> Le communard Jean Rama, dit Joanny, était instituteur. Avant d’être collaborateur d’Édouard Vaillant, délégué de la Commune à l’enseignement, il habitait Bourges, rue d’Auron. Il est né 25 juillet 1828 à Lyon, fils de Marie, Jeanne Rama, ouvrière tailleuse, et de Félix, Charles, Auguste Jouglas, homme de lettres et professeur.
> La rue d’Auron s’étend de la rue des Armuriers au boulevard et au pont d’Auron. Depuis l’époque Gallo-romaine, la rue d’Auron est l’entrée sud dans Bourges. Elle a toujours porté le nom de la rivière Auron qui est son point de départ. Le haut de la rue a connu plusieurs noms : ”rue haute”, rue Fernault”, "rue de la Montagne" sous la Révolution, et "rue du Tambourin d'Argent" jusqu'en 1835. En haut de la rue à droite, une belle maison à pans de bois a été longtemps baptisée maison de Jacques Cœur. Détruite lors de l'incendie de 1487, elle appartenait en réalité à la famille de Macé de Léodepart, épouse du Grand Argentier. Mais Jacques Coeur est né rue de la Parerie, proche de l'Église Notre Dame.
- Le Journal du Cher du samedi 29 avril 1871 écrit : ”Encore un citoyen bien connu à Bourges qui figure parmi les auxiliaires de la Commune de Paris. C’est M. Rama, lequel habitait la rue d’Auron il y a peu de temps encore. Ce patriote qui professe l’athéisme le plus pur, vient d’être nommé membre de la commission d’enseignement, par le citoyen Vaillant (de Vierzon), délégué de la Commune”.
Instituteur révoqué par l’Empire, pédagogue, socialiste, féministe, libre-penseur, devenu employé du chemin de fer, Jean Rama habite Bourges et rejoint Paris en 1870. Il projette de créer un internat en banlieue et milite pour une éducation gratuite, obligatoire et laïque. Pendant la Commune il est délégué à l'instruction communale du dix-septième arrondissement, nommé par la société l’Éducation nouvelle.
De la séparation de l’Église et de l’État prononcée par la Commune trente quatre ans avant la loi de 1905, découle tout naturellement la laïcisation des écoles. Les délégués de la Société l’Éducation nouvelle remettent le 1er avril une requête aux membres de la Commune. Ils demandent que l’instruction religieuse soit laissée tout entière à l’initiative et à la direction des familles et qu’elle soit immédiatement et radicalement supprimée pour les deux sexes, dans toutes les écoles et les établissements dont les frais sont payés par l’impôt (J.O. du 2 avril 1871). Le 8 avril, les instituteurs et institutrices des écoles et salles d’asiles publiques du dix septième arrondissement sont invités à se conformer aux instructions suivantes : ils emploieront exclusivement la méthode expérimentale ou scientifique, celle qui part toujours de l’observation des faits, quelle qu’en soit la nature, physique, morale, intellectuelle. L’enseignement de la morale sera à la fois usuel et théorique, dégagé de tout principe religieux ou dogmatique, afin de pouvoir être donné à tous, sans blesser qui que ce soit (J.O. du 13 avril 1871).
Le 21 avril : La Commune vote le décret instituant l'école laïque, gratuite et obligatoire proposé par Édouard Vaillant (dix ans avant les lois de Jules Ferry).
Le 28 avril, une Commission d’organisation de l’enseignement est instituée par Édouard Vaillant, délégué de la Commune à l’enseignement. Elle est composée des citoyens Rama, André, Da Costa, Manier et Sanglier. Elle a pour objet : 1/d’organiser dans le plus bref délai, l’enseignement primaire et professionnel sur un modèle uniforme dans les divers arrondissements de Paris ; 2/de hâter partout où elle n’est pas encore effectuée la transformation de l’enseignement religieux en enseignement laïque (J.O. du 29 avril 1871).
Après la répression de la Commune par les versaillais, Jean Rama est traduit le 21 juillet 1871 devant le tribunal correctionnel de Paris pour immixtion dans des fonctions publiques. Au vu de sa probité et de son honorabilité reconnues, Rama bénéficie de circonstances atténuantes, mais il est condamné à six mois de prison.
En 1875, il ouvre avec sa femme, Émilie Rama, institutrice, un pensionnat laïque de filles à Bourg-la-Reine.
Après une carrière très active consacrée à l’enseignement, à de nombreuses conférences, aux activités en faveur du féminisme et au sein de la Libre pensée, il meurt à Paris, à son domicile 9 avenue Reille, le 19 mai 1902, à l’âge de 73 ans..
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> Lire dans gilblog : Parcours des communards de Bourges. 150e anniversaire de la Commune de Paris. >>> Lien.
> Sources.
Histoire des noms des rues de Bourges, par Roland Narboux. Éditions CPE.
Bourges pas à pas, par Georges Richet. Éditions Horvath.
La Commune et les communards du Cher, par Jean-Pierre Gilbert. En vente dans les librairies du Cher..