Monique Pinte a commencé à travailler à l’âge de 16 ans. Elle a connu l’usine, elle a fait des ménages pour élever ses cinq enfants avant de devenir agent d’accueil. Aujourd’hui elle est retraitée et vit seule. À 65 ans, elle est depuis quatre ans dans la précarité avec une pension de retraite de 727 euros par mois. Elle espère une aide de l’État. Le 30 janvier dernier, elle expliquait à France 3 Bourgogne ses raisons d’aller défiler dans les rues de Dijon avec les gilets jaunes.
Voici le texte de l’entretien correspondant à la video.
Concrètement, chaque mois, vous avez une idée de la somme que vous avez pour vous ? Vraiment que pour vous ?
Monique Pinte : Que pour moi ? Je dirai rien. Rien. Une fois que j’ai tout payé, il me reste quoi ? Je vais dire 20 euros. C’est pour ça que je suis à découvert à la banque.
Cette situation, vous la vivez depuis quand ?
Depuis que je suis en retraite. Avant, je travaillais. Je gagnais un peu plus que ça quand même. 320 euros de plus. Je ne vais pas dire que je vivais comme tout le monde. Mais je vivais, quoi. Je pouvais sortir, j’allais au cinéma, je faisais des petits week-ends avec mon fils. C’était bien.
Là maintenant, je ne peux plus rien faire. Je ne fais rien. Je vivote comme on dit. Je ne fais pas d’écart, je ne fais pas de trucs comme ça. C’est soit je paye mes dettes, soit je sors, soit je me paye des loisirs.
Mais bon, je me dis qu’il vaut mieux que je paye mon loyer, ce que je dois payer. Tant pis pour ce qu’il reste à la fin du mois. Je me débrouille. Je ne mange pas beaucoup. Et puis, j’ai mes enfants de temps en temps qui m’aident.
Quand vous me dites “je ne mange pas beaucoup”, ça vous arrive de vous priver ?
Oui. Deux jours, je n’ai pas mangé. Je ne l’ai pas dit à mes enfants.
C’est quelque chose qui arrive régulièrement ?
Là, ça va mieux. Il y a mes enfants qui m’aident un peu. Mais il y a un moment où pendant deux jours, je n’ai pas appelé ça manger. Je me faisais un café, je trempais du pain. Mes enfants vont le savoir. Ils ne le savaient pas.
Vous le vivez comme un échec ?
Oui, beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Quelques fois, je me dis qu’est-ce que je fais sur cette Terre ? Pourquoi je suis arrivée là ? De vivre comme ça. Je n’aurais jamais pensé ça. Arriver à 65 ans puis vivre ce que je vis ? Non. C’est très difficile.
Quand vous regardez tout ce parcours que vous vivez au quotidien depuis quatre ans, vous vous dites qu’il y avait des choses à faire pour que ce ne soit pas comme ça ?
Oui, je pense. Enfin, je ne sais pas comment expliquer ça. Ils devraient augmenter les retraites un peu quand même. Ça fait quatre ans qu’elles n’ont pas été augmentées. Puis le peu qu’elles augmentent… En janvier, elles ont augmenté de 0,3 %. Qu’est-ce que c’est 0,3 % ? Mon fils a calculé. Ça fait une baguette de plus par mois. C’est honteux quoi, c’est honteux.
On a travaillé. On a cotisé. On mérite d’avoir ce qu’on a cotisé.
> France 3 Bourgogne 30 janvier 2019. Cliquez pour voir la page d’origine :
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