Les médias unanimes contre les grévistes.

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Oui, des journalistes qui démontent la propagande des médias, ça existe. Acrimed est une association de critique des médias où s’expriment des journalistes, des chercheurs, des acteurs du mouvement social, des lecteurs et téléspectateurs, pour donner une opinion indépendante et exigeante sur le système d’information. 

On finit par ne plus être vigilants, tant le discours des journalistes se ressemble…. En fait, Acrimed montre que l’immense majorité des médias s’est mobilisée contre les opposants à la réforme des retraites par points. Méprisant la qualité de l’information sociale et de l’information tout court, ils ont imposé leurs partis pris au dépens du pluralisme d’opinion. Ce qui pose à la société un problème démocratique majeur. En voici un large extrait. Bonne lecture….

- Certains matraquent leurs partis pris à longueur de titres et d’éditos là où d’autres discutent de la “méthode” ; mais dans leur grande majorité, les grands médias s’accordent sur le fond : la réforme est nécessaire. “Le retrait du projet est inenvisageable” (Nicolas Beytout, Europe 1, 11/12) “Moi, je suis défenseur de la réforme” affirme Jean-Claude Dassier (CNews, 16/12). “Il est urgent de faire appel au bon sens des Français, pour qu’ils réalisent notamment que des réformes de fond, comme celle des retraites, sont nécessaires et même indispensables” plaide Sonia Mabrouk (FigaroVox, 12/12). 

Tous les éditorialistes ne sont pas aussi militants, ni tous les titres aussi caricaturaux que peuvent l’être Le Journal du Dimanche ou Le Parisien. Mais le mimétisme des médias entre eux, autant que les convergences d’intérêts qui relient leurs dirigeants et propriétaires conduisent, en partie, à ce que les tendances de fond soient les mêmes partout : la couverture de la grève est écrasée par les sujets sur les “galères” (des usagers, des entreprises, des commerçants, etc.) aux dépends d’une information sociale s’intéressant, par exemple, à l’organisation des grévistes. 

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L’étude du 20 heures de France 2 par Acrimed donne à ce titre un aperçu significatif du traitement médiatique général : sur plus de 5 heures d’antenne sur la question des retraites (du 5 au 31 décembre), 43% du temps est consacré aux galères et autres conséquences négatives de la grève : 2,5 fois plus de temps qu’aux manifestants, aux grévistes et à leurs mobilisations. Les “analyses” sont polarisées par une attention quasi exclusive à la forme des négociations et au “dialogue social”. Se multiplient ainsi les “décryptages” sur la méthode et la pédagogie gouvernementales ; le “ira-ira-pas” des syndicats ; les stratégies des uns et des autres, soit un journalisme de commentaire par le petit bout de la lorgnette. 

De la même manière, l’évolution du mouvement est essentiellement mesurée à l’aune d’une pluie de sondages, apportant des résultats contradictoires d’un jour sur l’autre. Mais peu importe, pourvu qu’ils nourrissent les diagnostics d’éditorialistes qui passent leur temps à les ajuster à des commentaires préétablis. Les cadrages des débats évacuent la possibilité d’un retrait de la réforme, ou dit autrement : il n’y a pas d’alternative. Lors d’interviews ou de débats en plateau, le retrait de la réforme est  renvoyé systématiquement à une position jugée “non constructive” (à l’opposé de celle des syndicats qualifiés de “réformistes” voire de “progressistes”). Dès lors, les propositions alternatives pour faire évoluer le système de retraites actuel sont tout simplement absentes des débats de fond, ou extrêmement marginalisées.

Ces tendances de la couverture médiatique de la mobilisation contre la réforme des retraites sont mobilisées avec (plus ou moins) de violence face aux opposants invités en plateau (syndicalistes, politiques, etc.), où le mot d’ordre est globalement identique : haro sur les grévistes ! Reste ensuite la façon de le déployer : rappels à l’ordre, distribution des bons et mauvais points selon les syndicats, surexposition d’actions prêtant (du point de vue des éditorialistes) à polémique, sommations à condamner des actes jugés “jusqu’au-boutistes” et “illégitimes”, culpabilisation pour les fêtes de fin d’année, etc. 

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Et à ce petit jeu, les éditorialistes, “experts économiques” et autres professionnels des plateaux télé ne manquent jamais de souffle. La CGT ? “Un syndicat totalitaire” La grève ? “Absurde” (Raphaël Enthoven, Twitter, 17/12).  Dès fin novembre, Franz-Olivier Giesbert tapait sur Philippe Martinez, incarnation de “cette France [...] crypto-frontiste, ultra-individualiste, nourrie à la pensée magique, qui nous raconte tout à l’envers, les travailleurs les plus protégés étant toujours présentés comme les grandes victimes du système” (29/11). Jean-Michel Aphatie se fâche lui aussi tout rouge face aux coupures d’électricité de la CGT : “Le droit de grève est constitutionnel. Les coupures d’électricité, pas encore” (18/12) Et il n’en démord pas : “En coupant l’électricité, les grévistes de la CGT kidnappent l’électricité qui ne leur appartient pas. Indéfendable” (19/12) 

La magie des canaux démultipliés permettant aux mêmes éditorialistes de se retrouver sur différents plateaux d’une heure sur l’autre, Jean-Michel Aphatie délivre la bonne parole capitaliste sur LCI le matin, puis sur France 5 le soir : “[Il n’est] pas légitime qu’un salarié dégrade l’outil de travail”. Et il n’est pas le seul. Haro sur les coupables d’un “cirque à durée indéterminée”» (Nicolas Beytout, 5/12) ! Haro sur les “surenchères de Sud Rail” et “l’ultimatum de la CGT [...] insupportable, odieux même” (Dominique de Montvalon, 16/12) ! Haro sur les récalcitrants : “Mais rien a priori, Philippe Martinez ne veut rien entendre. Rien ne peut lui faire entendre raison [...], rien ne trouve raison à ses oreilles. [...] Il y a des choses qui ont été proposées par le gouvernement [...], des garanties qui ont été apportées par le gouvernement, mais rien, nada, il ne veut rien entendre” (Nathalie Lévy, Europe 1, 9/12). Haro sur les manifestants qui bloquent des dépôts, ce qui “pose la question de savoir si la grève est librement consentie à la SNCF, à la RATP et dans d’autres entreprises publiques” (Patrick Cohen, 9/12). Haro, enfin, sur tous les archaïques qui, “en France, [ont] désormais ancrée cette peur de la réforme quelle qu’elle soit !” (Henri Vernet du Parisien sur France Info, 9/12).

> Chacune et chacun d’entre nous ont remarqué de semblables propos et pourraient allonger la liste….
On voit que le droit d’informer et le droit à être informé, ont été malmenés une fois de plus, et que l’information a été une fois encore confisquée par une caste de médiacrates et de communicants au service de la politique gouvernementale. Et ce n’est pas fini. Alors, comme Acrimed, ouvrons les yeux et les oreilles….


> Le site d’Acrimed (Action Critique Médias). >>> Lien.

https://www.acrimed.org/Violences-mediatiques-en-continu-contre-les


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