, Messieurs, se rappelle à ce propos que notre Berry possède encore un district dans lequel habite une population qui n'a presque rien de commun avec les populations d’alentour. Vous avez tous nommé : la forêt Saint-Martin. Il y a longtemps que l'attention de nos compatriotes fut appelée sur cette part remarquable du territoire berrichon ; chacun sait la tradition qui explique la naissance de ce peuple singulier. Ce que l'on sait moins, c'est le degré de vigueur de son caractère étranger, qui se retrouve de nos jours aussi vivace que jamais, modifié sans doute dans la forme, immuable quant au fond.
Ainsi commence la narration de l’histoire, de la géographie, de la géologie, des cultures, des variétés de fruits, des modes de commercialisation des productions, du caractère des habitants : ne reculant jamais sur la besogne, grands chicaniers, grands disputeurs, ils sont semblables à celui qui disait à son juge "Je veux au moins ce qui m'est dû”.
> Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Dans de prochaines pages de gilblog, nous poursuivrons l’évocation des forêtains et de la forêt Saint-Martin …et des poumes !
> Illustration: Portrait d’Édouard André par Édouard Debat-Ponsand. Édouard André en Amérique du Sud, gravure d'époque
> Lire dans gilblog : Les écossais et les pommes de Saint-Martin-d’Auxigny, de la légende à l’Histoire. >>> Lien.
Jardins secrets. Biographie d’ Édouard André. >>> Lien. `
Roland Narboux. Edouard André, un
paysagiste de génie. >>> Lien.