En janvier 2011, j'écrivais dans gilblog à propos du très modeste musée Marguerite Audoux ouvert alors à Aubigny : "Quand y aura-t-il un projet véritable, émanant des services culturels du département, ou de la région, coordonnés avec la municipalité d’Aubigny, pour donner à Marguerite Audoux la place qu’elle mérite dans un musée digne de ce nom" ? Eh bien, ça y est, un nouveau musée vient d'ouvrir à Sainte Montaine au printemps 2015. Ce sera l'occasion pour les visiteurs de commencer à découvrir cet écrivain dont la vie et l'œuvre furent peu communes, et qui a passé une partie de sa jeunesse comme bergère à Sainte-Montaine ...avant d'obtenir le Prix Fémina !
Dans un local plus spacieux que l'ancien musée d'Aubigny sur Nère, les visiteurs peuvent découvrir la vie de la romancière dans un espace scénarisé très contemporain. Cette fois, des moyens ont été déployés : espace vidéo, dispositifs interactifs, panneaux lumineux, photos d’archives, extraits de livres, quelques meubles et objets personnels, dans un décor fait sur mesures… C’est séduisant, l’ensemble est au goût du jour et attrayant, matière à des visites et animations intéressantes pour les scolaires, avec les outils modernes mis à leur disposition.
Pour les autres publics, ça reste un peu "en surface", et le contenu semble un peu délaissé au profit de la forme. On pourra regretter que la biographie de l’écrivain, un travail de qualité réalisé par le Centre de documentation pédagogique du Cher, n’ait pas été exploité sous une forme rénovée. Il est vrai qu’à Aubigny, elle était reléguée dans un couloir ; la voilà maintenant passée aux oubliettes, au profit d’une salle vouée à la promotion …de la commune de Sainte Montaine. Malgré ces quelques reproches, le musée a le mérite de faire connaître un grand auteur qui fut aussi une femme attachante et exceptionnelle, aux antipodes de ce qu’on nomme aujourd’hui le “bling bling".
Il faut rappeler que Marguerite Audoux est un écrivain du peuple, mais pas un écrivain social ou "engagé". Son œuvre est d'une autre nature, c'est celle d'une femme sensible à la vie des humbles pour l'avoir elle même vécue. Généreuse, elle est pleine de courage et de dignité. En celà elle s'adresse plus que jamais à nos contemporains, dans l'époque pleine de dureté où nous vivons.
Cette femme du peuple fait une entrée spectaculaire sur la scène littéraire en obtenant dès son premier roman le Prix Fémina en 1910 ; elle a quarante quatre ans. Plus de cent mille exemplaires et traductions en huit langues ! Elle a pour amis d’illustres écrivains comme Alain Fournier, qu’elle considère comme un fils spirituel, André Gide ou Valéry Larbaud, Charles-Louis Philippe, Jean Giraudoux, Michel Yell, qui lui vouent une grande estime. Citons aussi Francis Jourdain, un précurseur du “design” (comme on dit en franglais), qui créa le mobilier de l’écrivain. Marguerite Audoux publie ensuite “L’atelier de Marie-Claire” et d’autres romans : “De la ville au moulin”, un recueil de contes “La Fiancée”, et à titre posthume “Douce Lumière”.
Le Berry Républicain, qui a brièvement mentionné l’inauguration dans une rubrique locale, n’a même pas jugé bon de consacrer un article à l’écrivain Marguerite Audoux, ni à ses romans, dans une de ses pages culturelles, afin de saluer l’événement comme il se doit….
> Biographie express. Marguerite Audoux est née à Sancoins en 1863. Son père, enfant trouvé, s'appelle Donquichotte, nom donné par l'employé de mairie qui l'inscrit à l'état-civil. La mère de Marguerite meurt de tuberculose en 1866. L'enfant passe de l'orphelinat à l'atelier d'un tailleur, puis travaille à la ferme de Berrué à Sainte Montaine comme bergère. En 1881, elle part pour Paris où elle devient couturière. Quand elle écrit “Marie Claire", elle prend le nom de sa mère comme nom d'écrivain. Marguerite Audoux meurt à soixante quatorze ans à Saint Raphaël en 1937. Ce n’est sans doute pas un hasard si le nouveau magazine féminin créé cette même année porte le nom de “Marie-Claire” et le porte encore….
> Musée Marguerite Audoux. Centre Socio-culturel 18700 Sainte Montaine. 02 48 58 26 12.
Pour visiter. Le musée est ouvert toute l’année. Jusqu’au 30 septembre, du mardi au dimanche, 14 heures à 18 heures. Du 1er octobre 2015 au 31 mars 2016, du mardi au dimanche, 14 heures à 17 heures. Tarifs : 5 euros, 3 euros pour les enfants de moins de quinze ans. Pour les groupes, 4 euros par personne à partir de dix.
> Découvrez ou relisez “Marie Claire” et “L’atelier de Marie-Claire”. Les deux romans réunis en un volume de quatre cents pages. Éditions Grasset, collection “Les cahiers rouges”. 11,50 €.
> Pour en savoir plus sur Marguerite Audoux, dans Wikipedia. >>> Lien.
> Lire aussi dans gilblog. Le musée Marguerite Audoux, modeste comme l'écrivain. >>> Lien.
Marguerite Audoux, romancière et berrichonne. >>> Lien.