Vous penserez sans doute que je fais une tête de Turc commode avec Valérie Pécresse, candidate à la présidence de la République, en posant cette question perfide assaisonnée d’un zeste de provocation : fera-t-elle sa campagne et prononcera-t-elle ses discours en anglais ? C’est peu vraisemblable mais ce n’est pas impossible, car Valérie Pécresse a obtenu et bien mérité le prix de la Carpette anglaise en 2008. Ce “grand prix d’indignité civique” a été créé en 1999 pour désigner les déserteurs du français et leur soumission à l’anglo-américain, langue des puissances financières mondialisées. Elle était alors ministre de l'Enseignement supérieur et avait déclaré que le français était "une langue en déclin et qu'il fallait briser le tabou de l'anglais dans les institutions européennes"
Constante dans l’auto-soumission culturelle, Valérie Pécresse est une enragée de l’anglais. On n’en finirait pas d’accumuler les exemples. Et elle a fait du chemin depuis qu’elle était ministre de l’Enseignement et de la Recherche….
Sur le site Région Île de France, elle présente sa biographie en anglais et en français. En 2019, elle édite le Paris Region AI Challenge, lance le Navigo Easy et, en 2020, l’Entrepreneur Coaching Day. Actrice du Made for Sharing du Comité Jeux olympiques Paris 2024, elle prononce, à Lima, son discours en anglais pour défendre les Jeux olympiques de Paris.
Pour mieux comprendre la soumission hyper-active de Valérie Pécresse à l’empire états-unien, il faut savoir qu’elle a participé au programme des Young leaders de la French American Foundation (promotion 2002), comme l’ont fait plus de cinq cents autres personnalités françaises, et pas des moindres. Citons François Hollande, Emmanuel Macron, Fleur Pellerin, Najat Vallaud-Belkacem, Alain Minc, Matthieu Pigasse (l’un des propriétaires du Monde SA), les journalistes Jean-Marie Colombani et Christine Ockrent, ou encore Édouard Philippe. Depuis 1981, cette fondation organise des séminaires de deux ans où elle sélectionne une douzaine de jeunes Français qui côtoient les futures élites américaines de la même classe d’âge. Officiellement, l’objectif est de favoriser le dialogue franco-américain. En réalité, il s’agit de bien faire comprendre aux futurs décideurs français (entrepreneurs, responsables politiques, journalistes) les bienfaits de la mondialisation états-unienne.
Mais la candidate à la présidence de la République ambitionne peut-être aussi un prix spécial du jury européen qui enrichirait son CV. Elle serait en bonne compagnie : en 2007, Christine Lagarde, en 2010, Aubry avec son Care et son What would Jaurès do ? En 2014, Moscovici adressant une lettre, entièrement en anglais, au ministre Michel Sapin ! Sans compter les institutions (Ma French Bank de la Banque postale) et les prix spéciaux dont celui, accordé en 2019, à Ursula von der Leyen, pour imposer l’anglais comme langue des institutions européennes.
Qu’on se le dise et qu’on le proclame par monts et par vaux, Valérie Pécresse est la candidate du sabir anglo-américain répandu par les multinationales et les institutions à leur service. Formatée à l’école des Young Leaders, si elle était élue, elle poursuivrait la politique de ses prédécesseurs imprégnés du dogme néo-libéral, de la soumission au business financier et aux multinationales, avec la désindustrialisation, le chômage, l’abaissement de la France, de sa démocratie et de son identité.
Non merci, on a déjà donné.
> L’Académie de “la carpette anglaise”, qui a malheureusement mis son activité en sourdine durant la pandémie, est composée de : Association pour la sauvegarde et l'expansion de la langue française (ASSELAF), Avenir de la langue française (ALF), Défense de la langue française (DLF), Droit de comprendre (DdC). Académie de la carpette anglaise. Lien >>>