Ce ne sont pas les moins de 19 millions de voix au second tour de l’élection présidentielle qui ont donné à Emmanuel Macron la légitimité pour lancer un réforme des retraites dont personne ne veut. On notera son pauvre argument sur sa victoire aux élections signifiant que son programme était approuvé. Or, s’il a gagné les élections au second tour, c’est parceque les Français ont voulu repousser Marine Le Pen. Mais au premier tour, Macron n’a obtenu que 27,85% des suffrages (9 783 058 voix) sur son programme ! Pas de quoi pavoiser…
Avec un culot identique, Bruno Le Maire affirmait au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1, que “ça n'est pas Bruxelles qui nous demande une réforme des retraites. C'est la France qui a besoin d'une réforme des retraites”. Or, il savait que c’est faux, et Sonia Mabrouk aussi. On peut seulement regretter que cette “journaliste” et que les dénonciateurs de fèque niouzes n’aient pas réagi avec leur vigueur coutumière.…
Car, depuis les années 1970, l’Union européenne préconise un allongement de la durée de cotisations pour les retraites. Même si l’Union européenne n’a pas, a priori, de compétences sur les systèmes de retraite (car la politique sociale relève des États), elle ne se prive pas de fixer des “règles minimales”. En effet, le législateur européen dispose d’un véritable carcan en fixant les “règles minimales” que les États doivent respecter. Ce qui est un moyen de leur imposer une politique économique à la sauce libérale mondialisée. Les Grecs en ont fait l’amère expérience.
L’Union Européenne dit que le droit à la retraite est un grand principe dans son “socle des droits sociaux”, mais son critère sur les réformes à engager est exclusivement budgétaire. En somme il existe des droits sociaux, pourvu qu’ils coûtent toujours moins cher !
Et c’est ainsi qu’une fois encore le Conseil de l’Union Européenne a recommandé à la France (recommandation numéro 11), en 2019, de “réformer le système de retraite pour uniformiser progressivement les règles des différents régimes de retraite, en vue de renforcer l’équité et la soutenabilité de ces régimes”. Ce jargon alambiqué plein d’hypocrisie était confirmé par d’autres précisions en jargon, tout aussi alambiqué et tout aussi hypocrite, que l’on peut lire dans la Recommandation 22 du Conseil de l’Union Européenne concernant le programme national de réforme de la France pour 2022. La voici dans son sabir et son intégralité :
Recommandation numéro 22. En France, le système actuel de retraite est complexe, du fait de la coexistence de plus de quarante régimes. Ces régimes s'appliquent à des catégories de travailleurs et de fonctions différentes selon des règles qui leur sont propres. Selon les données d'Eurostat, le ratio des dépenses publiques de retraite au PIB en France s'établissait à 14,6 % en 2019, ce qui en fait le troisième plus élevé de l'Union. Ce niveau élevé est lié à un ratio de substitution (retraite comparée aux salaires annuels finals) relativement élevé, à l'espérance de vie, à un âge effectif de départ à la retraite relativement bas (autour de 62 ans) et à un nombre important de bénéficiaires de pension de retraite par rapport à la population totale. Le rapport 2021 de la Commission sur le vieillissement et le dernier rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites français prévoient tous deux qu'après un certain recul jusqu'en 2024, les dépenses de retraite devraient croître modérément entre 2025 et environ 2030, de quelque 0,2 point de pourcentage du PIB. Le niveau élevé des dépenses publiques totales, dont les dépenses consacrées au paiement des retraites constituent un des principaux postes, contribue au creusement de la dette publique malgré une pression fiscale importante, ce qui conduit la France à être exposée à des risques élevés pour la soutenabilité de ses finances publiques à moyen terme. À plus long terme, les dépenses consacrées au paiement des retraites commenceraient à décroître régulièrement jusqu'en 2070, principalement en raison de l'indexation des prestations de retraite sur l'inflation, qui compense l'effet de l'augmentation du rapport de dépendance découlant du vieillis sement. La simplification du système de retraite, par l'uniformisation des différents régimes, contribuerait à améliorer la transparence et l'équité de celui-ci, tout en ayant des effets positifs sur la mobilité de la main-d'œuvre et l'efficience de la distribution du travail, et pourrait renforcer la viabilité des finances publiques. En 2018, le gouvernement français a entamé un processus de réforme visant à uniformiser les règles des multiples régimes de retraite. La réforme a été interrompue par l'apparition de la pandémie de COVID-19. Lors de la présentation des objectifs du plan pour la reprise et la résilience de la France, le gouvernement a confirmé son engagement à mener une réforme ambitieuse du système de retraite, afin d'en améliorer l'équité et la soutenabilité.
- Les syndicats estiment à deux millions et demi le nombre de manifestants contre le projet de Macron dans le pays, et 72% des français se disent contre la "réforme" des retraites. Une fois de plus Macron est minoritaire. Mais pour faire passer cette directive de l’Europe, on se demande quelle nouvelle fourberie il inventera ?.
> Recommandation du Conseil de l’Union Européenne concernant le programme national de réforme de la France pour 2022. >>> Lien.
Que fait l’Union européenne en matière sociale ? >>> Lien.