En ces temps où l’on manque terriblement de bonnes nouvelles, en voici une pour tous ceux qui aiment Bourges : on pourra bientôt prendre un verre et lézarder à la terrasse du café de la place Cujas ! À nous les haltes bienfaisantes au centre ville, à nous le spectacle de la rue et des passants, à nous les retrouvailles entre amis ou les rendez-vous à deux !
La maison de la Forestine, cet immeuble de style haussmanien érigé en 1884, par le confiseur Georges Forest, une des parures de la rue Moyenne qui trônait place Cujas, avait été en partie détruit par un incendie en avril 2015. Depuis le sinistre, de hideux échafaudages sécurisaient le bâtiment car l’affaire avait trainé six ans, chacun se rejetant la responsabilité de l’incendie. Une friteuse du restaurant en serait l’origine (décidément le gras nuit).
Depuis les années trente l’immeuble appartenait à l'hôpital de Bourges qui en était légataire. La vente de l’édifice et sa reconstruction en quinze mois (2.200 mètres carrés sur cinq étages), supprimeront une verrue qui défigure la rue Moyenne (qui fut la principale rue commerçante de Bourges), et altère tout le centre ville.
D’après les journaux, les propriétaires de la confiserie ne sont pas décidés à revenir dans l’ancienne boutique dont le décor exceptionnel est détruit. Jean-François Tavernier conteste le projet parce qu'il ”dénature le caractère architectural intérieur et extérieur de cet édifice patrimonial et historique situé en secteur sauvegardé” (je mets deux photos qui permettent de comparer les deux immeubles). Une procédure est en cours, qui devrait être portée devant le tribunal administratif cette année.
Mais revenons à la bonne nouvelle répétée par Le Berry Républicain : la municipalité de Bourges a imposé de garder dans la réhabilitation une brasserie au rez-de-chaussée (espérons que ce sera sans friteuse), pour animer la place Cujas.
Car en effet, le centre-ville a bien besoin d’animation !
Deux cent mètres plus haut, la Fnac va quitter ses locaux. Les magasins Aubrun réduisent leur surface et leurs rayons. Les banques et les marchands de lunettes se sont multipliés, et leurs vitrines manquent de gaieté. Les logements exigus des maisons anciennes du centre historique sont désertés. Les commerces périclitent et baissent le rideau. Victime d’une offre commerciale banale, le site commercial Avaricum peine à décoller. Bourges paye le tribut de plusieurs décades d’autorisations de commerces en périphérie, et l’absence d’une politique de l’habitat au centre ville….
Arrêtons là, peut-être aurons nous des sujets de discussion plus gais et plus légers, à la terrasse de la nouvelle brasserie de la Place Cujas ? D’ici l’extinction des épidémies et des virus, d'ici la fin des travaux (quinze mois, tout de même), on trouvera bien le temps de faire une liste de thèmes réjouissants….