Tendances make-up yeux automne-hiver 2017-2018 : le regard nude. La paupière s'orne d'aplats de couleurs flashy, les codes du smoky eye et du liner sont renversés, le maquillage cut crease investit les podiums...
Les magazines féminins truffent leurs articles de mode ou de maquillage de sabir anglo-américain, comme si c’était le langage universel de la féminité ou de la beauté. Ce charabia est devenu tellement incompréhensible que le journal Fémina a jugé nécessaire de consacrer une page d’explications pour éclairer la lanterne de ses lectrices sous le titre “Parlez vous cosméto” ? Attachez vos ceintures, en voici des extraits en échantillon…
Brightening. A ne surtout pas confondre avec les produits blanchissants, ou le whitening, qui atténuent les taches. Ces soins sont destinés à unifier et à éclaircir la peau.
Strobing. Devenu incontournable grâce à Instagram et ses filtres qui ajoutent de la clarté à vos selfies. Le strobing, dont le nom est inspiré par le stroboscope, consiste à mettre en lumière les parties bombées du visage. Le résultat est moins sophistiqué que le contouring. Vous avez compris quelque chose à ces mots en charabia ?
Cushion. Le cushion (on pourrait dire coussin, non ?), est une éponge alvéolée imprégnée de produit et logée dans un boîtier hermétique. On le trouve désormais en version enlumineur, blush, gloss et même rouge à lèvres.
Bubblemask. Cette nouvelle texture de masque mousse comme un nuage, grâce à de l'oxygène caché dans l'eau de la formule. Ludique et efficace, il détoxifie tout en purifiant la peau.
Multimasking. Consiste à appliquer un masque différent sur chaque zone du visage. Par exemple, un masque à l'argile pour le nez, des patchs sous les yeux, un masque hydratant sur les joues, un autre liftant au niveau du front.
Non touring. Après le fameux contouring, voici le non touring ! Une tendance que les maquilleurs préconisent pour les zones en relief du visage.
Sleeping pack. Sous l’appellation de night jelly ou sleeping mask, c'est tout simplement de la crème de nuit.
Slow cosmétique. Un terme fabriqué qui se veut un clin d'œil à la “slow food”, autre barbarisme qui prétend définir une cuisine saine faite de produits locaux.
Cosmetic water (ou liquid care). Désigne tout simplement des lotions !
Tightline. Aussi appelée tightlining. Sert à souligner le regard avec un trait d’eye liner ultrafin à la racine des cils supérieurs.
Bon arrêtons nous là. J’avais commencé à découper des pages d’exemples de globish dans Cosmopolitan, Elle, et différents magazines féminins pour faire un article sur le sujet, mais j’ai vite été débordé par la quantité, je ne savais plus par où commencer. Heureusement Fémina (qui jusqu’à présent ne succombe pas au snobisme imbécile de ses confrères) m’a tiré d’affaire.
> Les “journalistes” qui se complaisent à écrire ce globish dans les media véhiculent une espèce de sous culture qui n’a rien de français. Ont-ils conscience qu’ils contribuent à l’uniformisation du vocabulaire et de la pensée, à l’uniformisation de la manière de consommer et de vivre ? Que ce soit par snobisme ou inculture, ces plumitifs et leurs journaux sont devenus le cheval de Troie de l’anglo-américain. Volontairement ou non, tout cela est en relation avec ce que les États-uniens appellent le “soft power” (traduisez : pouvoir insidieux), où les valeurs véhiculées par le français sont remplacées par les pseudo-valeurs états-uniennes de la globalisation.
> Le Monde. Cosmétique : les mots qui font vendre. >>> Lien.