Les communard des rues de Bourges. La rue Gambon.

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Pour marquer le 150e anniversaire de la Commune de Paris, voici la première page d’une série consacrée aux rues de Bourges portant le nom d’un communard. Ce feuilleton qui montre Bourges sous un angle inédit, évoque l’Histoire de la République et dépeint des hommes ou des événements ayant un rapport direct avec la Commune et la guerre de 1870/71. Pour inaugurer la chronique, commençons par la rue Gambon où naquit le célèbre révolutionnaire berruyer (un peu oublié tout de même…). 

Charles Ferdinand Gambon, fils de Charles Marie Gambon, commissaire priseur et de Élisabeth Victoire Borget est né à Bourges le 19 mars 1820, rue Saint-Sulpice, actuellement rue Gambon. Le nom de Gambon, avocat et ardent homme politique, a été attribué à cette rue en 1903 par le conseil municipal de Bourges. À l’origine, simple ruelle conduisant à l’abbaye Saint Sulpice, elle était connue comme rue Saint Sulpice depuis 1572, mais eut d’autres noms (rue de Monthléry en 1677, rue des Sans Culottes en 1793) et ne redevint rue Saint Sulpice qu’en 1846, avant son appellation d’aujourd’hui. La rue Gambon (cliquez sur le plan pour l’agrandirva de la place Mirpied au boulevard Gambetta et comprend comme principaux monuments l’Hôtel Dieu et la maison de la Reine Blanche (voir la photo). Malgré mes recherches et l’aide des Archives départementales, j’ignore quelle était la maison des Gambon.

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Du côté paternel, les Gamboni viennent de la région du lac de Côme. Le grand-père de Ferdinand gagne Bourges au XVIIIe siècle et y fonde une famille. Orphelin de mère à deux ans et de père à six ans, Charles Ferdinand Gambon est élevé avec ses trois frères dans la Nièvre, par sa grand-mère maternelle. 

Charles Ferdinand Gambon étudie le droit à Paris et devient avocat à 19 ans. Il se lie avec Félix Pyat, dont il partage les idées politiques. En 1846, sa famille le fait nommer juge suppléant au tribunal de Cosne. En 1847, il combat la candidature à la députation de Delangle, proche de Louis-Philippe, ce qui lui vaut. d’être traduit devant la Cour royale de Bourges pour son opposition.

En 1847, pendant un banquet démocratique, il refuse de porter un toast à Louis-Philippe, il écrit une protestation qui lui vaut d’être traduit devant la Cour de cassation de Paris et suspendu de ses fonctions pour cinq ans. Il retrouve Félix Pyat à Paris et fonde avec lui Le Journal des Écoles. Élu du peuple après la révolution de 1848, il vote pour le droit au travail, et son opposition constante à Louis-Napoléon Bonaparte lui vaut d’être condamné à 10 ans de déportation. Plus tard, il adhère à l'Internationale et participe à la fédération des sociétés ouvrières.

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En 1860, après sa déportation, Gambon s’installe comme agriculteur à Sury-près-Léré. En 1865, élu conseiller municipal, il refuse de prêter serment de fidélité à l'empereur. En 1869, après la fusillade sanglante de la grève des ouvriers de La Ricamarie à côté de Saint Étienne (faisant quatorze morts et vingt-deux blessés), il se rend célèbre par sa campagne pour le refus de payer l’impôt qui financerait une armée de répression. Il publie une déclaration au percepteur dans le journal La Réforme du 10 septembre 1869.

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Le fisc saisit alors une partie des biens de Gambon et une vache de son domaine est mise en vente publique à Sancerre. Cet épisode tragi-comique fait grand bruit. L'aventure de la Vache à Gambon donne le jour à une chanson connue à Paris et popularisée par les journaux de l'opposition. Gambon est désormais désigné par le sobriquet de “l'homme à la vache”.

Après la proclamation de la République le 4 septembre 1870, Ferdinand Gambon  est élu à l'Assemblée nationale comme socialiste révolutionnaire. Il en démissionne le 5 avril 1871 suite de son élection le 26 mars au Conseil de la Commune par le Xe arrondissement. Pendant la Commune, il fait partie de la Commission de la Justice. Il se rend en Corse pour aller chercher Garibaldi à Caprera, mais il est arrêté à Bastia, d’où il regagne le continent. Il est partisan d’aider au soulèvement des villes de province, dans le but de former une grande fédération des communes. Élu au comité de Salut public, il est présent sur les dernières barricades le 28 mai, et se bat jusqu’à la fin. Il parvient à échapper au massacre versaillais et se réfugie en Suisse où il rejoint l’Internationale. 

Il est condamné à perpétuité par les versaillais le 23 novembre 1871 et à la peine capitale le 7 novembre 1872.

Après l'amnistie de 1879, de retour en France, il prend part au mouvement anarchiste aux côtés de Louise Michel, sans rompre avec les socialistes révolutionnaires. 

Le 18 juin 1882, il est élu député de Cosne et reprend plusieurs projets de la Commune dans son programme. En 1884, Il présente, mais sans succès, un projet de loi pour l’abolition de l’armée permanente et son remplacement par une armée nationale et citoyenne. Il est l’auteur, dans Le cri du peuple, du célèbre slogan pacifiste “Guerre à la guerre”. Il meurt le 16 septembre 1887 à Cosne-sur-Loire, à l’âge de 67 ans.

— Ne pas confondre Charles Ferdinand avec son frère aîné Pierre Charles Gambon, né le 25 janvier 1810 place du Feutre à Bourges, mort à Termonde (Belgique) le 7 septembre 1864. Frère aîné de Charles Ferdinand Gambon, il était médecin à Cosne-sur-Loire. La Haute Cour de Versailles ayant déchu son frère de son mandat, les républicains de la Nièvre proposèrent à Pierre Charles d’être leur candidat à l’élection partielle du 10 mars 1850. Il fut élu démocrate socialiste de la Nièvre en 1850.


Lire dans gilblog : Parcours des communards de Bourges. >>> Lien.
L’affaire de la vache à Gambon.
>>> Lien. 
> Sources.
Histoire des noms des rues de Bourges, par Roland Narboux. Éditions CPE.
Bourges pas à pas, par Georges Richet. Éditions Horvath.
La Commune et les communards du Cher, par Jean-Pierre Gilbert. L’Alandier. En vente à la librairie La Poterne et autres librairies du Cher.

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