Tels de sinistres Shadoks en tenue de protection, les employés de Tepco pompent tous les jours des tonnes d’eau pour refroidir le corium des réacteurs en ruines, puis des tonnes d’eau contaminée qu’il faut ensuite stocker pour éviter qu’elles se répandent dans le sous sol. Sans parler de ce qui est quotidiennement rejeté dans l’océan. Sans parler des fuites… Mais ici, les médias ont depuis longtemps oublié l’existence de Fukushima !
> Des milliers de tonnes de déchets.
"La décision est prise", a déclaré vendredi Takashi Kawamura, nouveau président de Tepco (Tokyo electric power). L’exploitant de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, va déverser l'eau contaminée par du tritium, un isotope radioactif, dans la mer, annoncent les médias japonais. Cette eau s’ajoutera à celle “moins” contaminée qui est déversée quotidiennement et se répand dans tout l’océan Pacifique.
L'eau contaminée semble être un problème insoluble pour l’exploitant de la centrale nucléaire depuis le séisme suivi du tsunami le 11 mars 2011. Trois des six réacteurs sont continuellement arrosés d'eau pour les refroidir. L’eau contaminée est ensuite traitée, grâce à un processus censé supprimer soixante deux types de matières radioactives, à l'exception du tritium.
Cette substance radioactive empêche la mise hors service de la centrale, et ce sont à ce jour, neuf cent vingt mille tonnes d'eau contaminée par le tritium qui sont stockées dans environ un millier de réservoirs.
Le président de l'autorité de la régulation nucléaire au Japon Shunichi Tanaka, a incité Tepco à déverser l'eau radioactive dans l'océan. Selon lui, le tritium n’est, présent qu’en petites quantités, et présenterait peu de risques !
Mais la population locale n’est pas de cet avis et s'inquiète de cette mesure. Notamment les pêcheurs, qui pensent que le déversement de matériaux radioactifs, aussi dilués soient-ils, serait dévastateur pour la faune marine et pour la pêche qui peine à se remettre de la catastrophe.
> Des images.
Depuis le 19 juillet 2017, Tepco effectue une inspection de l’enceinte de confinement du réacteur numéro trois à l’aide d’un petit robot sous-marin. L'engin télécommandé, de trente centimètres de
long et treize de large, étanche et muni d'une caméra, a été conçu
spécialement par le groupe Toshiba et l’Irid. Des images de combustible nucléaire fondu ont pour la première fois été observées. Selon Tepco, “de grandes quantités de résidus et dépôts solidifiés” ont été repérées. Les coeurs de trois des six réacteurs de la centrale étaient entrés en fusion après le tsunami suite à l’arrêt des systèmes de refroidissement. La localisation des restes de combustibles est essentielle pour procéder à l’assainissement de l’installation.
Selon Tokyo, le démantèlement de la centrale et la décontamination de l’environnement devraient prendre au moins quarante ans à cause du haut niveau de radiation qui ralentit les opérations.
> Beaucoup d’argent.
Selon les dernières estimations du ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (Meti) révélées par le quotidien Nikkei, les coûts du démantèlement de la centrale de Fukushima-daiichi et les indemnisations dépasseront les 20 trillions de yens, soit plus de 167,8 milliards d’euros. C’est presque le double des sommes envisagées à la fin 2013.
Tepco annonce avoir reçu le soixante cinquième versement financier de la part de la structure gouvernementale de soutien qui lui avance de l’argent pour les indemnisations : 164,8 milliards de yens (1,3 milliards d’euros). Il s’agit d’une somme beaucoup plus élevée que la dernière fois et cet argent est prêté sans intérêt. Tepco a déjà reçu un total de 7 358,5 milliards de yens (60 milliards d’euros), et cela ne suffira pas, dit-on.
> Un procès.
Le 30 juin 2017 à Tokyo, six ans après l’accident nucléaire, trois ex-dirigeants de Tepco ont comparu dans le premier procès de Fukushima. Il s'agit de Tsunehisa Katsumata, président du conseil d'administration du groupe au moment du drame, ainsi que de deux vice-présidents, Sakae Muto et Ichiro Takekuro.
Ils sont jugés pour “négligence”, après la destruction de la centrale nucléaire de Fukushima par le tremblement de terre suivi d’un gigantesque tsunami. Un drame qualifié par une commission d'enquête de “désastre créé par l’homme". L’absence de prises de dispositions supplémentaires face au risques sismiques et d'un raz-de-marée dépassant les standards de construction initiaux est perçue par les plaignants (des habitants de la région), comme la cause première de la catastrophe.
Le procureur veut démontrer que le risque de tsunami était connu depuis 2008 mais que les dispositions nécessaires n'ont pas été prises. Et de présenter devant la cour deux cents trente documents, dont des courriels échangés entre deux des accusés et des spécialistes, montrant des craintes grandissantes et la nécessité de prendre des mesures anti-tsunami.
Parmi les sinistrés de Fukushima présents au procès, Ruiko Muto, présidente de l'association à l'origine des poursuites. “Qui est responsable, quel enchaînement de faits ont conduit à cet accident, on ne sait toujours pas, et si on ne s'interroge pas sur les responsabilités, un tel drame historique risque de se reproduire”, “La vie de nombreuses personnes a été bouleversée, et je veux que les prévenus prennent conscience de leur colère et chagrin” a-t-elle a déclaré à l'AFP.
> Et il existe en France des dirigeants, véritables dinosaures partisans du nucléaire, qui nous expliquent que l’énergie atomique est “propre”, elle serait même “verte” et non polluante…. Oui, oui.
> Sources.
La catastrophe de Fukushima n’est toujours pas terminée. Médiapart. >>> Lien.
Un robot pourrait avoir trouvé du combustible nucléaire fondu dans le réacteur numéro 3. Hillion. >>> Lien.
L’eau contaminée de Fukushima bientôt relâchée dans l’océan. Le Dauphiné. >>> Lien.
Fukushima. Blog. >>> Lien.
YourNewsWire.com. Japan To Dump Deadly Fukushima Nuclear Waste Into Pacific Ocean. >>> Lien.