Francisco Daniel, né rue CoursarlonLes communard des rues de Bourges (2)

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Le musicien Francisco Alberto Clemente Daniel est né à Bourges le 17 février 1831. Il était le fils de Salvador Daniel, capitaine espagnol émigré, et de Julie Émilie Bernardini son épouse, demeurant rue du Grand Christophe (partie haute de l’actuelle rue Coursarlon).

La rue Coursarlon, perpendiculaire à la rue Moyenne et à la rue Porte Jaune, est une des plus anciennes rues de Bourges. À l’époque gallo-romaine, c’était une voie permettant d’entrer dans la ville par la porte Gordaine se situant en bas de la rue. Elle. Elle porte le nom de Sarlon, un bourgeois ayant vécu dans cette rue au 10e siècle : Sarlon le riche, ou Sarlon le noble. Le nom connaît de nombreuses variations de prononciation (rue ”Court Sarlon " en 1558) pour enfin se stabiliser en Coursarlon. Pendant la Révolution, en 1793, elle est dénommée rue de Scévola. La partie haute s'appelait au Moyen Âge "rue de la Pelleterie", car elle était occupée par de nombreux pelletiers, elle fut dénommée rue du Grand Saint Christophe de 1601 à 1835. L’ensemble de la rue porte le nom actuel de Coursarlon depuis le 23 décembre 1846.

Le père de Francisco Alberto Clemente Daniel est un capitaine dans l’armée rebelle de Don Carlos. Réfugié en France à Bourges, il est organiste à la cathédrale et professeur de solfège et d’harmonie au collège royal et à l’école normale. 

La famille quitte Bourges pour Paris en 1843. Francisco Daniel (son nom est souvent écrit Salvador-Daniel) débute comme copiste chez un éditeur de musique et entre comme altiste au Théâtre lyrique. Après des études au Conservatoire,  il enseigne à Alger de 1853 à 1865. Il est professeur de musique à l'École arabe d’Alger et directeur de l’Orphéon de la ville. Il apprend l’arabe, traduit des chansons d'Afrique du Nord et les adapte pour les instruments occidentaux. Il voyage en Tunisie et jusqu’à Alexandrie, joue avec des musiciens locaux, note la musique berbère kabyle et arabe. Il écrit La musique arabe (ouvrage qui fait référence en son temps) où il expose ses rapports avec la musique grecque et le chant grégorien et formule cette thèse, originale pour l’époque “que la musique arabe actuelle n'est rien autre chose que le chant des Trouvères et des Ménestrels”.
De retour à Paris, il écrit un opéra et donne des concerts ”antiques et orientaux”. Il est critique musical à La Lanterne, et donne des articles dans La Marseillaise, le journal de Rochefort, et devient l’ami de Courbet, Élisée Reclus et Édouard Vaillant. Quelques-uns de ses articles, comme La musique sociale et Le chant du peuple, proposent des réformes de l’enseignement de la musique. Il organise des concerts à très bas prix. ”La vraie impulsion artistique ne peut venir que du peuple”, déclare-t-il.. Parlant d’un concert dans lequel on exécutait des œuvres de Salvador Daniel, un journaliste écrit : ”De ce concert, j’ai gardé une impression ineffaçable, celle de certaine mélodie arabe, l’Ange du Désert, chantée à l’admiration par Mme Barthe-Banderali, et accompagnée sur le violon par Salvador Daniel lui-même. Rien ne peut donner une idée, même éloignée, de la virtuosité merveilleuse et toute spéciale dont cet artiste a certainement emporté le secret”.

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On ne possède pas de portrait de lui (l’illustration dans cette page est une image générique).  Mais Édouard Vaillant en fait cette description : Francisco était ”de taille moyenne, maigre… fine silhouette, de tempérament nerveux, intelligent et sympathique”.

Pendant le premier siège des Prussiens, Francisco Daniel participe aux journées révolutionnaires du 31 octobre 1870 et du 22 janvier 1871. Délégué des Comités de vigilance et Membre du Comité central républicain des vingt arrondissements de Paris, il signe la fameuse affiche rouge du 6 janvier 1871 avec Jules Vallès, les vierzonnais Édouard Vaillant et Jean-Baptiste Chardon ainsi que cent quarante autres républicains. 

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Sous la Commune, il est délégué communal du sixième arrondissement. Le 15 mai 1871, il est nommé par la délégation de l’enseignement, à la direction du conservatoire de musique, en remplacement du compositeur François-Esprit Auber décédé le 12 mai.

Le Conservatoire étant fermé depuis le siège, il faut tout remettre en route. En prenant ses fonctions, Francisco Salvador-Daniel entreprend une réorganisation de l’établissement et convoque les professeurs restés fidèles à leur poste. On lui dit “Vous savez que vous risquez votre vie”, Salvador répond : “Je sais que je risque d’être fusillé, mais j’agis selon mes convictions”. 
Il succède à Auber pour neuf jours seulement, car pendant la Semaine sanglante le 24 mai 1871, il est arrêté par les versaillais à son domicile de la rue Jacob (“le bouge de ce sanglier féroce” écrit Le Figaro) Il est emmené et fusillé dans la rue sans jugement ni condamnation. ”Tirez-là !” crie-t-il aux soldats en montrant la place du cœur.

- Œuvres de Francisco Salvador-Daniel : Musique et instruments de musique du Maghreb ; The Music and musical instruments of the Arab ; La musique arabe, ses rapports avec la musique grecque et le chant grégorien, Alger ; Cours de plain-chant, dédié aux élèves- maîtres des écoles normales primaires. 

> Illustrations, de haut en bas. Le Conservatoire de musique de Paris au 19e siècle. Un violoniste anonyme. Les communards des rues de Bourges (cliquez sur le plan pour l’agrandir)

> Lire dans gilblog : Parcours des communards de Bourges. 150e anniversaire de la Commune de Paris.  >>> Lien.
> Sources. 
Histoire des noms des rues de Bourges, par Roland Narboux. Éditions CPE.
Bourges pas à pas, par Georges Richet. Éditions Horvath.
La Commune et les communards du Cher, par Jean-Pierre Gilbert. L’Alandier.

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